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[Vidéo] Business: des artisans doués et dévoués lassés par le peu de gains
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[Vidéo] Business: des artisans doués et dévoués lassés par le peu de gains
La chaleur est presque insupportable dans la petite pièce jonchée de baguettes de verre de toutes les couleurs. Cette pièce, c’est l’atelier annexé à la maison de Francesca Sylvie, à Pointe-aux-Piments. Les gouttes de sueur qui coulent de son front sont bien visibles. Cependant, la quinquagénaire reste imperturbable lorsqu’elle ramollit une pièce de verre rougeoyant avec la flamme de son chalumeau. Sa création: une goutte d’eau en verre, rare et subtile.
Francesca est la première femme à exercer le métier de souffleuse de verre à Maurice. Un métier qui demande une patience infinie, de la motivation, de la discipline et surtout de la concentration. Le produit fini, unique en son genre, n’est souvent obtenu qu’après de longues heures, voire plusieurs jours de travail. «Ce métier, c’est ma passion et mon gagne-pain», nous confie-t-elle.
De nature positive, l’artisane songe pourtant à tout arrêter aujourd’hui. En effet, après avoir suivi une formation de deux ans auprès de Jean-Pierre Baquere, maître verrier à Paris, Francesca a fondé son atelier chez elle en 2012. Une démarche qui lui a coûté près de Rs 700000. Cinq ans après, elle n’a pas eu de retour sur ses investissements même si ses produits sont très prisés par les touristes.
«Parfois, j’ai envie de tout abandonner»
Quelque peu amère, elle ajoute que «certaines soirées dans les hôtels peuvent me rapporter jusqu’à Rs 15000 mais d’autres sont moins fructueuses. C’est décourageant car on dépense notre temps et notre énergie pour confectionner ces objets, qui se vendent finalement au compte-gouttes. Parfois, j’ai envie de tout abandonner.»
Comme Francesca, des centaines d’autres artisans qualifiés lancent un appel au gouvernement. Ils estiment que leurs produits ne sont pas suffisamment mis en valeur et souhaitent avant tout avoir davantage de visibilité auprès des touristes, leurs clients principaux. «Nous aimerions pouvoir exposer nos produits dans davantage d’hôtels et à l’aéroport. Les touristes sont conscients de la valeur de nos produits», fait remarquer cette mère de deux filles.
Des produits «made in China» vendus sur le marché local
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<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/aa509701.mxf_.01_23_00_09.still001.jpg" width="620" />
<figcaption>Uniquement deux apprentis dans cette classe de pyrogravure.</figcaption>
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<p>C’est Anil Gayan, ministre du Tourisme, qui préside le nouveau comité ministériel, mis en place la semaine dernière, en vue de donner un nouveau souffle au secteur de l’artisanat. Celui-ci bat de l’aile depuis des lustres. Un des écueils identifiés : le peu d’intérêt des Mauriciens pour le métier d’artisan. C’est l’argument mis en avant par Bhimsen Abacousnac, Chief Operating Officer de MyBiz.</p>
<p>En témoigne, le peu d’élèves dans les différentes salles de formation à la Craft Academy de la <em>Small and Medium Enterprises Authority</em> (SMEDA). Pourtant, des cours gratuits sont offerts, étalés sur une période de six mois. Sans parler des efforts de marketing pour remplir les classes. Peine perdue. Les résultats ne suivent pas.</p>
<p>Les cours couvrent plusieurs métiers d’artisanat: le bois, le verre, la céramique ou encore le textile. Un point commun : l’apprentissage de la création de pièces rares, d’objets dynamiques, plus vrais que nature. Un véritable travail de fourmi. Du fait main qui pourrait valoir de l’or. Mais il n’en est rien.</p>
<p>Des artisans talentueux baissent les bras car ils n’arrivent pas à vivre de leur art, explique Bhimsen Abacousnac. «<em>C’est un secteur qui va de pair avec le secteur du tourisme. Or, la plupart des produits d’artisanat vendus sur le marché local sont importés. Sachez que les touristes achètent des figurines de dodo fabriqués en Chine !»</em> Selon lui, ces produits devraient être des exclusivités mauriciennes, afin de protéger l’artisan local.</p>
<p>Bhimsen Abacousnac se veut rassurant. Les enseignants à la Craft Academy multiplient les efforts pour relancer le secteur, avec l’aide des autorités. Qui plus est, un accord a été signé en janvier entre la Maurtius Duty Free Paradise et le ministère de l’Activité économique, de l’entreprise et des Coopératives. Les artisans peuvent désormais mettre leurs produits en avant dans une prime area de l’aéroport.</p>
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