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Mahébourg: la régate menacée de disparition

9 mars 2017, 11:11

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Mahébourg: la régate menacée de disparition

Les grandes dates où les régates étaient au rendez-vous à Mahébourg sont choses du passé. Plusieurs mois maintenant où aucune course n’a été organisée. Les amoureux de cette discipline sont résignés…

Sale temps pour la régate. C’est le triste constat des amateurs de courses de bateaux à voile, mais aussi de ceux qui pratiquent ce type d’activité. Depuis peu, il semblerait que cette discipline recule à Mahébourg, au grand dam de ceux qui, depuis des années, vivent au rythme de ces compétitions.

«Régat inn fer dépi lané dernié. Ziska zordi, okenn pri pankor gagné ! Ki régat ou pé kozé ?», lance, d’un ton désabusé, cet homme rencontré au bord de la mer. Visiblement déçu, ce barreur pourtant reconnu de la région ne s’attardera pas parmi les hommes qui évoquent la disparition des régates de Mahébourg. C’est en effet un sentiment de révolte et d’abandon qui règne parmi certains amoureux de ce sport. Le ministère du Tourisme et les organisateurs de régates leur auraient fait faux bond, disent-ils.

«C’est vrai. Certaines personnes gagnantes des différentes courses organisées pendant les régates tenues dans le cadre du Festival Kreol et ceux qui ont défilé n’ont toujours pas touché leur dû», confirmera Maurice Rabaye, autre barreur. Des sommes d’argent, représentant des cash prizes de Rs 30 000 sont encore attendues. Lui, comme d’autres confrères qui font partie des nombreux équipages évoluant à Mahébourg, dit être dans l’expectative d’une prochaine régate depuis le mois de novembre. «Nous sommes déjà en mars, à trois jours de la fête de l’Indépendance, et pas une régate n’a eu lieu. Normalement, il y en a une qui se tient en février pour l’Abolition de l’esclavage et un deuxième pour l’Indépendance», souligne-t-il.

Indiren Armoogum, habitué des régates et étant un des meneurs d’équipage le plus connu du village, ne cache pas son pessimisme. Il ne mâche pas non plus ses mots quant à cette situation : «il n’y aura pas de régate pour le 12 mars car il n’y a plus de volonté pour nous soutenir», avance-t-il. Selon lui, ce sont des centaines de membres d’équipage, barreurs et autres propriétaires de bateaux de régate qui se retrouvent privés de ce loisir. «Et je ne compte pas les villageois et les Mauriciens qui suivent les régates dans ce nombre», soupire-t-il.

Outre l’aspect loisir, il y a surtout la disparition éventuelle de ce qui depuis toujours a été plus qu’un folklore à Mahébourg. «La régate fait presque partie de l’histoire du village. Des générations de villageois et de Mauriciens apprécient les régates pour lesquelles Mahébourg est renommé», fait ressortir Indiren Armoogum. Cet engouement est tel que, selon ses estimations, il y a au moins une vingtaine de pirogues uniquement dédiées aux régates dans ce village qui compte beaucoup de pêcheurs.

«Certains ont investi gros dans ces bateaux, allant jusqu’à Rs 250 000 pour quelques-uns. Maintenant, ces pirogues dorment là», lâche-t-il, un brin défaitiste, tout en montrant une de ces pirogues de régate. Sous une bâche, solidement maintenue par des cordes, mais aussi par des pierres, se cache une pirogue superbement maintenue. Elle est peinte aux couleurs d’un club très connu à Mahébourg, et aussi autour de l’île, pour ses nombreuses victoires.

Si pendant ces dernières années il y avait eu un regain d’intérêt pour la régate à Mahébourg, il semble que le vent ait tourné depuis. Marco Alphonse, secrétaire de l’association Kite Surfing & Sailing de Maurice, avait été un des moteurs permettant aux courses à la voile de revivre à Mahébourg.

«Nous avons lutté pendant plus de 20 ans et, en 2015, nous avions eu le soutien de la Mauritius Tourism Promotion Agency pour organiser des régates régulièrement au cours de l’année. Cependant, en 2016, cet organisme nous a annoncé qu’il n’allait plus collaborer avec nous. Et il y a eu une politisation des régates. Ce sont des proches des politiques, élus de la circonscription nº12, qui ont pris en main l’organisation des régates, avec les conséquences néfastes que nous connaissons.» Son association s’est, depuis, mise en retrait, dit-il.