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Plaisance City: tout est à refaire

3 février 2017, 22:30

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Plaisance City: tout est à refaire

L’ex-Premier ministre avait, en avril 2016, posé la première pierre de ce projet où les promoteurs allaient investir Rs 4 milliards. Les premiers coups de pioche étaient prévus l’année dernière. Mais les travaux ont pris du retard. L’express a enquêté et l’issue est surprenante: l’architecte accuse les promoteurs de ne pas l’avoir payé alors que ceux-ci affirment qu’il les a bernés puisqu’il aurait été «radié de l’ordre des architectes de France».

Pendant que les deux parties s’apprêtent à se traîner mutuellement en justice, il faudra redessiner tous les plans (certains viennent tout juste d’être complétés) et les demandes d’autorisation reprennent quasiment à zéro. Seul l’Outline Planning Permission (qui n’est pas un permis de construction) tient toujours en cas de changement de plan.

L’architecte, Van Nuwenborg, lui, ne cache pas son amertume. Ce Belge, aidé de trois ingénieurs, a conçu les plans des trois bâtiments qui doivent composer Plaisance City à côté de l’aéroport : un hôtel, un Business Park et des appartements. Tous ces bâtiments, grâce à leur conception écologique, devaient être totalement autonomes en énergie. Coût total du projet : Rs 4 milliards.

Ce n’est autre que sir Anerood Jugnauth lui-même, alors Premier ministre, qui avait procédé à la pose de la première pierre le 28 avril 2016. Mais voilà que la fierté a laissé place au scepticisme. Van Nuwenborg accuse la compagnie Plaisance City de ne pas respecter ses engagements financiers vis-à-vis de lui et de son équipe. «S’ils ne sont pas capables de me payer mes 360 000 euros, je ne vois pas comment les bâtiments que j’ai dessinés sortiront de terre», lance-t-il.

C’est un grossier mensonge, répond Patrick Arnaldi, CEO de Plaisance City. «Nous avons payé Van Nuwenborg pour tous les plans qu’il nous a soumis. Mais, en septembre de l’année dernière, nous nous sommes rendu compte qu’il a été radié de l’ordre des architectes de France. Nous l’avons ainsi révoqué.»

L’architecte, qui a dessiné le plan initial de Plaisance City, dément cependant avoir été radié de l’ordre des architectes de France. «Cela fait deux ans que je ne renouvelle pas les frais de mon inscription. J’ai sans doute été suspendu. Mais cela ne m’interdit pas d’exercer», explique-t-il.

Plaisance City a, lui, dû solliciter de nouveaux architectes en septembre dernier. Ce, alors que les travaux pour les appartements devaient démarrer. Au final, le choix s’est porté sur la société Sobnack Architects Ltd avec Artéma Design qui agit comme bureau d’études. «Ils nous ont soumis les plans pour deux des trois bâtiments il y a une semaine. L’autonomie énergétique a été maintenue. Oui, c’est un contretemps, mais nous allons dans la bonne direction.»

Entre-temps, des centaines d’acheteurs se sont manifestés et ont payé pour les appartements, selon les anciens plans. Patrick Arnaldi affirme que les clients ne seront pas lésés puisque les nouveaux plans proposent encore plus d’espace aux acheteurs et «le standing a été rehaussé». Plaisance City assure qu’elle ne passera pas les coûts d’architecture, qui sont, du coup, doublés, aux clients. En revanche, elle compte poursuivre Van Nuwenborg pour réclamer les avances en dizaines de millions de roupies qu’elle lui a payées.

Plaisance City veut donc rassurer. Mais sa responsabilité n’est-elle donc pas engagée si elle a, de son propre aveu, eu recours à un architecte qui «n’a pas le droit d’exercer» surtout que c’est in extremis, soit juste avant les premiers coups de pioche, que le pot aux roses allégué a été découvert ? «Oui et non. C’est vrai, nous aurions dû faire des recherches avant de signer. Nous avons fait confiance. Mais on a tout découvert à temps et c’est le plus important.»

L’homme derrière plaisance city avait été ciblé par l’opposition

Frédéric Touati, promoteur du projet Plaisance City, a déjà fait la une des journaux. À l’Assemblée nationale, Shakeel Mohamed avait allégué qu’il avait obtenu sa naturalisation mauricienne en cinq jours alors que le précédent régime avait des réserves «sécuritaires» à son sujet. Ce que Frédéric Touati avait fortement démenti dans une interview à «l’express».