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Grand-Gaube: Manilall Teeluckchand, un centenaire qui a la pêche

27 février 2017, 10:57

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Grand-Gaube: Manilall Teeluckchand, un centenaire qui a la pêche

Lorsque nous arrivons chez Manilall Teeluckchand et que nous prenons place à côté de lui, à l’invitation de sa belle-fille Prita, il est si absorbé par son feuilleton en hindustani qu’il remarque à peine notre présence. Une minute plus tard, il se retourne et éclate de rire, nous demandant quand et comment nous sommes entrés. Ce n’est pas la première fois que nous rencontrons Manilall Teeluckchand. Il y a trois ans, nous l’avions rencontré lors d’une balade à Grand-Gaube et avions parlé longuement avec lui. Aujourd’hui, il s’en souvient encore et nous rappelle le sujet de la conversation.

De petite taille mais costaud, Manilall Teeluckchand, appelé affectueusement Dada, ne fait pas du tout son âge. Très bavard, il a un sens de l’humour qui ne passe pas inaperçu. C’est du reste cette qualité qui fait de lui le chouchou du voisinage. D’ailleurs, chaque jour, il parcourt le village – un village où il a toujours vécu – pour aller à la rencontre de ses amis pour un brin de causette. Il lui arrive parfois de faire lui-même son marché et de se rendre à la boutique du coin. Très indépendant, il est toujours actif au sein de l’association des personnes du troisième âge de son quartier. Il ne rate aucune réunion et aime partager ses opinions avec les membres de ce collectif et leur faire profiter de son expérience.

La mémoire toujours fraîche, Manilall nous fait le récit de ses jeunes années. Né à Grand-Gaube dans une famille modeste, Manilall est le quatrième enfant d’une fratrie de huit, dont il est l’unique survivant. Durant son jeune âge, il fait plusieurs petits boulots afin de joindre les deux bouts.

Il débute comme coiffeur mais après quelques années, il doit abandonner cette voie à la demande de ses parents qui n’approuvaient pas ce métier. Par la suite, il est maçon, puis agriculteur. Il a longtemps été président d’une société coopérative de planteurs de canne.

À l’âge de 22 ans il se marie à Kosila, qui est alors âgée de 17 ans. Moment d’émotion pour Manilall qui avoue penser encore très fort à son épouse décédée, il y a une vingtaine d’années. La disparition de Kosila, dit-il, a été l’un des moments difficiles de sa vie, tout comme la mort de deux de ses enfants alors qu’ils étaient encore des nourrissons.

Mais l’homme ne perd pas le sourire. Il lui reste trois enfants, deux filles et un fils, qui ont aujourd’hui chacun leur petite famille. Manilall, lui, vit avec son fils, sa belle-fille et ses petits-enfants.

Grande fête

Très pieux, il lit tous les jours des extraits du Ramayana, se réveillant chaque matin aux aurores pour réciter des prières. D’ailleurs, dit-il, dans le village, ils sont nombreux à faire appel à lui pour commenter les versets du livre sacré.

Du temps où il était président de la société coopérative, Manilall a beaucoup milité en faveur des petits planteurs. Il n’hésite jamais à discuter avec les conseillers du village de sujets concernant la localité. «Il m’arrive même d’être sollicité par les gens du voisinage pour mes dons de guérisseur», ajoute le vieil homme.

Aujourd’hui encore, il adore assister à des mariages, déguster de bons plats végétariens… Mais son passe-temps préféré consiste à suivre régulièrement – et religieusement – les séries télévisées en hindoustani.

Son anniversaire est certainement l’événement à célébrer dans le village. Après une grande fête familiale, les villageois enchaîneront avec diverses célébrations étalées sur plusieurs jours. On n’a pas tous les jours cent ans !