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Rodrigues : prestation de serment et promesses à tenir...
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Rodrigues : prestation de serment et promesses à tenir...
Rompre avec la tradition. Si la cérémonie de prestation de serment se tient d’habitude à Port-Mathurin, elle aura lieu cette fois à côté du monument de l’Autonomie, à Malabar, en présence de la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim. Les leaders des partis politiques de Maurice et des personnalités ont été invités à la cérémonie, à 16 heures, le samedi 18 février.
«On va essayer de mettre en pratique ce qui a été annoncé dans notre programme», déclare Serge Clair, chef commissaire et leader de l’Organisation du peuple de Rodrigues (OPR). «Il faudra dépendre de moins en moins de l’extérieur et de Maurice. C’est ça l’autonomie. Il nous faudra produire, transformer et exporter.»
Ainsi, alors que l’île connaît des problèmes d’eau, Serge Clair a annoncé la construction d’une station de dessalement à Mourouk. Un projet qu’il compte présenter au Premier ministre qui sera dans l’île prochainement, dans le cadre de la préparation du Budget 2017-18.
Il envisage également d’accorder des bourses à des Rodriguais dans l’optique qu’ils deviennent des épidémiologistes. Cela, car la fièvre aphteuse a souligné l’absence d’un laboratoire digne de ce nom, avait-il fait ressortir.
L’agriculture est également un dossier prioritaire pour l’OPR. Il s’agit de relancer ce secteur et l’élevage «de façon méthodique et scientifique». Aussi, «nous avons un grand lagon, qu’il faut exploiter avec mesure». En ce qui concerne l’environnement, Serge Clair, déplorant le manque de forêts, prévoit un reboisement afin de retenir l’eau de pluie.
Ses autres dossiers ? La création d’emplois avec l’arrivée de câbles optiques dans l’île et le projet d’agrandissement de l’aéroport. Le contrat pour les études géotechniques sera octroyé d’ici peu. «La piste sera construite sur pilotis et non sur la plaine, car Plaine-Corail est un patrimoine culturel qu’il faut protéger.»
Côté santé et éducation, des changements sont à prévoir. «On veut que la santé et l’éducation aillent vers la population», commente Serge Clair, qui se dit contre les écoles de masse. Un collège sera construit à Songe.
Dorénavant, dans chaque école, il y aura une infirmerie. Et un médecin devra se rendre dans les écoles. Il y aura davantage de personnel hospitalier, d’autant plus qu’il y aura un hôpital à Mont-Lubin ainsi qu’à La Ferme et que les dispensaires seront revus. Ces établissements seront dotés d’espaces d’hébergement pour les médecins de famille, à l’étage. Rodrigues aura besoin d’une trentaine de ces médecins, selon Serge Clair.
Il a aussi des projets pour la fonction publique : il souhaite que les fonctionnaires deviennent des professionnels et qu’ils soient constamment «au service de la population. Il faut savoir écouter les personnes et en finir avec l’amateurisme».
Johnson Roussety : «Je pars mais je serai là en 2022»
Il a concédé la défaite mais n’abandonne pas pour autant. «En 2022, nous serons là», a martelé le leader du Front patriotique rodriguais (FPR) face à la presse, vendredi 17 février. Johnson Roussety a expliqué qu’il se rendra en Australie dans trois mois pour des études de droit. Ce, pendant deux ans.
«Rien ne changera, même si le leader n’est pas là. Il y aura une continuité. Je serai chef de file et l’on va manz ar li ziska Roussety revini», a pour sa part confié Lordana Meunier.
Selon nos recoupements d’informations, Johnson Roussety a soumis sa démission en tant que leader du FPR car il n’a pas été élu dans la région n° 5 (Port-Mathurin). Démission refusée par les activistes et délégués du parti. Ce qui poussera Johnson Roussety à dire que «la lutte continue. Je compte reconquérir mon électorat. L’OPR ne fera pas long feu».
Nicolas Von-Mally : «J’assume la responsabilité de notre défaite»
Il va œuvrer «pour une opposition constructive». C’est ce qu’a indiqué Nicolas Von-Mally, leader du Mouvement rodriguais (MR), vendredi. Faisant le bilan après les élections régionales, il a soutenu qu’il «assume l’entière responsabilité de la défaite». Désormais, a-t-il indiqué, «nous allons agir en chiens de garde. Nous ne ferons aucun cadeau à l’OPR».
Analysant la campagne du MR, Nicolas Von-Mally a déclaré que, probablement, son parti n’a «pas su faire passer le message comme il le fallait». Mais, pour lui, ils ne se battaient pas à armes égales. Il a allégué que «c’est la première fois qu’autant d’argent finn fané dan eleksion». Selon lui, «nou pa ti ena mwayen pou gagn sa eleksion-la». Lueur d’espoir cependant : comparé aux dernières élections, «nou finn ogmant nou poursantaz vot».
Concernant la proportionnelle, il s’est dit étonné de la réaction de Serge Clair. «Il n’est pas d’accord avec cette loi qu’il a lui-même approuvée. Il ne peut blâmer quiconque si ce n’est lui-même.»
Création d’emplois : l’attente des Rodriguais
Place aux choses sérieuses pour l’OPR qui entamera son second mandat consécutif à partir du samedi 17 février. Les Rodriguais attendent de pied ferme le nouveau gouvernement.
«Séki mo pé atann pankor gagné mem !» C’est une femme passablement remontée que nous rencontrons sur la route qui mène à Pointe-Monier. Perrine semble au bout du rouleau. Ses deux filles, la trentaine, sont sans emploi ; son fils a tout quitté pour aller chercher du travail à Maurice. Il a des emprunts à rembourser.
«Mo mari enn pansioner, mo pa travay, et wi, zot ti dir ki zot pou gété, mé pa trouv narien mem», lâche la quinquagénaire. «Mé la, dernié voté mo voté la !» Le ton monte. Perrine parle de discrimination en ce qui concerne les emplois dans son île : «Pa koné sipa get figir, enn bann kolézien 18, 19 an ki fek fini lekol pé gagn travay alor ki éna dimounn dépi 15-z-an ankor pé stanp kart.»
À Baie-aux-Huîtres, on a misé gros sur ces élections. Maureen, mère de famille, a des attentes. Certaines basiques, d’autres moins. «Bizin éna bon simin, bann drin konvénab, zardin zanfan, mé bizin ousi éna plis sékirité. Nou tia kontan bouz dispanser kot sant paski la kot li été bann vié dimounn pa kapav fer la montan.»
Pour Isabelle, une mère de 21 ans, la priorité est la création d’emplois. Baie-aux-Huîtres, dit-elle, a la réputation d’être un village avec un taux élevé de chômage. «Ou trouv tou sa bann dimounn la pé asizé anba laboutik, bé zot péna travay, mé zot voté mem sa komiser-la.»
La jeune femme ne décolère pas : son mari et elle cherchent du travail depuis longtemps. En vain. Isabelle déclare que c’est grâce au soutien de sa famille qu’elle s’en sort. «Dan bann lézot landrwa, kouma Montagne-Cabri, bann la ti pran boukou dan gouvernman, mé isi pann pran.» Les élus devront à présent tenir leurs promesses, dit Isabelle.
C’est sous la varangue d’une boutique, à Baladirou, que nous rencontrons Stéphane, 20 ans. Interrompant à peine sa partie de dominos avec ses amis, le jeune homme déclare qu’il n’a qu’un souhait : avoir un emploi. Un salaire. Pour l’heure, il passe son temps à jouer au foot ou aux dominos. Même les loisirs sont insuffisants. «Bizin éna louvertir bann sant zéness, parski bann zenn pé tonb dan lalkol.»
«Lasistana sé kouma bann zanimo dan park»
Assise sous un abri en bois et en tôle, sur le bas-côté de la route, Ferline vend des saucisses et du poulet grillé. Ce petit business, elle a dû le monter seule, car elle ne trouvait pas d’emploi et doit subvenir aux besoins de sa famille. Veuve, elle a trois enfants, âgés entre 8 et 18 ans, à sa charge. Cette habitante de Sainte-Famille souhaite aussi que le gouvernement de Serge Clair puisse faire de la création d’emplois sa priorité. «Wi mo dakor, bizin éna dévlopman larout, délo, Internet, me avan tou bizin éna travay, kouma dan Moris éna lizinn, lerla bann zenes-la pa bizin kit zot lil.»
Pas très loin de Ferline, les frères Agathe enlèvent les oriflammes blanches d’un arbre. «Nou kontan enn gouvernman ki dir nou trasé. Lasistana sé kouma bann zanimo dan park», lâche Antonio Agathe. Sa liste est très longue, mais l’eau y tient la première place. Élue pour cinq ans, l’OPR a du travail en perspective.
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