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Acheter un diplôme, mode d’emploi

5 mars 2017, 21:30

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Acheter un diplôme, mode d’emploi

The Trinity College & University, Canterbury University, Hamilton University, Hartford University, Rockville University… Ce que ces institutions ont en commun? Elles vendent leurs diplômes en ligne. Ces noms ont été mentionnés par Nassir Khadun, adjoint au commissaire de la National Transport Authority, dans un entretien publié dans l’express du 28 février. Nous avons voulu en savoir davantage.

Rien de plus facile que de se procurer un diplôme de licence ou de master. Il suffit de se munir d’espèces sonnantes et trébuchantes. Ou, du moins, d’une carte de crédit, voire d’un compte PayPal.

Nous avons tenté d’obtenir un diplôme sur instantdegrees.com. Il s’agit d’une «private degree institution». Comble de l’ironie, le site affiche une mise en garde contre les faux diplômes.

Une fois le mail envoyé pour s’inscrire, il faut passer à la caisse. Entre 210 dollars et 285 dollars, soit entre Rs 7 000 et Rs 10 000. Cela comprend des manuels à acheter pour cette «life learning experience». Quant au diplôme, il sera adressé par courrier recommandé à votre adresse. Mais avant, une étape cruciale: régler la note.

Toutes les démarches administratives se font en ligne ou par courriel. L’explication? L’université ou autre institution d’enseignement supérieur n’a tout simplement pas de locaux!

Lors de nos recherches, nous découvrons que des sites web proposent toute une panoplie de faux documents – des résultats, la carte d’étudiant, la thèse… La thèse à elle seule peut coûter jusqu’à 4 500 dollars. À ce chapitre, il existe des sites qui proposent les services de fausses thèses, sur tous les sujets imaginables.

L’un des sites web populaires s’appelle cheapcollegedegrees.net. Cette page web propose un diplôme en cinq jours, en s’appuyant sur l’expérience professionnelle du demandeur. Un Bachelor of Arts coûte 130 dollars, un master 155 dollars.

L’institution qui accorde le diplôme n’est pas reconnue. Pas plus que le Trinity College & University, l’une des institutions mises à mal par le Public Bodies Appeal Tribunal à la suite de la plainte de Nassir Khadun. Cette université propose des diplômes dans toutes les filières, sauf la médecine. Aucun cours, aucun examen. «The award is based on your previous experience», peut-on lire sur le site. Rien n’empêche donc le demandeur de s’inventer un flamboyant parcours professionnel afin d’obtenir un diplôme à la hauteur de ses ambitions.

Plus près de nous, il y a l’université de Canterburry, qui s’est «installée» – virtuellement – aux Seychelles. Grâce au site web instantdegrees.net, elle vend des diplômes. Et de l’illusion.

La TEC sollicitée au cas par cas

Il est fréquent que la Tertiary Education Commission (TEC) soit approchée pour vérifier des diplômes, dit le Chairman, Suren Bissoondoyal. «L’instance est sollicitée par des employés, des employeurs et des individus pour des reconnaissances de diplômes et d’équivalences. Si nous avons des doutes, nous vérifions auprès des organismes internationaux», fait-il remarquer. Pour qu’un diplôme soit reconnu, il faut que l’awarding body soit reconnu dans le pays où il est octroyé.

«Un background check obligatoire» 

La Mauritius Association of Human Resource Professionals veille au grain. Selon un dirigeant de cette association, les responsables des ressources humaines sont tenus de vérifier tous les documents soumis lors d’un entretien d’embauche. Notre interlocuteur ajoute que les candidats doivent remettre les documents originaux à des fins de vérification.

Au cas contraire, les copies doivent être certifiées conformes par un avoué. «Dans ce cas, ce n’est pas une question de diplôme mais de qualifications. Nous faisons un background check sur la provenance des diplômés.»