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Rama Poonoosamy: culturellement vôtre!

22 janvier 2017, 12:43

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Rama Poonoosamy: culturellement vôtre!

Un des temps forts de notre calendrier culturel cette année sera le concert du chanteur français Patrick Bruel, organisé par l’agence Immedia. L’occasion est trop belle pour ne pas révéler quelques facettes de son directeur, Rama Poonoosamy, le Monsieur Culture de l’île.

Vous avez été le premier ministre de la Culture à Maurice. Quel regard jetez-vous sur les actions de vos successeurs et en particulier du dernier en date?
Il y a deux sortes de ministres, ceux qui ont une vision et qui orientent la politique du gouvernement et de leur ministère en travaillant en équipe pour atteindre les objectifs fixés, tout en respectant les principes de la bonne gouvernance et puis, il y a les autres. Il y a 35 ans, les principaux axes de la politique culturelle étaient: la confiance dans le génie créateur mauricien, dans le talent de nos artistes, l’échange au sein de notre peuple, la reconnaissance de notre langue nationale, l’ouverture vers la région et le monde dans le sens d’un two-way traffic culturel.

Tout en combattant les complexes et les préjugés, l’important c’était de construire des passerelles et non des murs! J’avais aussi écrit «qu’il nous fallait extirper le venin communal du sang de la population afin que le peuple mauricien se réalise en tant que nation». C’est tout un programme! Aucun de mes successeurs n’a choisi d’être ministre de la Culture. «Zot tou bann bon dimounn, zot finn fer saki zot kapav…»

Vous faites venir Bruel en avril. Que nous réservez-vous d’autre comme spectacle cette année?
Patrick Bruel sera à Maurice fin mars. Immedia coproduit son concert à La Réunion le 31 mars et organise le concert à Maurice au Swami Vivekananda International Convention Centre le dimanche 2 avril, à 19 heures. La dernière fois que j’ai invité Patrick pour un concert public chez nous, c’était en juin 2001. Donc, rendez- vous «Place des Grands Artistes» très bientôt.

Début mars, Immedia présente sa 68e production théâtrale, Cette brûlante envie de servir, fiction politico-satirique se situant à Maurice dans un avenir lointain. Cette pièce de Jean Lindsay Dookhit, Prix Jean Fanchette dont le jury était présidé par le Prix Nobel J.M.G. Leclézio, a été mise en scène par Gaston Valayden avec des comédiens chevronnés comme Robert Furlong, Géraldine Boulle, Jean Claude Catheya et Darma Mootien.

Fin avril, il y aura la remise du Prix de Poésie Edouard Maunick, événement qui a vu une forte participation de Mauriciens d’ici et d’ailleurs, proposant leurs poèmes sur Port-Louis. Le jury, présidé par Ananda Devi, avec Shenaz Patel et Kavinien Karupudayyan comme membres, aura du pain sur la planche. Et durant les prochains mois de l’année de nos 30 ans, il y aura d’autres concerts d’artistes de styles différents et de divers pays ainsi que des spectacles avec des artistes mauriciens, dont l’incontournable Spectacle d’Humour Mauricien qui révèle moult talents et réjouit nos compatriotes chaque année depuis maintenant 20 ans.

Que faites-vous durant votre temps libre et durant les week-ends?
Goethe disait : «Le caractère se forge en société, le talent dans la solitude.» Il me faut du temps pour de nouvelles rencontres, discuter et partager avec les autres, les collègues, surtout Darma et Kamini, les amis et ils sont nombreux, les membres de la famille. Mais aussi du temps seul, face à la nature, aux étoiles, à moi-même. Il y a aussi la lecture, le sport, la télé.

Parlez-nous de votre famille…
Je suis né et j’ai grandi à Port-Louis, dans le vieux Ward IV si attachant, qui s’est modernisé, où les gens sont maintenant plus pressés et se parlent moins. Mon père Vadivel, ma mère Avyambal et mes frères, feu «Gro Kris», Vijay, Krishen et moi, nous étions tous sportifs. Je crois que nous sommes la seule famille où trois frères ou soeurs ont représenté la sélection nationale. C’était en volley-ball et nous avions évolué au sein du club «anti-kominalis» qu’étaient les Trotters. Dans la famille, on s’intéressait ou on faisait de la politique. Ma tante Radha fut la première femme ministre et moi, le plus jeune ministre élu.

J’ai épousé Gina et nous avons trois enfants, Gavin, Romi et Amsi. Entre autres engagements, Gina s’occupe de l’école Anou Grandi, dont la première élève fut Amsi et qui compte une centaine d’autres aujourd’hui. Gavin et Romi ont un penchant artistique, le premier évolue dans le monde musical surtout, et le second dans celui du spectacle.

Cuisinez-vous?
Je ne cuisine pas mais j’apprécie les «oeuvres» des cordons-bleus. Et je peux même décerner des étoiles dignes de Michelin!

Gourmand ou gourmet?
Gourmet… Je savoure les crêpes fourrées à la rougaille de poisson salé, légèrement pimentées, le briani végétarien ou autre, assorti d’un satini de pomme d’amour et d’un achard de mangues. Tout dernièrement, j’ai trouvé succulent le «hot pot» de vermicelles transparents aux fruits de mer d’un restaurant réputé.

Un péché mignon?
Les pistaches grillées et les noix de cajou.

Pratiquez-vous encore du sport?
Le ping-pong et le volley-ball régulièrement. La marche et la nage de manière irrégulière.

Quels livres lisez-vous actuellement?
J’ai mis un roman et un traité de philosophie de côté en ce moment pour plancher sur le prochain thème de la Collection Maurice. Ce sera le 24e à regrouper des nouvelles, «short stories» et «zistwar» d’auteurs mauriciens. Le titre devrait être révélé au plus tard fin janvier.

Écoutez-vous la radio?
Oui, un peu, mais pas trop! Les infos, les débats ou la musique surtout.

Et la télévision?
Je regarde la télé, un peu trop peut-être. Je trouve qu’au journal télévisé de la MBC, les partis d’opposition ont un peu plus droit à la parole; il y a des efforts au niveau des programmes mais bien sûr there’s still room for improvement. Sur les chaînes satellitaires, je regarde des films de réalisateurs de différents pays, des débats, les infos, tout en gardant un esprit critique.

Quel type de musique écoutez-vous?
Un peu de tout, du classique au séga, du pop au reggae, du rock, du Bollywood… et les trop rares chansons engagées!

Votre idée du bonheur?
On ne peut aspirer au bonheur individualiste, se croire heureux et s’isoler dans son égoïsme, dans sa tour d’ivoire. Le bonheur se construit petit à petit dans la solidarité humaine et se doit d’être partagé naturellement, de tout coeur.

Qu’auriez-vous souhaité réaliser avant de quitter ce monde?
Le voeu pieux serait de souhaiter la justice, la paix et l’harmonie à Maurice et dans le monde, ainsi que le respect des droits humains. Aujourd’hui, mon souhait de combattant est: rann nou later, rann nou lamer! Rann nou Diego, rann nou Tromlin!