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Sir Bhinod Bacha: «Je veux être au service du pays jusqu’à mon dernier souffle»
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Sir Bhinod Bacha: «Je veux être au service du pays jusqu’à mon dernier souffle»
Il fait son come-back au bâtiment du Trésor après deux années sabbatiques. Après avoir servi sous les quatre précédents Premiers ministres, sir Bhinod Bacha vient de rajouter le cinquième à son palmarès. Première interview d’un des Senior Advisers de Pravind Jugnauth, fraîchement nommé.
Pourquoi avoir choisi l’omerta quand, une semaine de cela, «l’express» vous a posé la question sur votre prochaine nomination au bureau du Premier ministre (PMO) ?
Tant que les choses ne se concrétisent pas, comment une personne sérieuse et responsable peut-elle ébruiter une information ? Je ne pouvais non plus parler des consultations.
Maintenant, je peux vous parler librement et en toute sincérité car c’est un fait avéré. La prudence et la discrétion doivent être les forts d’un haut fonctionnaire, d’un commis de l’État et d’un conseiller. Pour travailler au PMO, il faut être aveugle, sourd et muet.
En faisant vos cartons du PMO en décembre 2014, vous avez déclaré que vous souhaitiez continuer l’aventure au sein du gouvernement entrant. Deux ans après, est-ce votre appel qui a été entendu ou est-ce votre lobby qui a fini par payer ?
En 2014, lorsque le gouvernement a prêté serment, j’ai envoyé une lettre pour dire que je quittais mon bureau. J’ai aussi dit que je suis disposé à travailler si on fait appel à moi pour servir le pays. Je ne fais pas de lobby.
Dans notre famille, qui est connue pour son intégrité et son dur labeur, nous ne faisons pas de lobby. J’ai connu presque tous les acteurs politiques. Je suis et resterai un professionnel qui travaille pour le pays en toute sobriété.
Vous avez donc signé votre contrat comme «Senior Adviser» de Pravind Jugnauth, vendredi. Racontez-nous…
J’ai reçu un appel, vendredi, pour me demander de me rendre au bâtiment du Trésor et rencontrer le Premier ministre. Nous avons parlé du contrat de Senior Adviser que j’ai signé le même jour.
Lors de cet entretien, j’ai vu un Pravind Jugnauth charmant, posé et who knows his destination. Je salue sa sagesse. Je lui ai dit que je suis honoré de la confiance placée en moi pour apporter mon bloc afin de construire l’édifice du pays et le consolider.
Concrètement, en quoi consistent vos fonctions ?
Comme dans tout contrat de ce genre, je suis à la disposition du Premier ministre pour toute responsabilité qu’il m’attribuera. Parmi les premières qui m’ont été confiées, j’aurai des recherches et des travaux parlementaires à effectuer.
Je devrai aussi apporter mon concours à l’organisation des visites, comme celle du président ghanéen qui sera l’invité d’honneur pour l’Indépendance.
Il y a aussi les préparatifs pour le 50e anniversaire de l’Indépendance. Je mettrai mes compétences acquises, pour avoir organisé le Sommet de la Francophonie, la visite du pape Jean-Paul II, d’Indira Gandhi et de François Mitterrand, au service du pays.
Dès ce matin, je me rendrai tôt au bureau pour les questions de logistique. Mais le plus important, c’est de se retrousser les manches et de se mettre au travail.
Pourquoi ce sont toujours les mêmes personnes, comme vous, qui se retrouvent à ce genre de poste grassement rémunéré ?
Ce n’est pas moi qui décide. J’ai une expérience tous azimuts. On a tendance à l’oublier. J’ai été Senior Adviser au ministère du Logement et des Terres, où j’ai mis en place le LAVIMS (Land Administration, Valuation and Information Management System), soit le système informatisé des terres.
«Pour travailler au PMO, il faut être aveugle, sourd et muet.»
Le Centre international d’arbitrage de Maurice, en partenariat avec la London Court of International Arbitration, est aussi un peu mon bébé. Je ne suis pas un politicien. Je n’ai jamais pris de drapeau pour aller dans des meetings ou ailleurs.
I am a doer. J’aime mon métier. J’ai servi le pays. Les secteurs public et privé me connaissent. J’ai fait mes preuves avec tous les Premiers ministres que le pays a connus. Je servirai à présent le cinquième Premier ministre, qui me donne, lui aussi, l’opportunité de contribuer au développement du pays.
Justement, après sir Seewoosagur Ramgoolam, sir Anerood Jugnauth (SAJ), Paul Bérenger et Navin Ramgoolam, vous servirez désormais sous Pravind Jugnauth. Quelles sont vos relations avec le Premier ministre ?
J’ai travaillé pendant 13 ans avec SAJ, ce qui signifie que je côtoie Pravind Jugnauth depuis ce temps. Je l’ai connu comme avocat, puis au fil des années, il est devenu leader d’un parti politique, ensuite ministre des Finances.
Nous avons gardé de très bonnes relations. Comme SAJ, il connaît ma famille qui est patriotique, tranquille et bosseuse dans son coin.
Et qu’en est-il de vos relations avec le ministre mentor aujourd’hui ?
Mes relations avec SAJ et lady Jugnauth ont toujours été très bonnes, y compris dans leurs moments les plus difficiles où les gens n’osaient pas leur parler. Vendredi, je voulais aller présenter mes respects à SAJ mais il était déjà parti. Ce sera l’une des premières choses que je ferai une fois au bureau.
Mais pourquoi a-t-il fallu que Pravind Jugnauth accède au poste suprême pour que vous fassiez votre come-back au PMO ?
Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit de méchant ou de sinistre à cela. Un Premier ministre a toute la latitude de choisir l’équipe qui l’entourera pour accomplir sa mission.
Cela ne veut pas dire que SAJ n’a pas voulu de moi. Je suis certain qu’il y a eu des consultations à tous les niveaux à l’intérieur avant que je sois invité à apporter mes compétences. La sincérité du Premier ministre ne peut être remise en question.
Le gouvernement Lepep ne vous a pourtant pas fait de cadeau. Vous avez été parmi les proches de Navin Ramgoolam à avoir défilé aux Casernes centrales. Comment vous êtes-vous tiré d’affaire en ce qui concerne le terrain de l’État alloué au pandit Sungkur ?
Je ne me suis pas tiré d’affaire. C’est aussi simple que ça. On a eu besoin de moi pour le cas de Sungkur. J’ai aidé la justice en donnant des éclaircissements, étant donné que j’ai une très bonne mémoire photographique. Je garde un souvenir de tout ce que je fais, des visites des gens de tous bords.
J’ai répondu à toutes les questions. Il n’y a jamais eu d’accusation contre moi. Tout citoyen honnête et intègre doit pouvoir aider la police. J’ai toujours eu la conscience tranquille en ce qui concerne mon travail.
Comment avez-vous meublé ces deux dernières années ?
Durant ces deux années sabbatiques, j’ai contribué anonymement à des articles de réflexion dans la presse. J’ai aussi donné des conseils gratuitement à des gens modestes pour les aider dans leurs démarches administratives.
Apres avoir été chef de la fonction publique, secrétaire de la Défense, conseiller spécial du Premier ministre, comment voyez-vous la fin de votre carrière ?
Je me vois rendre mon dernier souffle au service du pays et en n’importe quelle capacité. Une carrière dépend de vous et de beaucoup de circonstances. J’aime mon pays. Ma place est ici. Mo lonbri antéré la.
Je termine avec la question qui fâche. Quel âge avez-vous sir Bhinod Bacha ?
Je ne parle jamais de mon âge. De toute façon, l’âge, c’est comme le vin. Plus, le vin vieillit, plus il est bon.
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