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Satish Boolell: la justice au scalpel
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Satish Boolell: la justice au scalpel
On savait que Satish Boolell n’avait pas froid aux yeux. Car comment être médecin légiste pendant plus de 30 ans, si on est frileux Mais ce n’est pas que dans le cadre impersonnel de la morgue qu’il joue du scalpel. Son outil, il ne l’a pas rangé, malgré la retraite. Mieux, il s’en est fait une plume. Acerbe, tranchant dans le vif. D’aucuns diraient «kas dan ta».
Forensics in Paradise A Mauritius Odyssey de Satish Boolell, c’est tout sauf un livre de souvenirs d’un médecin légiste, atteint de nostalgie. L’auteur a des opinions et une personnalité marquées qu’il n’entend pas masquer derrière un masque chirurgical.
Son récit en devient une autopsie de la société mauricienne, que l’auteur appelle, avec toute l’ironie dont il est capable, «paradise». Il fouille, au propre comme au figuré, tous les orifices en quête du moindre indice. Flair, expérience, intuition et standards scientifiques, tout y est, avec l’humour mordant en plus. On entend presque ses «strong expletives» quand il insulte la parentèle d’un policier maladroit, qui sur une scène de crime, lui propose d’ouvrir un cadavre avec une vieille boîte de sardines, qui traîne par là.
Il nous fend le coeur en réveillant le spectre de la petite Anita Jolita, joli bébé de deux ans, agressée sexuellement et retrouvée morte dans un sac en plastique. Il soutient mordicus sa thèse du décès avant que les amants ne soient plongés dans l’eau dans le cas de Bassin Blanc. Et ne nous épargne rien du «stench», des «maggots» et des «larvae» essentiels pour estimer l’heure de la mort.
Coup de grâce
Mais là où il frappe vraiment fort, c’est au chapitre intitulé Doctor in the box. Après avoir pris toutes les precautions d’usage: «I have always believed that criticism of high court judges is tantamount to contempt of court and should therefore constitute an offence of major importance punishable by law», il sonne la charge.
À commencer par l’âge de la retraite du chef juge et des autres juges, qui est de 67 ans. Alors que celui des jurés est fixé à 65 ans. «Having had the doubtful privilege of autopsying top professionals and paupers alike, I am pleased to report that there is not much anatomical difference between their brains at that age.» Satish Boolell égratigne au passage les «usher (who) tend to show too much familiarity towards the witnesses and this behavior is unfortunately tolerated by the magistrates». Il passe sur les noms de famille, qui sont estropiés par ces préposés. N’oublie pas l’une de leurs manies: «They continue yelling the word ‘silence’ at regular clockwork intervals whether people are in court or not! Or for that matter, whether people are talking or not.»
Avant d’aborder un sujet qui lui tient vraiment à coeur: les Rs 150 par jour payées à un expert pour qu’il se présente en cour. «I for one have always believed that if you pay peanuts, you get monkeys and I am only too willing to behave like a macaque sometimes!» Plus loin, il rajoute: «I firmly believe that I do justice a favour by still turning up for a mere pittance of a fee.» Avant de donner le coup de grâce: «Many police experts still attend to their cases years after they have retired. In effect, they are subsidizing justice for their pension money.»
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