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Affaire Álvaro Sobrinho: le fils de Collendavelloo se défend d’avoir eu une berline
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Affaire Álvaro Sobrinho: le fils de Collendavelloo se défend d’avoir eu une berline
«On my way to work and I hear my name on the radio! (...) And just so you know, here’s a pic of the Renault Megane which I am currently driving to go to work!» C’est le post qu’Irvin Collendavelloo, le fils du vice-Premier ministre Ivan Collendavelloo, a posté en ce matin du lundi 6 mars. Sans mentionner l’affaire Álvaro Sobrinho, il laisse entendre qu’il n’a pas eu de berline de ce milliardaire angolais.
Álvaro Sobrinho a acheté, à Maurice, quatre Range Rover et trois Jaguar pour Rs 40 millions, ce qui intrigue. Une question est sur toutes les lèvres : à qui le banquier a offert ces berlines ? Outre un haut fonctionnaire à la State House, des Very Very Important Persons auraient profité des voitures de l’homme d’affaires Àlvaro Sobrinho, dont l’épouse et le fils d’un ministre. Nous avons essayé de les contacter, sans succès.
Le fils d’un Senior Adviser au PMO
Le nom d’Alexandre Duval a aussi été cité, toutefois son père, Xavier-Luc Duval, a démenti l’information. Interrogé dimanche après le congrès du Parti mauricien social-démocrate à Ebène, le leader de ce parti a déclaré : «Mes deux fils conduisent une Toyota et un 4x4.»
Le fils d’un Senior Adviser au Prime Minister’s Office aurait aussi bénéficié des largesses de l’homme d’affaires. Le Senior Adviser est resté injoignable. Le nom d’un proche de la présidente est aussi cité. Il a travaillé avec Ameenah Gurib-Fakim à l’université de Maurice. Contacté, il n’a pas voulu faire de déclaration.
Les employés auxquels les berlines ont été enregistrées
En tout cas, une autre source affirme, elle, que sont des employés de compagnies d’Álvaro Sobrinho qui conduisent ces berlines. Voici les plaques d’immatriculation, les employés en question et leur poste.
5613AG16 Janice Beehary, HR ;
5612AG16 Bernardo Correira, Financial Analyst ;
AM1962 Alvaro Sobrinho, CEO ;
J1972 Jose Pinto, Board Director ;
AF1973 Mauricio Fernandez, Deputy CEO ;
9197DC16 Dominik Wallinger, CFO ;
857JN17 Kelly Taylor, Compliance Officer ;
D1955, véhicule utilisé pour des événements et des visiteurs étrangers.
Navin Ramgoolam plaide, lui, pour une enquête approfondie sur cette affaire. Le leader du Parti travailliste intervenait en marge d’un congrès à Quatre-Bornes dimanche.
Quant à Pravind Jugnauth, il invite Paul Bérenger à prouver ses dires. Le leader du Mouvement militant mauricien (MMM) avait avancé, samedi, que le Premier ministre et le secrétaire financier Dev Manraj sont «les principaux responsables de cette affaire». Il avait argué que Pravind Jugnauth aurait fait voter l’amendement donnant le pouvoir à la Financial Services Commission (FSC) d’octroyer les permis d’investment banking. Lui donnant la réplique dimanche, le leader du Mouvement socialiste militant a lancé : «Ce sont des allégations farfelues.» Pravind Jugnauth a indiqué qu’il n’était pas derrière l’amendement de l’article 79 (a) du FSC Act, qui fait partie du Finance Appropriation Bill.
La contre-attaque n’a pas tardé. Dans une déclaration à l’express, dimanche, Reza Uteem, député du MMM, a trouvé «choquants et scandaleux» ces propos de Pravind Jugnauth. Pour le député mauve, le Premier ministre veut faire croire qu’il a oublié qu’il a fait voter cet amendement donnant le pouvoir à la FSC d’octroyer les permis d’investment banking. «Selon cet amendement, c’est la Banque de Maurice qui octroyait les permis d’investment banking. Mais ce pouvoir a, ensuite, été donné à la FSC.» Le 26 août, la nouvelle loi a été circulée, puis votée le 31 août. Par la suite, le milliardaire Álvaro Sobrinho a fait sa demande d’investment banking and corporate advisory licence à la FSC.
Pour sa part, Sudhir Sesungkur dément avoir pris position contre la FSC. Le nouveau ministre de la Bonne gouvernance, qui était sollicité, dimanche, par l’express, affirme avoir fait un constat indépendant de la situation.
«On doit savoir que dans toutes les juridictions, il y a des cas comme cela. Même si le régulateur prend toutes les précautions, il est impossible qu’il y ait un sans-faute. Au niveau du ministère, on suit la situation de près, pour voir s’il y a des défaillances et des faiblesses. Avec la création du joint working group, qui regroupe des officiers de la Financial Services Commission et de la Banque de Maurice, il y aura un travail de coordination, surtout en ce qui concerne les permis pour des ouvertures de comptes.»
Et pourtant, la FSC et le ministre Sesungkur étaient en contradiction durant la semaine écoulée. «Comment est-ce que la FSC justifie-t-elle l’octroi d’un permis à Álvaro Sobrinho alors que la Bank of Mauritius en a rejeté la demande? La FSC est sans Chief Executive Officer depuis deux ans, son ex-Advisor, Akilesh Deerpalsing, travaillait avec le ministre et s’occupait de la FSC. C’est de la bonne gouvernance ça ?» avait-il notamment dit.
Samedi, Pravind Jugnauth avait prudemment pris à contre-pied son ministre. Son extrême prudence soulignait la complexité politique de l’affaire Alvaro Sobrinho.
De son côté, Me Ravin Chetty, Senior Counsel (SC), dit ne pas avoir traité avec Álvaro Sobrinho. Joint au téléphone par l’express dimanche, il a précisé : «Je n’ai pas traité avec le monsieur mais avec les juristes étrangers d’une de ses sociétés.» Me Ravin Chetty figure parmi les ténors du barreau mauricien dont les services ont été retenus par l’homme d’affaires angolais. Il confie avoir travaillé pour les sociétés d’Álvaro Sobrinho durant «deux, trois mois», soit de fin 2015 à février 2016.
A-t-il aidé le richissime client dans ses quelconques démarches de permis auprès des autorités mauriciennes ? «Non. Nos services ont été retenus uniquement pour des conseils juridiques sur le climat des affaires et nous n’avons jamais approché une quelconque institution ou fait des demandes d’autorisation pour lui», fait valoir le Senior Counsel.
L’express a également sollicité Me Iqbal Rajahbalee, SC. Celui-ci est Managing Partner d’un cabinet international d’avocats dont les services ont également été retenus par Álvaro Sobrinho. L’homme de loi soutient ne pas avoir travaillé «personnellement» sur le dossier des sociétés du milliardaire angolais. Il dit souhaiter s’enquérir d’abord avant de pouvoir en dire davantage ce lundi.
Les ONG d’Álvaro Sobrinho
Qu’en est-il des ONG d’Álvaro Sobrinho ? Sur le site web officiel du milliardaire angolais, un article explique qu’il y a cinq pays principaux où il a investi massivement depuis 2015. Maurice est en troisième position. On y retrouve la Tanzanie en premier, suivie de l’Angola, du Botswana et de la Namibie. Concernant Planet Earth Institute, il avance que le bureau central se situe à Londres. Il est aussi constitué d’un bureau régional en Angola et a plusieurs branches à travers l’Afrique. En ce qui concerne Maurice, il avance que le pays a le plus faible taux d’impôt sur le revenu et qu’il constitue une passerelle pour les opérations sur le continent, surtout en Afrique de l’Est.
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