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Claude Wong So: «Il y a des problèmes que l’Assemblée régionale ne pourra résoudre seule»

16 janvier 2017, 08:52

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Claude Wong So: «Il y a des problèmes que l’Assemblée régionale ne pourra résoudre seule»

 

Ancien haut responsable de l’Assemblée régionale, Claude Wong So, ex-Island Chief Secretary,  revient sur les élections à Rodrigues et les problèmes qui affectent son île natale.

Que représentent ces élections pour Rodrigues ?

C’est un prolongement de la fierté obtenue en 2002, avec l’avènement de l’autonomie. Les Rodriguais prennent à coeur ces élections. Je suis en ce moment même à Rodrigues, les habitants sont très enthousiastes.

Après 14 ans d’autonomie, qu’est ce qui a changé pour les Rodriguais ?

Beaucoup de choses ont changé. D’abord, l’exécutif rodriguais a eu l’autonomie pour la gestion de l’île et pour prendre certaines décisions. Cependant, certaines choses sont restées les mêmes. Pour les grands axes de développement, qui nécessitent des solutions, il faut l’aide du gouvernement central. Il y a tant à faire dans l’île, comme résoudre le problème d’eau, développer l’aéroport et le port ainsi que la connexion avec le câble à fibre optique.

L’autonomie est une bonne chose, mais il faut vraiment le soutien du gouvernement central pour résoudre les gros problèmes auxquels Rodrigues fait face, car l’Assemblée régionale ne pourra les résoudre seule. Le souci est que le pays est loin de Maurice.

Il semble qu’une des raisons de l’autonomie, c’est de permettre à Rodrigues de travailler malgré l’éloignement. Qu’en est-il ?

Quand on donne l’autonomie et cela, avec les ressources nécessaires, le pays peut s’épanouir. Je suis moi-même Rodriguais, j’ai dû m’expatrier car il y a un problème d’embauche. Beaucoup de jeunes ont préféré partir. Il faut créer des opportunités d’emploi pour les jeunes.

Ingénieur, vous avez travaillé sur plusieurs projets dans l’île. Il y aurait beaucoup de retard en matière d’infrastructures…

Retard, je ne sais pas, mais s’il y en a, il ne faut pas dire que c’est l’Assemblée régionale de Rodrigues (ARR). Le réseau routier est en nette amélioration. Il ne reste pas beaucoup à faire avant que toutes les routes de l’île ne soient achevées.

Concernant l’extension de la piste d’atterrissage à l’aéroport, nous attendons le rapport du consultant. L’agrandissement de l’aérogare est en bonne voie. Au risque de me répéter, il y a beaucoup de projets et de problèmes que l’ARR ne pourra résoudre seule. Prenez l’eau par exemple, quand il y a un manque, ce n’est pas uniquement ceux qui sont dans l’opposition qui souffrent. Tout le monde est concerné. Les partis politiques doivent se concerter pour préparer un plan et le remettre au gouvernement central. Il doit être ainsi pour les gros dossiers. D’ailleurs, je suis persuadé que le fonds d’environ Rs 2 millions ne suffira pas. Je constate que le problème d’eau est resté le même, voire il s’est empiré ces derniers dix ans. Si on remédie à cette situation, d’autres soucis se résoudront automatiquement.

Que proposez-vous pour le problème d’eau ?

Il n’y a pas de rivière qui coule à Rodrigues à cause de la déforestation. Il faut d’abord reboiser l’île. Il faut empêcher que l’eau de pluie ne se perde en mer. Il n’y a que le barrage d’Anse-Raffin comme réservoir. Cependant nous n’avons pas suffisamment de pluies pour qu’il soit toujours rempli. Donc, au lieu de grands réservoirs, je propose de petits barrages dans les lits des rivières asséchées pour retenir l’eau lors de la saison des pluies. Il faut aussi des retenues collinaires.

Je suis persuadé que le dessalement, comme cela se fait en ce moment, est la dernière solution. D’abord, nous n’avons pas la compétence technique pour la gestion et la maintenance des différentes stations. De plus, celles-ci consomment beaucoup d’électricité. En revanche, la Chine vient de développer des stations de dessalement marchant à l’énergie solaire. Le gouvernement central et l’ARR devront faire une demande au gouvernement chinois pour nous aider à nous en procurer.

Que faut-il faire pour que Rodrigues soit économiquement autonome ?

L’île a une population d’environ 35 000 habitants. Parmi eux, il y a 3 500 fonctionnaires alors que les autres sont dans le privé ou sont entrepreneurs. Ce sont ces derniers que le gouvernement doit aider pour qu’ils développent leurs affaires. Le tourisme est un secteur important, mais avec le problème d’eau, c’est difficile.

Je suis persuadé qu’il faudra développer l’économie bleue avec des activités en haute mer. Les Rodriguais sont reconnus comme de bons pêcheurs. Ce secteur pourra créer des emplois directs et indirects. Les produits transformés à Rodrigues pourront ensuite être importés vers Maurice et même ailleurs. Il faut encourager les investisseurs à venir s’implanter ici. À Maurice, ils ont des facilités. Le gouvernement central et l’ARR pourraient travailler sur un plan pour ce secteur.