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[Vidéo] Paiement de Rs 3000 pour camper: en caméra cachée à la Beach Authority
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[Vidéo] Paiement de Rs 3000 pour camper: en caméra cachée à la Beach Authority
Cacophonie. Doit-on effectivement débourser Rs 3 000 en guise de caution si on veut aller planter sa tente, en petit comité, sur les plages? Les ministres Soodhun et Sinatambou affirment que non. La Beach Authority (BA) dit que si. Qu’en est-il vraiment? Nous avons promené notre caméra cachée dans leurs locaux.
14 heures, vendredi. Il fait aussi chaud dans les rues port-lousiennes qu’à la plage un dimanche. Les géants de béton sont là pour aider les rêveurs à garder les pieds sur terre. Un bâtiment grenat et gris abrite les locaux de la BA. La caméra est bien cachée – on ne vous dira pas où.
À l’accueil, une gardienne en uniforme.
Nous : Beach Authority ki létaz sa silvouplé?
Elle : Pou ki zafer sa? Pou kanpé? Peyman?
Décidément, dès l’entrée, on en veut à notre argent. Au cinquième étage, assises sur un transat, non, un canapé, de gentilles dames font un brin de causette. Avec une autre qui est derrière son bureau. «Nous allons camper les 1er, 2, 3 avril, nous serons à six personnes et nous voulons savoir s’il faut payer Rs 3 000 s’il vous plaît.»
La dame en blouse bleu roi nous explique qu’il faut remplir un formulaire bleu ciel. D’accord, mais est-ce qu’il faut payer? «C’est pour combien de jours?» Excusez-nous mais on vous l’a dit madame: trois. Et nous respectons le délai de «préavis» de 21 jours. «Il faut donner les informations, on va vous contacter. Il faut remplir le formulaire…» La patience s’aventure dans des sables mouvants. On cherche quelqu’un qui pourra nous donner davantage de renseignements.
Direction un bureau avec baie vitrée et vue sur d’autres bureaux. La porte se referme, un «expert en la matière» prend le relais. Interrogatoire à huis clos.
Nous : Nou pé al kanpé lé 1er, 2, 3 avril, nou pou a 6 dimounn parla. Eski nou bizin pey Rs 3 000?
Lui : Pa bizin péyé sa. Sé enn deposit ki randé apré.
Nous : Wi, mé mem si nou zis a 6 ou 8, nou bizin péyé?
Lui : Wi. Lerla kan aktivité fini, dan 2-3 sémenn nou ranbours deposit-la. Sa sé zis par exanp si dan twalet robiné kasé tousala.
Nous : Mé kouma ou pou koné sipa nou kinn kas robiné-la?
Lui : Éna enn dimounn laba.
Nous : Ah ?
Lui : Ranpli form-la. Ou pou gagn répons dan enn sémenn. Lerla ou kapav al CEB et CWA pou fer aplikasion pou kouran ek delo.
Nous : Nou al rampli form nou vini la.
Avant de décamper : Et sinon, qu’est-ce qu’on appelle une tente? Un prélart, des saris ou des paréos noués autour des reins des arbres? «Éna bann dimounn pran markiz tousala. Latant sé kot ou kasiet pou dormi. Kan zot pé alé la?» On vous l’a dit monsieur: les 1er, 2, 3 avril.
Polémique : d’où vient ce grain de sable?
La BA compte «rénover» plusieurs plages dès ce mois-ci, dont celles de Mont-Choisy, Flic-en-Flac, Péreybère, Belle-Mare, La Prairie et Anse-la-Raie. Au programme: l’installation de nouvelles toilettes, de bancs et autres douches, notamment. Le Beach Management Plan s’attaque également au camping. Des zones spéciales seront dédiées à cette activité, la situation étant chaotique, selon la BA.
«Nous avons eu cette idée après avoir remarqué que pendant la période des fêtes, les campeurs envahissent les espaces réservés aux piqueniqueurs. Nous voulons qu’il y ait de la place pour ceux qui viennent passer des journées en famille», affirme le directeur général de l’organisme, Dhuneeroy Bissessur. Il ajoute que la BA cherche aussi à protéger l’environnement. «Beaucoup de campeurs allument des foyers sous les arbres. Ils nuisent aux plages.»
Et puis, il y a eu les Rs 3 000 et les 21 jours de délai, ou plutôt de discorde. Une somme «modique», selon la BA. Un préposé soulignait d’ailleurs que plus de 600 campeurs se sont acquittés des frais de Rs 3 000 pour un dépôt remboursable depuis 2004. «Il n’y a jamais eu de tollé. Les campeurs payaient normalement…» Ce qu’il ne dit pas, c’est que cette mesure s’appliquait surtout à ceux qui font des rassemblements sur les plages, comme un mariage ou une réunion de scouts.
Quoi qu’il en soit, le ministre de l’Environnement s’en est mêlé. «Il est hors de question que les Mauriciens paient pour pouvoir camper sur nos plages.» Il rejoint en ce sens le Premier ministre, Pravind Jugnauth, dit-il, sur le fait que la plage est une propriété publique et que le camping en bord de mer ne peut être monnayé.
Le ministre du Logement est des terres a aussi ajouté son grain de sable. Lors d’un point de presse, il a même fait comprendre qu’il allait prendre des sanctions contre celui qui a déclaré que cette activité deviendrait payante. Une poignée de sable envoyée dans les yeux du directeur général de la BA.
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