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Olivier Bancoult: «Je suis prêt à mourir en martyr»
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Olivier Bancoult: «Je suis prêt à mourir en martyr»
Il y a trois mois, Londres refusait le retour des Chagossiens sur leurs îles natales et proposait une compensation susceptible de faire tourner les têtes: près de Rs 2 milliards étalées sur dix ans. Certains ont craqué, mais pas Olivier Bancoult. À moins que…
Mercredi, vous avez déclaré sur RadioPlus avoir subi des pressions pour accepter le support package du gouvernement britannique. Des pressions de qui ?
J’en ai parlé parce que c’est la vérité et parce que ces pressions me choquent. Faire ça, c’est ne rien comprendre à mon combat, notre combat. La dignité des Chagossiens n’est pas à vendre. Leur conscience non plus.
Aucun Chagossien ne veut des millions anglais ?
(Direct) Je vous le certifie. On fonctionne avec un comité exécutif, des délégués, une assemblée générale. C’est la communauté chagossienne qui prend les décisions, pas Olivier Bancoult.
Alors ces pressions viennent d’où ?
Je me doutais que la question viendrait mais son nom ne sortira pas de ma bouche.
On parle donc d’une seule personne ?
Oui, il s’agit d’un leader politique. Cette personne a d’abord contacté nos avocats, puis moi directement. «Pourquoi tu n’acceptes pas ? C’est un cadeau, c’est couillon de refuser un cadeau alors que les Chagossiens vivent dans la misère.»
Et toi, quand tu étais au gouvernement, tu as fait quoi pour les sortir de la misère, hein ?
Ça m’a révolté.
Il est donc dans l’opposition, ce leader.
Depuis peu de temps.
Roshi Bhadain ?
Non.
Xavier-Luc Duval ?
Pa kapav dir ou (sourire).
C’est Xavier-Luc Duval ?
Je ne veux pas citer de nom. Soyons bien clairs : ce cadeau est empoisonné, si on l’accepte, on est mort. Demain, le gouvernement anglais s’en servira pour décrédibiliser notre lutte. Les Anglais misent sur l’usure, ils se disent que le temps joue contre nous parce que les natifs meurent les uns après les autres. Oui, ils meurent (NdlR, ils ne seraient plus que sept cents répartis principalement entre Maurice, l’Angleterre et les Seychelles) mais ce n’est pas une raison pour céder à ce chantage infâme. Leur but est de semer la zizanie. Cette personne qui a essayé de nous convaincre est forcément en contact avec l’ambassadeur britannique. Ils ont des relais mauriciens chargés de nous démobiliser.
Est-ce nouveau ?
Non. Avec les Anglais tout est mensonge et manipulation depuis le début. Maintenant, ils sont passés au bribe, après nous avoir volés ils cherchent à nous acheter. Je sais de quoi je parle, j’ai vu Madame Joyce Anelay à l’œuvre (NdlR, il accuse la ministre britannique des Affaires étrangères de lui avoir proposé 20 000 livres sterling, environ Rs 900 000, pour le dissuader de se rendre à l’assemblée générale des Nations unies en septembre dernier, ce que le Haut-Commissariat à Port-Louis a démenti). Honte au gouvernement anglais, honte au Foreign Office. Qu’ils se mettent bien une chose en tête : le marchandage colonial, c’est terminé. Il n’est plus question qu’un Anglais décide pour moi.
Avec ce ton peu diplomatique, les Britanniques risquent de vous surveiller d’encore plus près.
Oh, je m’y suis habitué. Je suis suivi, écouté, lu…
Ça s’arrête à la surveillance ?
Jusqu’à présent. À Maurice, ça va, je ne me sens pas en danger. Ailleurs, je suis moins rassuré mais je continue de marcher sans garde du corps. Si mon destin est d’être exécuté, eh bien qu’ils m’exécutent (les bras grands ouverts).
Cela ferait de vous un héros, c’est donc très improbable.
Je ne sais pas mais j’y pense. J’ai une exigence : je veux être exécuté sur ma terre. Ça pourrait bien se produire, vous savez.
Vous préparez une opération «kamikaze» ?
Enn operasyon lakaz. Un bateau et on part, il y en a pour quatre jours. Vo mié zot atrap nou lor lamer, sinon zot pou sirpri trouv nou lor zil.
Quand ?
On y travaille.
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