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David Anderson: «L’industrie touristique doit s’assurer que ses activités soient viables sur le long terme»
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David Anderson: «L’industrie touristique doit s’assurer que ses activités soient viables sur le long terme»
David J. Anderson s’est joint à Sun Ltd en tant que Chief Executive Officer en février 2016. Il fait un tour d’horizon de l’industrie du tourisme à l’échelon mondial. Mettant en exergue les atouts de l’industrie locale, il fait un plaidoyer en faveur de la diversification des activités de ce secteur.
2016 tire à sa fin. Quels ont été les faits saillants de cette année et quel sera leur éventuel impact sur 2017 ?
Selon le baromètre de l’Office mondial du Tourisme, la croissance du secteur enregistrera une hausse de 4 % à la fin de 2016. Le Conseil mondial du tourisme et du voyage a fixé à 3 % le taux de croissance de l’industrie du tourisme. Cette hausse est surtout générée par les marchés asiatiques. Une indication que l’industrie du tourisme est capable de faire de la résistance aux effets collatéraux de certains événements. En dépit de l’éclatement potentiel de certains événements susceptibles de paralyser les activités de l’industrie du tourisme, les gens vont continuer à voyager.
Aucune trace de Maurice dans les résultats de l’édition de 2016 du World Travel Award pour le segment «lune de miel». Cela vous surprend-il ?
Le nombre de déplacements de touristes en vue de célébrer leur lune de miel a bien augmenté dans le secteur touristique des Seychelles. Chez Sun, ce chiffre est stable, avec environ 20 % de notre clientèle séjournant en lune de miel. Cependant, si en 2017 ou en 2018 Maurice ne fait pas le plein dans le segment lune de miel, je serai alors surpris. Ce segment fait partie intégrante des activités de l’industrie globale du tourisme.
Maurice s’est taillé une réputation de destination d’excellence pour les couples en lune de miel. La compétition incite les opérateurs de l’industrie à se dépasser. Quelle que soit la place qu’occupe Maurice, le pays se doit de viser toujours plus haut pour reprendre sa place de numéro un.
Quelle est la pertinence de la bonne gouvernance pour les établissements hôteliers ?
L’application de la bonne gouvernance devrait s’articuler autour de la nécessité de préserver, sur le long terme, les acquis de Maurice en tant que destination touristique. Le tourisme est un élément fondamental d’une stratégie qui vise à assurer la réussite tant économique qu’historique de Maurice. Pour atteindre un tel objectif, quatre éléments s’imposent. Il nous faut d’abord nous assurer que nos activités sont viables sur le long terme. Ensuite, la profitabilité doit être une de nos priorités. Troisièmement, l’authenticité des cultures des communautés au sein desquelles nous opérons doit être préservée. Enfin, le respect des codes de la bonne gouvernance devrait inciter les établissements hôteliers à tout mettre en oeuvre pour préserver les ressources naturelles.
L’établissement, par la Bourse de Maurice, de l’indice SEMSI portant sur la viabilité des activités constitue-t-il une contrainte pour Sun Ltd qui est coté en Bourse ?
Loin de là. L’indice SEMSI ne devrait pas intéresser que les analystes et les investisseurs potentiels dans les valeurs des sociétés cotées en Bourse. D’ailleurs, cela fait partie du cahier des charges des plus grands tour-opérateurs vu que c’est le client final qui le réclame.
Concrètement, quelles sont les mesures prises par Sun Ltd pour être en harmonie avec les obligations de l’indice SEMSI ?
Il y a un an, Sun Ltd a signé un protocole d’action écologique appelé «Earth Check». L’objectif consiste à vérifier, sur une base annuelle, les progrès réalisés sur le plan de la consommation à tous les niveaux de nos opérations. Des points sont attribués pour toute initiative de contrôle de la consommation. Toutes nos équipes ont été sensibilisées par rapport aux objectifs du protocole.
Il y a ensuite eu le recours à des programmes pour le contrôle de 10 % des déchets que les établissements hôteliers produisent à l’échelon national. Le contrôle de nos déchets occupe une place importante sur la liste des éléments qui sont pris en compte dans le cadre de l’évaluation des performances. La réduction de la consommation et de la production des déchets fait partie intégrante des responsabilités des gestionnaires de nos hôtels.
Sun Ltd a mis en place un Sun Children Cancer Fund avec pour objectif de venir en aide aux enfants souffrant du cancer. Nous organiserons des levées de fonds. La dernière plus grosse contribution à laquelle nous avons eu droit concerne les Rs 300 000 que la vedette bollywoodienne A. R. Rahman nous a faite. Il résidait à La Pirogue durant son récent séjour à Maurice.
Souvent associée au lowcost, Airbnb, une plateforme de location et de réservation de logements, représente-t- elle une menace pour les établissements hôteliers ?
Les visiteurs actuels sont en quête de nombreuses expériences lors de leur séjour. Airbnb a sa place dans l’industrie du tourisme. La croissance que ce segment a enregistrée depuis ces cinq dernières années en est la preuve. C’est un autre type de séjour à l’étranger.
Les hôteliers offrent un produit tout à fait différent. Nous sommes reconnus à travers le monde en raison de la qualité de nos services. Nous disposons de plages d’une qualité incroyable. Ce sont des facilités que les opérateurs d’Airbnb ne pourront pas toujours offrir.
Les hôteliers ne doivent pas craindre la filière Airbnb. Bien au contraire, leur proximité devrait nous inciter à améliorer constamment nos services et à chercher les moyens qui devront nous permettre de progresser davantage.
«La proximité d’Airbnb devrait nous inciter à améliorer constamment nos services.»
La récente ouverture de l’espace aérien du pays a-t-elle eu les effets escomptés sur le taux d’occupation des chambres d’hôtels ?
Il y a plusieurs catégories d’hôtels à Maurice. Il faut s’assurer que la stratégie tarifaire est cohérente avec la demande, qu’elle émane d’une clientèle qui voyage en jet privé ou de transporteurs aériens qui pratiquent des prix réduits. Cette distinction doit être faite. Le client qui voyage par jet privé ne devrait pas loger dans le même hôtel que celui qui voyage à bord des courriers low-cost.
Plus le nombre de visiteurs s’accroît, mieux ce sera pour Maurice. En tant qu’un des leaders de l’industrie du tourisme local, nous avons introduit une stratégie dont le principal moteur de croissance est déterminé par les prix. Notre objectif consiste à faire la démonstration que nous sommes en mesure de satisfaire et de répondre aux aspirations de notre clientèle et de leur offrir la possibilité de réaliser les expériences les plus créatrices possibles. C’est un objectif qui ne sera possible que si on se décide à adopter une stratégie basée sur les prix.
Au sein du groupe Sun Ltd, nous en avons fait notre cheval de bataille. En 2016, nous avons revu notre politique tarifaire pour repositionner nos hôtels dans leurs bons «Compétitive Sets», ce qui a engendré une hausse de nos tarifs de 30 à 48 %.
De plus en plus, des propriétaires d’hôtels choisissent de vendre leurs actifs pour se concentrer sur les contrats de gestion. Où la ligne de démarcation devraitelle s’établir ?
Il y a deux ans, sous ma direction, Sun Ltd a adopté une formule qui combine les deux options en séparant l’immobilier de la gestion. Différents pôles d’activités ont été créés. Ils ont été dotés des expertises requises. En tant que propriétaires d’hôtels de grand luxe situés dans des locations de choix, tels le Four Seasons Mauritius à Anahita ou le Shangri-La’s Le Touessrok Resort & Spa, nous avons pris la décision de travailler avec les meilleures enseignes du monde de l’hôtellerie internationale.
D’un côté, nous agissons comme gestionnaires et de l’autre comme les représentants des propriétaires. La même formule de différenciation a été introduite dans quatre de nos principaux hôtels. Depuis deux ans, le groupe a injecté pas moins de Rs 6,1 milliards tant dans l’acquisition que dans la rénovation des infrastructures de nos hôtels. Avec cet investissement, Sun démontre qu’il est un «good owner».
Dans un monde en perpétuelle mutation, quels sont les principaux facteurs dont l’industrie ne devrait pas perdre de vue si elle veut maintenir le niveau de compétitivité acquis ?
La nécessité de préserver la réputation mondiale que Maurice s’est acquis comme une destination d’hospitalité par excellence et le développement d’autres segments sont deux éléments clés. Il est indispensable que la jeune génération assure la continuité de l’héritage laissé par les pionniers de l’industrie ces quarante dernières années.
Le développement de nouveaux segments est vital pour l’industrie. Au sein du groupe Sun Ltd, nous avons fait une de nos priorités du développement d’une filière associée au tourisme MICE qui privilégie entre autres l’événementiel, l’organisation de conférences, de compétitions, de séminaires ou de voyages d’agrément.
La présence, sur la liste de nos actifs, de deux parcours de golf à l’île-aux-cerfs et à Anahita a créé les conditions idéales pour que nous ayons pour ambition d’être le leader dans le domaine de l’organisation du golf dans cette région du monde.
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