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Louis Ange Perrine: «Rodrigues court vers un grave problème d’érosion»
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Louis Ange Perrine: «Rodrigues court vers un grave problème d’érosion»
Vous avez sollicité un entretien. Pour quelle raison ?
Je suis inquiet. Le gouvernement régional a accordé un contrat pour l’épierrage sur lequel je tiens à attirer l’attention. Si c’est mal fait, Rodrigues court vers un grave problème d’érosion.
«La topographie de Rodrigues est particulière à cause des pentes abruptes surplombant la mer»
Pourquoi pensez-vous que ce sera mal fait ?
Je fais rapidement un petit historique de l’agriculture à Rodrigues. Avant l’indépendance de Maurice, il y avait un certain Hotchin qui a travaillé sur le terrassement dans l’île.
Par la suite, il y a eu Robberecht qui avait aménagé les vallées. Dans les années 70, il y avait un agronome, Jack Brown, qui a relancé l’agriculture. C’étaient tous des experts car la topographie de Rodrigues est particulière à cause des pentes abruptes surplombant la mer.
Quand j’étais commissaire, le gouvernement régional avait préparé un plan avec l’ex-MSIRI pour établir une nouvelle stratégie afin de relancer l’agriculture. Les terrains sous exploitation agricole étaient passés de 180 à 400 hectares.
Bien sûr, il y a eu une campagne d’épierrage avec l’aide de l’ex-MSIRI. Cependant, j’ai appris d’une source que les travaux se feront sans la supervision de cet organisme (devenu maintenant Mauritius Cane Industry Authority).
«L’élevage vient de prendre un sacré coup avec la fièvre aphteuse. J’ai très peur que cette fois-ci, ce soit l’agriculture qui sera affectée»
Pour quelle raison faut-il compter sur la Mauritius Cane Industry Authority ?
Quand j’étais commissaire, nous planifions d’épierrer 17 sites avec des équipements précis et en utilisant des techniques modernes pour garder la fertilité de la terre et pour ne pas provoquer l’érosion.
Cependant, l’entrepreneur qui vient de décrocher le contrat de Rs 12 millions aura 60 jours pour faire les travaux. Donc, il doit travailler très vite, avec des machines qui n’étaient pas recommandées dans le rapport de l’ex-MSIRI.
L’élevage vient de prendre un sacré coup avec la fièvre aphteuse. J’ai très peur que cette fois-ci, ce soit l’agriculture qui sera affectée. Je me demande si cette précipitation n’est pas une astuce pour avoir des voix lors des prochaines élections car le gouvernement nettoiera les terrains des planteurs sans aucune étude.
«Le nouveau gouvernement a mis le plan au placard. Il vient de dépenser Rs 70 millions pour rénover des centres communautaires. Je ne dis pas que ce n’était pas bien, mais il y a d’autres priorités»
Vous craignez vraiment pour Rodrigues ou c’est pour un come-back politique ?
Je connais l’agriculture rodriguaise très bien. Comme j’ai dit, le gouvernement a mal géré le problème de la fièvre aphteuse. Je crains que si les travaux d’épierrage sont mal faits, Rodrigues perde ses terres fertiles.
Vous serez candidat aux prochaines élections ?
Il n’y a aucune vision pour le développement de Rodrigues depuis 2012. Il y avait bien Daniel Spéville, alors à l’Organisation du peuple de Rodrigues, qui avait initié un plan de développement intégré en 2002.
Johnson Roussety a continué de l’appliquer, mais le nouveau gouvernement a mis le plan au placard. Il vient de dépenser Rs 70 millions pour rénover des centres communautaires. Je ne dis pas que ce n’était pas bien, mais il y a d’autres priorités.
Il faut qu’on arrête de courir vers le gouvernement central à chaque petit souci. Il nous faut une bonne réforme et une autonomie pour prendre des décisions quand il s’agit des finances…
Vous ne répondez pas à ma question.
J’ai eu beaucoup de sollicitations pour que je sois candidat aux prochaines élections. Je n’ai pris aucune décision. C’est très encourageant par contre. Je ferai une déclaration publique si je suis candidat.
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