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Centre Nelson Mandela: la difficile reconnaissance de notre part africaine
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Centre Nelson Mandela: la difficile reconnaissance de notre part africaine
Du haut de la Tour Koenig, le centre Nelson Mandela pour la culture africaine garde l’entrée sud de la capitale. Mais qu’est-ce qui est sorti de ce centre ? Une institution secouée par de nombreuses polémiques au fil de ses 30 ans d’existence. C’est samedi 10 décembre qu’a eu lieu un spectacle culturel marquant les décennies d’existence du plus ancien centre culturel de Maurice.
Sylvio Michel des Verts Fraternels figure parmi les insatisfaits du bilan du centre. Sans détour il assène : «Ce centre aurait dû servir à la promotion de la culture. En plus, il porte un grand nom. Mais c’est un outil entre les mains d’hommes politiques. Chacun a érigé des obstacles pourempêcher que cela devienne un centre culturel.»
En 2014, les Verts Fraternels avaient réclamé que plusieurs de leurs membres siègent au conseil d’administration du centre culturel. Sylvio Michel avait affirmé que le Premier ministre d’alors, Navin Ramgoolam, leur avait promis ces nominations. Cette démarche avait débouché sur une grève de la faim de plus de 20 jours au Jardin de la Compagnie. «Nous sommes allés en Cour suprême, nous avons perdu l’affaire. Nous avons décidé de laisser tomber.» Non sans déplorer que ce centreest un «véritable gâchis. Ils ont démarré tellement de projets, mais cela n’a servi à rien. Il n’y a pas de bilan. Ce n’est pas comme à l’époque de Jean-Georges Prosper. Lui avait une vision.»
Le poète Jean-Georges Prosper – auteur de l’hymne national – a été le premier directeur du centre Nelson Mandela. Le centre voit le jour durant le mandat ministériel d’Armoogum Parsuramen. Sollicité pour un commentaire, Jean-Georges Prosper déclare seulement : «J’ai longtemps été loin de Maurice et du centre. J’ai choisi le nom de Nelson Mandela». L’express du 29 janvier 1986 signale la création d’un centre d’études et de recherches africaines au Mahatma Gandhi Institute avec Jean-Georges Prosper à sa tête. L’annonce de la création de ce centre a lieu lors des célébrations du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Sa vocation est de s’occuper de l’héritage africain.
Au centre, on souligne que «les gens ne savent peut-être pas que nous sommes aussi une maison d’édition». Parmi les publications : Le marronnage à l’isle de France d’Amédée Nagapen, sorti en 1999. Un ouvrage plusieurs fois primé et reconnu pour sa rigueur scientifique. À la Tour Koenig, on se souvient aussi que c’est le centre qui organisait les commémorations de l’abolition de l’esclavage à Pointe-Canon avant que les cérémonies ne migrent pour Le Morne et son Trust Fund.
Que d’eau sous les ponts jusqu’au mandat de deux ans de Jimmy Harmon, au poste de directeur du centre Nelson Mandela Fonction qu’il a quittée en octobre, à la fin de son contrat. Dans un rapport, Jimmy Harmon détaille les actions «innovantes» d u centre entre octobre 2014 et 2016. Parmi celles-là figurent les deux premières journées de la culture rodriguaise. Ainsi qu’une Agalega Day. Dans le domaine de la recherche, un Mandela Corner pour des études africaines et créoles a vu le jour. Le centre est aussi partie prenante de la SSR Chair of African Studies de l’université de Maurice. La rue menant au centre culturel, à La Tour Koenig porte le nom de l’illustre premier président noir d’Afrique du Sud depuis juin dernier.
Pour Jimmy Harmon, la prochaine étape de développement du centre serait de le transformer en institut. «Il a surtout contribué à rendre visible la culture africaine dans un contexte de préjugés anti-africains.»
Sollicité pour une réaction, Philippe Fanchette, ancien président du conseil d’administration nous a fait savoir qu’il est en déplacement à l’étranger. Danielle Turner, ancienne directrice du centre est restée injoignable.
Tribulations autour d’une adresse
Que de polémiques avant que le centre Nelson Mandela pour la culture africaine ne s’installe à la Tour Koenig. En 1986, c’est à l’École de la Montagne, à Bell-Village que le centre démarre. Lieu vite jugé inapproprié. Le centre passera de nombreuses années au Fon Sing Building, à la rue Edith Cavell, à Port-Louis. En 2001, les autorités veulent convertir la poste centrale – alors dans un piteux état – en locaux pour le centre Nelson Mandela. Ce n’est qu’après quatre ans que le projet est lancé. Officiellement, il s’agit d’établir un parcours historique et culturel, partant de l’Aapravasi Ghat, en passant par la poste convertie en centre culturel jusqu’à la Place d’Armes et le Jardin de la Compagnie. Le projet de la poste centrale déclenche une vague de protestations. Il est abandonné suite au changement de gouvernement en 2005. Les locaux à La Tour Koenig sont inaugurés en février 2011. La première pierre de l’édifice avait été posée par Nelson Mandela, lors de sa visite à Maurice en 1998
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