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Johnson Roussety, leader du Front patriotique rodriguais : «L’Australie me tend les bras»
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Johnson Roussety, leader du Front patriotique rodriguais : «L’Australie me tend les bras»
C’est décidé. Johnson Roussety quitte le leadership du FPR pour faire des études. Mais il dit qu’il sera de retour pour les élections de 2022.
Vous vous retrouvez hors de l’Assemblée régionale aujourd’hui. Que ressentez-vous ?
Je suis le même. Je n’ai aucun regret car en 14 ans, j’ai fait trois mandats. Ce n’est pas la fin du monde. La politique n’est pas tout dans ma vie.
Vous avez dit que vous vous sacrifiiez pour l’île. Les Rodriguais semblent vous avoir rejeté.
Les Rodriguais sont tombés dans le piège de l’argent. Si les élections avaient lieu dans une semaine, sans campagne, sans argent, je suis sûr qu’ils nous auraient choisis. On a acheté le vote de Rodriguais innocents et vulnérables. L’argent a été le maître mot de la campagne.
Regrettez-vous le ticket du Mouvement rodriguais (MR) au lieu d’avoir obtenu une alliance ?
Définitivement. Depuis le début, le Front patriotique rodriguais (FPR) voulait d’une alliance avec le MR, ce qui aurait été plus crédible. J’ai accepté d’être candidat sous la bannière de ce parti avec l’idée de proposer des noms pour la liste proportionnelle. Mais on n’a pas pensé à mettre au moins un candidat dans chaque région. On ne voulait pas embarrasser les candidats du MR. C’est pourquoi notre party list a été rejetée et on a accepté le verdict de la cour.
Ce ticket vous a coûté cher, vos collaborateurs vous ont abandonné pour aider l’adversaire...
Les élections de 2017 ont été celles du pouvoir de l’argent. Quand un membre exécutif du FPR, qui n’a jamais été présent aux réunions, ni participé à une activité politique pendant cinq ans, organise des réunions pour l’adversaire à la veille des élections… Je pense que money tells dans l’île. C’est une honte. Votre éditorialiste Nad Sivaramen a dit que c’est une victoire sans précédent avec le rejet du MR, du FPR, de Johnson Roussety. Ce n’est pas ça. C’est l’achat massif des votes dans les régions 5, 2 et 1. Moi, je n’ai jamais fait cela.
Quid de l’avenir du FPR ?
Le FPR n’a pas été dissous. Il a un projet : l’autodétermination. Le Rodriguais doit prendre son pays en main. L’autonomie est volatile. On n’est pas autonome financièrement, on dépend de Maurice à 100 %. Nous voulons que l’île ait sa trésorerie publique et qu’il y ait une responsabilisation fiscale. Nous voulons une île forte et libre. L’Organisation du peuple de Rodrigues (OPR) fait croire que le gouvernement est la solution à tous les problèmes. Il n’y a pas d’efforts, pas d’innovation. Une clique de capitalistes vise à accaparer tout le budget de l’île.
Selon vos collaborateurs, vous avez cherché votre avantage au lieu de celui du parti…
Ils peuvent dire ce qu’ils veulent. Il n’y avait que quatre ou cinq personnes à travailler au sein du parti, les autres étaient des rent seekers, ne cherchant qu’une place sur la liste proportionnelle pour obtenir un salaire. Il y a eu une auto purge au sein du FPR et tous les rent seekers sont partis. Il ne reste à présent que de bons éléments.
Des rumeurs circulent selon lesquelles vous avez eu votre permis de résidence permanente en Australie. À quand le départ ?
Oui, j’ai mon permis de résidence en Australie, tout comme Navin Ramgoolam a un passeport britannique. Je pars faire deux à trois années d’études et je reviendrai en prévision des élections régionales en 2022. Il y a une équipe pour diriger le parti. Il y aura un autre leader à sa tête. D’ici deux semaines je quitterai l’île. J’ai eu une bourse d’études. Je vais faire un PhD en économie ou un degree en droit. Je démissionnerai du FPR et une femme sera probablement à la tête du parti (voir hors-texte). Mais je n’abandonne pas la politique, encore moins les Rodriguais.
Des Rodriguais disent que vous avez vendu le pays ; qu’avezvous à répondre ?
Qu’ai-je vendu ? Le pays n’a été vendu ni aux Américains ni aux Indiens. Le Rodriguais doit faire beaucoup d’efforts pour avoir la maturité politique. Il manque d’ouverture. À Maurice, il y a des radios privées et des journaux indépendants mais à Rodrigues il n’y a que des journaux politiques et la MBC. Il n’y a pas de débat sur les enjeux. Dans une cinquantaine d’années, pourra-t-on y vivre ? Il n’y aura plus d’eau.
Collaborerez-vous avec le MR pour les législatives en 2019 ?
Je ne m’inquiète pas du MR mais je maintiens qu’il doit y avoir une unification de l’opposition. Nos idéologies diffèrent de celles de l’OPR. Je suis inquiet pour les Rodriguais, surtout les jeunes. Les débouchés sont limités. Pour le moment, on laisse le MR faire son chemin et, au FPR, on reconstitue notre équipe. S’il faut travailler ensemble à l’avenir, on le fera. On veut réunir la masse de compétences politiques et les autres, ce que Von-Mally n’a pas su et ne veut pas faire. N’est-il pas l’heure qu’il joue un rôle effacé ? Von-Mally doit laisser un autre take the lead in elections.
Le MR a eu cinq autres candidats grâce à la «party list» qui lui a permis de réduire l’écart de 10-2. Est-ce normal ?
Tout à fait ! Pourquoi sir Anerood Jugnauth et Serge Clair viennent-ils dire que le système est mauvais ? Il y a deux mois, ils ont approuvé cette loi. Serge Clair ne savait-il pas ce qui allait se passer ? Il faut abolir les élections régionales. Le vote régional est devenu dangereux. Je préconise qu’il y ait des élections seulement sur les party lists où le parti qui a 50 % des voix est assuré d’avoir une majorité.
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