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Que sont-ils devenus? Joceline Minerve: «Notre société transforme les jeunes en zombies»

25 février 2017, 09:48

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Que sont-ils devenus? Joceline Minerve: «Notre société transforme les jeunes en zombies»

L’ancienne ministre porte un regard très critique sur notre société d’aujourd’hui. Pour Joceline Minerve, les Mauriciens sont condamnés à vivre dans un monde où règnent les disparités sociales et où «les politiciens ne pensent qu’à leur intérêt personnel».

Le mot d’ordre : apprécier la vie à sa juste valeur. Et pour cela, Joceline Minerve a décidé de rester loin de la scène politique. L’ex-députée de la circonscription no20 (Beau-Bassin–Petite-Rivière) et ancienne ministre mène une petite vie tranquille à Gokhoola, au Nord. Elle a fait une croix sur son ancienne vie il y a maintenant 18 ans, après les émeutes de février 1999, étant «dégoûtée par cette mascarade politique».

En effet, Joceline Minerve a été très marquée par cet épisode de 1999. «Ces émeutes qui ont embrasé le pays pendant trois jours m’ont fait comprendre que les politiciens au pouvoir n’ont pas su résoudre les problèmes de fonds du pays. C’est pourquoi, après mûre réflexion, j’ai démissionné du MMM», dit-elle.

L’ex-députée avait alors créé un nouveau parti, Nuvo Lizur, mais celui-ci n’a pas fait long feu. «Je voulais créer une nouvelle manière de faire de la politique pour s’attaquer aux défis auxquels les Mauriciens sont confrontés.»

Que pense cette ancienne enseignante de la jeunesse mauricienne ? «J’ai de la tristesse et de la compassion pour les jeunes. Notre société consumériste les transforme en réels zombies et en parfaits petits soldats défenseurs des nouvelles technologies. Ce sont des vies ratées ! Aujourd’hui, beaucoup de jeunes échouent à l’école et finissent par traîner dans les rues», se désole-t-elle.

En ce qui concerne la femme mauricienne, Joceline Minerve garde, toutefois, une lueur d’espoir. «La femme s’est transformée en réelle compétitrice de l’homme.» Même si, admet-elle, «certaines femmes sont constamment exposées à toutes sortes de violences. Sans compter qu’il y a des mères célibataires qui ont des conditions de vie précaires».

Ce regard critique de la société moderne, l’ex-députée l’a développé au fil des années. Pour elle, «avec cet individualisme forcené, la société ne peut que s’effondrer sur elle-même. Je prends du recul et je m’interroge sur ces nouvelles technologies que je trouve aberrantes. Depuis le XVIIIe siècle, nous vivons dans une société de marchands et d’esclaves. La disparité entre les riches et les pauvres s’agrandit. Alors que les villas de luxe coûtent des millions de roupies, les pauvres vivent dans des ghettos. Ce sont les étrangers qui ont droit aux traitements de faveur».

Pourrait-elle, un jour, retourner sur la scène politique ? Non, lâche-t-elle. «À Maurice, certains groupes sont privilégiés au détriment d’autres et les tensions sociales s’intensifient. Or, face à cela, bon nombre de politiciens ne pensent qu’à eux-mêmes au lieu de l’intérêt général. De ce fait, le communalisme et le populisme deviennent de plus en plus présents. Même les syndicats sont divisés. C’est l’ego qui contrôle les forces vives de la société

Comment s’occupe Joceline Minerve durant son temps libre ? «Je fais des balades dans la nature, surtout dans le Nord. Sinon, je passe beaucoup de temps avec ma famille

Son parcours

  • 1978 : Secrétaire générale du Mouvement international d’apostolat des enfants
  • 1983 : Députée de Beau-Bassin–Petite-Rivière
  • 1992 : Maire de Beau-Bassin–Rose-Hill
  • 1997 : Ministre de la Sécurité sociale
  • 2017 : Secrétaire internationale à la Cardijn Community International