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La réalité aigre-douce des planteurs rodriguais

12 février 2017, 08:40

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La réalité aigre-douce des planteurs rodriguais

Les collines verdoyantes, les ti limon, les ourit sek. Autant de clichés que l’on associe à Rodrigues. Mais la vie est loin d’être un long fleuve tranquille pour les habitants qui se rendent aux urnes, ce dimanche 12 février, pour choisir ceux qui les représenteront à l’Assemblée régionale. Quelles sont leurs attentes pour ces élections ? Survol.

Direction Dans-Samy. Sydney Louis est planteur. Et comme beaucoup de ceux qui travaillent la terre, il ne sait plus à quel saint se vouer.

Les champs de Sydney Louis sont difficilement accessibles, étant situés sur le versant de la montagne. «Finn bizin labour ferm pou rési planté.» Nichées entre les arbres, ses cultures de légumes : concombres, brèdes malbar, petsai ou encore pommes d’amour. Les faire pousser sur un terrain aussi rocailleux relève du miracle, ironise Sydney Louis.

«Dilo pa koulé ditou dan robiné, ziss enn fwa par mwa. La sesress pa fasil. La pli pa tonbé ditou, pa gagn pou faire captage dilo nanyé.»

Mais ce n’est pas cela son plus gros souci. Ce qui mine les Rodriguais, c’est le problème d’eau. «Dilo pa koulé ditou dan robiné, ziss enn fwa par mwa. La sesress pa fasil. La pli pa tonbé ditou, pa gagn pou faire captage dilo nanyé», lâche-t-il. Les cinq bassins qu’il a fait construire sont presque à sec. Comment fait-il pour se débrouiller au quotidien? «Il faut marcher jusqu’à la source. Tous les gens de la région y vont, il faut attendre son tour. Et aussi attendre que l’eau de la source remonte pour pouvoir la puiser.»

Pénible parcours qui épuise Sydney Louis, chaque jour. Celles qui souffrent le plus, cependant, ce sont les plantes. «Bann sekinn vinn gran impé la pa gagn otan dilo. Bizin servi gout à gout.» Pour couronner le tout, ses champs sont souvent ravagés par des porcs ou des cabris. Des appels au secours, il en a lancé. «À la radio, j’ai entendu dire que le gouvernement aidait les planteurs. Mais il n’en est rien. Pour la clôture par exemple, j’ai fait de nombreuses requêtes et j’attends toujours.»

«Pas rentable»

Ce manque d’égards pour les planteurs, Willow Félicité y a droit aussi. Cet habitant de Montagne- Croupier a dû arrêter momentanément de produire des légumes. «Cela fait deux mois que l’eau ne coule pas. Ensuite, il faut tout faire manuellement. Ce n’est pas rentable.» Il est d’avis que l’achat d’équipements modernes faciliterait grandement la tâche des planteurs. «Mais ils coûtent cher. Il faut qu’on nous aide.»

En attendant, pour mettre du beurre dans les haricots, Willow Félicité s’est lancé dans l’élevage. Métier difficile, certes, mais qui rapporte quand même plus que les légumes. Quand les bœufs ne meurent pas de soif, du moins…

Hansini Bhoobdasur (de Rodrigues)