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Toxicomanie: le traitement à la Suboxone plus cher que celui à la méthadone

13 décembre 2016, 21:34

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Toxicomanie: le traitement à la Suboxone plus cher que celui à la méthadone

Trouver une alternative durable au traitement à la méthadone, en passant à la Suboxone et à la Naltrexon. Tel était l’objectif, en janvier 2016, du ministère de la Santé, pour aider les patients qui veulent décrocher de leur dépendance aux drogues. Presqu’un an après la mise en place de ce nouveau traitement, c’est Rs 1,8 million qui ont été dépensées pour 225 toxicomanes traités. Soit Rs 8 000 par personne. Alors que pour 4 000 toxicomanes déjà sous méthadone, cela ne coûte que Rs 9 millions (chiffres de 2014-2015) par an. Soit Rs 2 250 par patient. Lundi dernier, le ministre de la Santé a annoncé qu’il a pour but d’étendre le traitement à la Suboxone. Cette option plus coûteuse vaut-elle vraiment le coup ?

Sollicitée, une source au sein du ministère de la Santé explique que le traitement à la Suboxone et à la Naltrexon ne dure que 12 jours (voir plus loin), le toxicomane pouvant être complètement sevré après. Le traitement à la méthadone est par contre un traitement de maintenance et pas de substitution. Cela veut dire qu’un toxicomane pourrait prendre de la méthadone à vie.

Taux de réussite contesté

Le ministère avance cependant un taux de réussite de 60 % pour le traitement à la Suboxone (voir plus loin). Soit 135 sur les 225 toxicomanes traités qui n’auraient pas rechuté. Toutefois, ce chiffre a été contesté par plusieurs parties prenantes. Le Dr Taroonsingh Ramkoosalsing, anciennement à la tête du Brown Séquard Hospital, a fait un appel devant la Commission d’enquête sur la drogue pour qu’une étude indépendante soit faite pour connaître le vrai taux de réussite de ce traitement.

Les centres de réhabilitation officiellement enregistrés, qui réfèrent les toxicomanes traités à la Suboxone, abondent dans le même sens. «Le taux de réussite n’est pas de 60 %», affirme Brigitte Michel, de l’association Aide, infos, liberté, espoir et solidarité (AILES). Ce centre avance un taux de sevrage de 23 %. Ajoutant que la plupart des toxicomanes référés pour ce traitement n’ont pas été retenus ou ont rechuté.

Sur les quatre autres centres autorisés à référer des toxicomanes, deux avancent des taux de réussite de 39 % et de 15 % respectivement. Les deux autres n’ont pas souhaité avancer de chiffres.

Que se passe-t-il pour les toxicomanes qui rechutent ? «Nous n’acceptons plus de patients sous méthadone. Ils reviennent, donc, sur un traitement à la Naltrexon», explique Ram Nowzadick membre de la Nursing Officers Association et siégeant sur le board de la Harm Reduction Unit, qui s’occupe du traitement des toxicomanes.

Pour 2015-2016, l’État dépense Rs 7 millions sur le traitement à la méthadone pour les quelque 4 000 toxicomanes qui étaient déjà inscrits sur ce programme de sevrage, avant sa clôture.

Critères de sélection

<p>Outre la contestation de son taux de réussite, les ONG déplorent aussi les critères d&rsquo;admission au traitement à la Suboxone/Naltrexon. Brigitte Michel, de l&rsquo;association AILES, explique que sur les 50 candidatures envoyées, seuls 13 toxicomanes ont été retenus pour un traitement. Quels sont ces critères ?</p>

<p>Il nous revient que le seul critère est la motivation. Cependant, cela est contesté par les parties prenantes. Car, comment mesure-t-on cette motivation, se demandent-ils ? <em>&laquo;De plus, comme le traitement à la méthadone est désormais fermé, les 6 000 toxicomanes qui n&rsquo;y sont pas déjà inscrits et qui ne peuvent pas accéder au traitement à la Suboxone sont laissés-pour-compte.&raquo;</em></p>

<p>En effet, ce ne sont qu&rsquo;environ 24 patients par mois qui y sont admis. À noter que cela coûterait Rs 48 millions pour mettre ces 6 000 toxicomanes sur le programme de Suboxone. Par contre, ce chiffre descendrait à Rs 13,5 millions pour la méthadone.</p>

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Anil Gayan, ministre de la Santé et de la qualité de la vie: «Je maintiens les 60 % de réussite pour la Suboxone»



 

Le Dr Taroonsingh Ramkoosalsing a contesté le chiffre de 60 % de réussite du traitement à la Suboxone avancé par votre ministère. Qu’en faites-vous ?

Le Dr Ramkoosalsing ne fait plus partie du secteur public. Comment peut-il connaître les chiffres ? Les chiffres qu’avance le ministère sont accessibles à la presse. Vous pouvez les consulter vous-mêmes. Tout ce que je fais est evidence-based.

Vous maintenez, donc, les 60 % de réussite ?

Bien sûr. Les registres sont là, vous pouvez les vérifier vous-même. Il y a la plus grande transparence.

Les ONG déplorent que le traitement ne marche pas parce qu’un toxicomane doit avoir un

foie en bon état pour être traité à la Suboxone-Naltrexon. Or, beaucoup sont atteints d’hépatite. Que fait-on dans ces cas-là ?

Certains toxicomanes peuvent toujours être référés au traitement à la méthadone. Cela doit être dans des cas bien particuliers mais cela peut se faire.