Ibiza ? Miami? Non, l’île-aux-Bénitiers. Depuis quelques années, chaque 3 janvier, ce bout de caillou et son étendue de sable fin se transforment en boîte de nuit, durant la journée. Pour le plus grand bonheur des fêtards qui ne manquerait pour rien cet événement peu médiatisé. Qui organise cette gigantesque faya aquatique? Les permis sont-ils en règle ? Qu’en pensent les villageois? Démystification.

Ceux qui s’y sont rendus s’en souviendront toute l’année. Et pas seulement à cause de la gueule de bois. Chaque année, le 3 janvier, une fiesta comme on en voit peu chez nous se déroule du côté de l’île-aux-Bénitiers. Nom de code : Free Beach & Lagoon Party. Mardi, des centaines de jeunes, surtout, sont allés se défouler au son des baffles. Et si les interrogations sont nombreuses, les organisateurs, eux, affirment que tout est en règle.

«Cette année, nous avons eu la dernière autorisation à 11h57 alors que la fête devait démarrer à midi. C’est pour cela que nous n’avons pas fait trop de pub avant», explique Agathe Desvaux, une des responsables de FourAces, groupe impliqué dans l’événementiel, qui est à l’origine de l’organisation de l’événement.

L’équipe, poursuit-elle, s’assure que tous les permis sont en règle avant le jour de la fête. La police est pré- venue, une ambulance est en stand-by en cas de problème. De toute façon, fait ressortir Agathe Desvaux, les autorités concernées exigent tous les documents nécessaires avant que l’autorisation ne soit délivrée. Et puis, cela fait quatre ans que la «tradition» est perpétuée et aucun incident majeur n’est à déplorer.

Quel est le principe de cette faya qui ne nécessite pas pub pour avoir du succès? C’est tout simple. N’importe qui a le droit de s’y rendre. Chacun apporte sa boisson et sa nourriture. Sur place, des DJ assurent l’animation, les festivaliers dansent, boivent, se font des amis. D’autre part, selon Agathe Desvaux, la fête ne ravit pas uniquement ceux qui y assistent mais également aux habitants des villages côtiers.

Petit tour, donc, du côté de La Gaulette. Si quelques personnes se plaignent de l’embouteillage et du vaet-vient incessant des voitures avant et après le party, d’autres se disent enchantés qu’elle ait lieu. «Dan enn zourné, kapav fer plizier trazé ant isi ek lil. Pa toulézour ki travay marsé koumsa», fait valoir un skipper. Pour lui, cet événement permet à son porte-monnaie de se refaire une santé, en ce mois de janvier difficile.

Et le respect de l’environnement dans tout ça ? L’eau reste propre, assure notre homme. La plage est quant à elle jonchée de déchets, mais c’est un spectacle auquel il assiste tout au long de l’année, puisque l’île est très prisée par les pique-niqueurs. «Dézord-la toulétan éna mem sa.» Agathe Desvaux fait ressortir, à ce propos, que la plage est nettoyée par la suite.

D’autre part, les skippers ne sont pas les seuls à «bénir» la Free Beach & Lagoon Party. La gérante d’une boutique, située à Cotteau Raffin, affirme que celle-ci fait revivre son commerce en cette période morose. «Avan, mo pa ti pé ouver laboutik premié sémenn zanvié. Dépi éna sa fet-la, mo ouver lé 3.» Le montant des recettes? «Asé pou mo sakrifié enn zour konzé.» Nous n’en saurons pas plus.

Mais qui a eu l’idée d’organiser une telle fête au juste ? Un adepte confie qu’au départ, il s’agissait d’une simple rencontre entre quelques amis, qui se rassemblaient pour célébrer le Nouvel An comme il se doit.

Puis, au fil du temps, le bouche-à-oreille aidant, le groupe s’est agrandi, les amis invitants leurs amis et ainsi de suite. «C’est comme ça que cette fête s’est ‘démocratisée’. Aujourd’hui, n’importe qui peut prendre un bateau pour y aller, même sans invitation», souligne le jeune homme. Qui regrette un peu l’ambiance d’antan. «Récemment, il y a eu des bagarres. Des fauteurs de trouble, saouls, empêchent les autres amis de s’amuser, ils ont besoin d’être surveillés. Il faut bien choisir avec qui on y va si on veut passer une journée vraiment sympa.»