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Soraya Currimjee: Du business-divertissement au business pur et dur

11 décembre 2016, 14:30

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Soraya Currimjee: Du business-divertissement au business pur et dur

Le salon de la belle maison qu’elle occupe à Floréal diffère du reste de la pièce, voire de la maison. Un quart de cet espace est recouvert de tapis de jeux sur lesquels trônent des peluches et une multitude de jouets d’éveil. C’est clair qu’il s’agit du «royaume» d’un enfant, en l’occurrence de Zian, 17 mois. Voilà qui diffère de l’univers auquel nous avait habitué Soraya Currimjee.

En effet, cette esthéticienne, formée aux dernières techniques de l’esthétique en Grande-Bretagne, a longtemps évolué dans un monde glamour. L’aventure a commencé en 1989 avec des instituts de beauté nommés Haseena, qu’elle a essaimés dans plusieurs régions du pays.

Comme il n’y a qu’un pas entre l’esthétique et la mode, elle l’a franchi en embrayant avec le Haseena Model & Entertainment Agency, agence de mannequins professionnels comme il n’en existait pas à l’époque sur l’île. Elle a organisé des défilés de mode dans presque tous les hôtels. Aux défilés, elle a vite ajouté des spectacles de divertissement intitulés Cocktail de segas, L’exotisme de l’Île Maurice ou encore Paillette et Glamour, fondant dans la foulée une société d’événementiel baptisée Fantazia Events Ltd. «On créait des défilés-spectacles à thème. Ils étaient très appréciés. À un moment, on était arrivé à en faire 80 par mois et c’était souvent quatre par soirée.»

Quatre ans plus tard, son rayonnement dépasse les frontières du pays. Cela commence par une soirée défilé-spectacle à Mumbai en Inde. Le concept plaît. Soraya Currimjee noue des contacts sur place et décroche des contrats de spectacles pour l’hôtel Royal Meridien à Mumbai et pour le groupe Taj à Mumbai, Hyderabad, Chennai, Delhi, Cochin et même au Sri Lanka.

Les photos de son spectacle font la une du Bombay Times, du Mumbai News et du Deccan Chronicle. «Pendant un an, on avait un spectacle tous les mois en Inde et j’emmenais toute l’équipe locale ou internationale avec moi. Ce n’était pas de tout repos mais c’était passionnant.»

En janvier 2006, ses affaires prennent un coup d’accélérateur. Et au gré des contacts tissés en Inde, elle décroche le contrat d’animation pour les Filmfare Awards indiens pendant trois années consécutives. La première année, elle est mise dans le secret des dieux et sait quel film va l’emporter. De ce fait, les danseuses françaises qu’elle recrute apprennent la chorégraphie de la bande-annonce du film qui l’emporte pour qu’elles les exécutent lors de la soirée, de même que des numéros de French cancan.

Elle s’adjoint aussi les services de quatre danseurs britanniques et d’acrobates sud-africains. La soirée connaît un succès fou. Elle y côtoie des vedettes de Bollywood comme Shah Rukh Khan, Hrithik Roshan, Amitabh et Abhishek Bachchan, Fardeen Khan, Dilip Kumar, Preity Zinta pour ne citer que celles-là. Les deux années suivantes, ce sont les acrobates qu’elle a proposés qui sont retenus pour l’animation.

Son agence de mannequins cartonne à Maurice comme à l’étranger. C’est ainsi que ses «filles» défilent pour de grands couturiers, des parfumeurs et des marques de luxe comme Lolita Lempicka, Roberto Cavalli, Cartier, Dunhill, Mont Blanc, entre autres. Elles prêtent aussi leur plastique pour des publicités et des séances de shoot dans de prestigieux magazines comme Marie-Claire, Paris Match, Vogue, Elle, New Look, Oui, le magazine polonais Zweiercircadlo, l’italien Bellazza Ragazza, pour ne citer que ceux-là.

En 2014, elle change le Haseena Model Agency en HSN Model Management. Et l’aventure continue de plus belle. Un de ses mannequins, Emily Moutou, fait la couverture du magazine Elle en Roumanie, alors que son autre mannequin, Lauriana Babylone, se classe parmi les 12 finalistes d’un concours à Milan et obtient un contrat dans une agence milanaise pour 2017.

 

«Maintenant que j’ai un vrai bébé, je veux lui donner toute mon attention…»

 

Certains de ses mannequins ont été retenus pour des défilés internationaux qui ont été filmés par des chaînes de télévision en Allemagne, en Espagne, en France. Les photographes avec lesquels elle a travaillés sont Daniel Lorrieux, Denzil, Philip Matys, Xavi Lano, Mauricio Marcato, Elisabetta de Strobet, Bamba Sourang, entre autres.

Soraya Currimjee vient également de signer des contrats d’exclusivité avec plusieurs agences de mannequins internationaux tels que Mademoiselle, Exclusive Management, The One Models et New Model Today. «Ces agences vont représenter les mannequins de HSN. Si des mannequins souhaitent faire du mannequinat à l’international, on peut les proposer à des agences, les guider et les aider à franchir le cap. Par contre, les critères sont très stricts. Par exemple, en France, le tour de hanche ne doit pas dépasser 89 cm, en Italie c’est 92 cm.»

Soraya Currimjee fournit aussi des hôtesses pour les cocktails et d’autres événements. Elle a aussi trouvé des figurants et des comédiens locaux pour des films indiens tournés à Maurice, tels que Hum Shakals, Shaukeen, Titli, Ek Vilain, Ishq Kwala Luv. Cette année, elle en a aligné d’autres pour les films Raabta et Sargi.

Un de ses mannequins a tourné en Grèce dans la série télévisée grecque Last Paradise. «Si je devais faire le compte, je dirai qu’en 27 ans, j’ai dû faire plus de 10 000 défilés de mode et plus de 1 000 publicités à Maurice comme à l’étranger. On doit avoir plus de 10 000 costumes de scène. J’ai beaucoup investi dans le business-divertissement qui était ma passion.»

Partisane de l’adage qui dit que «pour vivre heureux, vivons cachés», elle n’en a pas souvent fait état publiquement. «C’est triste à dire mais en parler publiquement attise les jalousies et les méchancetés. Donc, autant travailler de façon professionnelle sans faire grand bruit», réplique-t-elle.

Un de ses bons amis français, le chef Gérard Amat, qui fait de la cuisine gastronomique en France et à La Réunion, décide de venir s’installer à Maurice. Elle et son époux entrent en affaires avec lui au sein de la compagnie Somogégé Ltée et c’est ainsi que le restaurant Le Comptoir du Marché voit le jour à Curepipe. Ils en ont ouvert un autre, Visite Privée, depuis peu à Grand Baie. «Gérard a une âme d’artiste, il crée des plats. C’est un passionné. Et ses plats comme ses desserts sont succulents. Nous sommes parmi les rares restaurants à Maurice à être ouverts sept jours sur sept et de 8 à 23 heures.»

Elle est moins vocale à propos de l’homme de sa vie, l’assureur Mohammud Maleck, qui a un pied à Maurice et un autre à La Réunion. Ils sont les heureux parents du petit Zian. Depuis qu’elle est épouse et mère, ses passions et priorités ont changé. Si bien qu’elle préfère voyager en famille et prendre le temps de voir son fils grandir. C’est ce qui l’a d’ailleurs poussée à lever le pied de l’accélérateur. Elle a confié la gestion de HSN Model Management à Nadjma Khodabux et celle de Fantazia Events Ltd à Moussa Rawat.

Bien qu’elle soit déjà familière aux finances puisqu’elle est la seule femme à siéger au conseil d’administration du groupe Currimjee Jeewanjee, sa vie a pris une dimension de business pur et dur lorsque son mari et elle ont mis sur pied une société de fusions-acquisitions. Ils se chargent de trouver des investisseurs, surtout en Chine, dans les Émirats arabes unis, en Russie et en Inde pour la reprise de sociétés partout dans le monde. «Nous avons aussi une société d’assurances à La Réunion.»

Ne regrette-t-elle pas d’avoir passé la main par rapport à ses compagnies de business-divertissement ? «Un petit peu car c’était mon bébé. Mais maintenant que j’ai un vrai bébé, je veux lui donner toute mon attention…»