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Nassir Khadun: «Le tribunal a montré du doigt les qualifications de Koshik Reesaul»

28 février 2017, 09:32

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Nassir Khadun: «Le tribunal a montré du doigt les qualifications de Koshik Reesaul»

Se sentant lésé, il avait contesté la nomination de Koshik Reesaul comme commissaire de la National Transport Authority devant le Public Bodies Appeal Tribunal. Lundi 27 février, cette instance a donné gain de cause à Nassir Khadun, adjoint au commissaire à la NTA. Celui-ci était représenté par Me Désiré Basset, Senior Counsel.

Racontez-nous les circonstances dans lesquelles vous avez pris connaissance du jugement du Public Bodies Appeal Tribunal (PBAT) ?

J’étais dans ma voiture en plein embouteillage ce matin (NdlR, hier) lorsque j’ai reçu un appel du PBAT. La personne au bout du fil m’a demandé de passer au tribunal car le verdict dans l’affaire qui m’oppose à la Public Service Commission (PSC) et au commissaire de la National Transport Authority (NTA), Koshik Reesaul, est prêt.

Quelle a été votre première réaction en apprenant que la décision du PBAT est en votre faveur ?

J’ai été agréablement surpris. L’affaire a duré un an. Après tout le stress et le sentiment d’injustice, puisque je me sentais vraiment lésé, le fruit est très doux. Après 46 ans de service, dont 15 ans comme adjoint au commissaire de la NTA, j’estime que j’étais à 100 % qualifié pour le poste de commissaire.

Pourquoi avez-vous contesté la nomination de Koshik Reesaul ?

J’ai appris que sur une dizaine de postulants, seuls deux étaient éligibles au poste. Koshik Reesaul et moi. Quand quelqu’un est nommé dans le service public, celui qui se sent lésé a un droit d’appel. C’est ce que j’ai fait. Après avoir assuré l’intérim comme commissaire jusqu’au 4 décembre 2015, je suis redevenu adjoint.

Le 23 décembre, j’ai donné un avis d’appel où j’ai soulevé cinq points devant le PBAT. Celui-ci s’est basé sur quatre des cinq points et sur les documents produits avant de rendre son verdict.

Quels étaient ces points d’appel ?

Ils se sont portés sur les qualifications de Koshik Reesaul. Parmi les critères dans l’appel à candidatures, il faut détenir un Chartered membership of the Chartered Institute of Transport (London), un Chartered membership of the Chartered Institute of Logistics and Transport (UK) ou un diplôme en Automobile Engineering ou Mechanical Engineering ou Administration or Law d’une institution reconnue.

Qu’avez-vous pu démontrer devant le PBAT ?

Ce que le tribunal a souligné dans son verdict est très important. Il a montré du doigt les qualifications du commissaire de la NTA. Car, nous avons pu démontrer que Koshik Reesaul, hormis un diplôme en Civil Engineering de l’université de Maurice et un diplôme de Transportation Engineering de Natal University en bonne et due forme, collectionne de faux diplômes, des diplômes illégaux. Et il les a produits à la PSC en se portant candidat au poste de commissaire.

Quelles preuves avez-vous de ce que vous avancez ?

L’on a découvert que le Bachelor of Law Degree (Criminal Law) qu’il détient du Trinity College and University de Dover, dans le Delaware, peut être acheté sur Internet sans avoir à suivre des cours ou à prendre part à des examens. Il suffit de faire une demande et de régler la note selon la commande passée (NdlR, il nous montre le modus operandi sur le site Internet de Trinity). D’ailleurs, The Guardian dénonce cette institution dans un article en date d’octobre 2003 et intitulé Get a doctorate in 28 days. De cette façon, nous avons aussi découvert que l’université du Wyoming, d’où il soutient détenir son PhD, ne reconnaît pas Koshik Reesaul comme l’un de ses étudiants. Ou encore qu’Hamilton ainsi qu’Hartford University, deux autres institutions figurant sur ses diplômes, n’ont jamais été accréditées par une agence reconnue par le US Department of Education. Même Canterbury, institution qui lui aurait décerné le titre de Professor, n’est pas reconnue en Angleterre. Pourtant, avant d’être nommé commissaire de la NTA en décembre 2015, Koshik Reesaul a enseigné à l’université de Technologie et a été à la tête de la Mauritius Land Transport Authority sous l’ancien gouvernement.

Et vous, possédez-vous les qualifications d’une institution reconnue comme demandé dans l’appel à candidatures ?

(NdlR, il produit son certificat). Depuis le 24 novembre 1987, je suis membre du Chartered Institute of Transport.

Quelle est la prochaine étape maintenant ?

Comme c’est la PSC qui a nommé le commissaire de la NTA, c’est à elle de voir si elle va entériner la décision du PBAT qui, lui, a annulé cette nomination. Il revient également à la PSC de déterminer comment elle va s’y prendre. C’est-à-dire, lancer un nouvel appel à candidatures ou autres.

Joint au téléphone par l’express hier, Koshik Reesaul s’est refusé à tout commentaire. Du côté de la PSC, une source officielle a affirmé n’avoir pas encore pris connaissance du jugement à hier après-midi.