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Pauvreté: l’argent au lieu du matériel scolaire ne fait pas l’unanimité
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Pauvreté: l’argent au lieu du matériel scolaire ne fait pas l’unanimité
La décision du ministère de l’Intégration sociale de remplacer la distribution de fournitures scolaires aux enfants démunis par un cash grant ne fait pas l’unanimité. Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG), à l’instar de CARITAS ou encore de Make a Wish Foundation, se disent en désaccord avec cette démarche.
L’allocation sera de Rs 1 500 pour les élèves du préscolaire et de Rs 2 000 pour ceux du primaire et du secondaire. Des responsables d’ONG avouent leur scepticisme devant la liberté laissée aux parents concernant l’utilisation du don en argent. «Bann paran-la pou servi sa pou diverti ou pou asté manzé. Ce sont les élèves qui en pâtiront», soutient Samad Lalloo, travailleur social d’Eau-Coulée.
C’est aussi ce que soutient Patricia Félicité de CARITAS. «Est-ce que cet argent sera utilisé pour l’achat de matériel pour les enfants ? Nous, les ONG, nous connaissons ces familles. Nous connaissons leurs besoins. Beaucoup d’entre elles sont brisées. Les parents n’ont pas les mêmes priorités. Si la maman voudra utiliser l’argent pour le matériel scolaire, le papa, lui, voudra autre chose», estime-t-elle.
Des travailleurs sociaux affirment que certaines familles utiliseront l’argent pour s’acheter de la drogue ou de l’alcool. «Beaucoup de ces familles sont à problèmes. L’argent qui leur est donné risque de ne pas être utilisé à bon escient», explique Samad Lalloo
Pour lui, même les familles pauvres les plus responsables ont des priorités. «Si ou bizin swazir ant manzé ek materyel skoler, ou pou asté materyel skoler ?» s’interroge-t-il. Même son de cloche du côté de Make a Wish Foundation. «C’est l’enfant qui en pâtit si le parent ne lui achète pas de matériel scolaire», lance Mahendranath Kumar, un officiel de la fondation.
Les ONG signalent également que beaucoup de familles pauvres n’ont pas de compte en banque. «Depuis le début de ce plan en 2009 et jusqu’en 2013, la National Empowerment Foundation (NEF) donnait le matériel aux ONG et nous allions dans les familles», souligne Patricia Félicité. La porte-parole de CARITAS indique que les familles doivent maintenant se débrouiller toutes seules. «Les parents doivent maintenant aller à la banque ou à la NEF.»
En sus de déplorer l’allocation d’un cash grant, un travailleur social, qui réagit sous le couvert de l’anonymat, estime que l’argent pourrait ne pas suffire. «Avant, les familles étaient sûres d’avoir tout ce dont les enfants avaient besoin. Mais là, est-ce que les Rs 1 500 ou Rs 2 000 suffiront ?» se demande-t-il.
Sollicité par l’express, Pradeep Roopun, le ministre de l’Intégration sociale, fait valoir que la mesure a été introduite pour responsabiliser les familles. «L’empowerment commence par faire confiance aux parents», dit-il. Il est aussi d’avis que les élèves n’ont pas nécessairement besoin de nouveau matériel à chaque rentrée. Il est préférable, selon lui, que les parents aient la liberté de choisir ce qu’ils veulent acheter
De plus, le ministre soutient qu’il ne faut pas stigmatiser les familles dans le besoin. C’est pourquoi son ministère veut de moins en moins les faire venir à la NEF. «Il faut aussi savoir que ce projet a marché à Rodrigues l’année dernière. C’est une culture que nous voulons créer», lâche Pradeep Roopun.
L’État a dépensé Rs 49 millions pour l’achat de matériel scolaire destiné à 24 500 élèves du préscolaire, du primaire et du secondaire l’année dernière.
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