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Duty-free à l’aéroport: la résidence de la Speaker est le siège de Rum and Sugar
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Duty-free à l’aéroport: la résidence de la Speaker est le siège de Rum and Sugar
15, Goldcoast Complex, route Kalimaye, Flic-en-Flac. C’est l’adresse de Rum and Sugar, la société qui fournit des biscuits au Mauritius Duty Free Paradise (MDFP). Elle a été incorporée en juillet 2016 et sa seule actionnaire est Sheila Hanoomanjee, la fille de la Speaker.
Mais 15, Goldcoast Complex, c’est aussi l’adresse résidentielle officielle de Maya Hanoomanjee. Cela voudrait-il dire que la Speaker s’adonne à une activité économique parallèle? Non, même si sa villa sert aussi de bureau officiel à l’entreprise de sa fille.
Capture d’écran du site officiel de l’Assemblée nationale démontrant l’adresse de Maya Hanoomanjee.
Par contre, elle ne peut plaider la totale ignorance du business. Dans sa réponse au quotidien Le Défi, mercredi, la Speaker sous-entend qu’elle en sait plus que d’autres en disant : «Allez vérifier combien de temps elle a pris pour décrocher un tel contrat.»
Sheila Hanoomanjee, de son côté, fait le va-et-vient entre Maurice et l’étranger. Le fait qu’elle ne vit pas à Maurice (du moins jusqu’à tout récemment) implique qu’une tierce personne doit donner suite aux courriers relatifs à son business, que le facteur livre à la «maison familiale». Est-ce la Speaker? Pas forcément.
Sheila Hanoomanjee peut aussi s’appuyer sur sa soeur Naila, qui habite aussi cette villa. Cette dernière fait l’objet de critiques depuis qu’elle a été recrutée à la tête de la State Property Development Company Ltd, et depuis qu’elle est pressentie pour être Chief Executive Officer (CEO) de Landscope Mauritius. Techniquement, elle a le droit de suivre le courrier de sa soeur quoi qu’en dise l’opinion publique.
Trafic d’influence ?
Difficile donc d’envisager une quelconque complication légale pour les Hanoomanjee.
Par contre, du côté de MDFP, il faudra répondre à la question suivante: Sheila Hanoomanjee a-t-elle été favorisée parce que sa mère occupe la 4e plus haute fonction de l’État?
Interrogé par l’express, Rakesh Rughoobeer, le CEO de MDFP, renvoie la balle au département marketing. «En tant que CEO, je n’en sais pas plus. C’est le département marketing qui gère le portefeuille des fournisseurs. Dans la pratique, je sais que cette équipe de marketing évalue les produits qui lui sont présentés, négocie avec les fournisseurs potentiels, décide d’acheter ou pas, et la décision finale revient au Procurement Committee», déclare-t-il. Invité à nous dire s’il savait que l’adresse de Rum and Sugar est aussi celle de la Speaker, Rakesh Rughoobeer répond par la négative.
Pour l’heure, malgré les apparences, rien n’indique qu’il y a eu un quelconque trafic d’influence tel que stipulé dans l’article 10 de la Prevention of Corruption Act. Pour cela, il faudrait qu’un membre du département marketing ou du procurement prétende qu’il n’a pas pu exprimer son refus à cause du statut du fournisseur. Ce qui n’est pas gagné.
À moins que Roshi Bhadain, celui qui, lors du premier congrès de son parti, à Beau-Bassin, le vendredi 3 février, avait demandé aux journalistes d’aller fouiller du côté «du fournisseur de biscuits au MDFP», n’en dise un peu plus.
Une question d’éthique
Un Speaker peut-il s’adonner à une autre activité économique? Nous avons posé cette question à un ancien détenteur de ce poste. «Je n’ai jamais vu aucune loi, ni lu dans la Constitution une interdiction de s’adonner à une activité économique. Mais c’est une règle non écrite qui relève de l’éthique. Premier ministre, ministre, président de la République, Speaker, leader de l’opposition, ce sont des full-time jobs qui sont très fortement rémunérés. La décence veut qu’on ne travaille pas en parallèle. Oui, s’il arrivait un jour qu’un Speaker ait des activités économiques parallèles, cela m’étonnerait», a déclaré cet ancien président de l’Assemblée nationale.
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