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Vasant Bunwaree: «Tant que Ramgoolam sera le leader du PTr, ce parti stagnera»

11 mars 2017, 17:30

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Vasant Bunwaree: «Tant que Ramgoolam sera le leader du PTr, ce parti stagnera»

L’ancien ministre du Parti travailliste Vasant Bunwaree soutient que son parti, le Muvman travayis militan, s’alliera au Parti mauricien social-démocrate aux prochaines législatives. Il se montre très critique envers Navin Ramgoolam et se dit prêt à le rencontrer pour «l’aider à trouver une voie de réhabilitation».

Vasant Bunwaree, vous avez décidé de virer au bleu. Quelle en est la raison?

Je précise que je ne vire pas au bleu mais que c’est mon parti, le Muvman travayis militan (MTM), qui a conclu un arrangement avec le Parti mauricien social-démocrate (PMSD). Je connais bien Xavier-Luc Duval pour l’avoir côtoyé plusieurs années alors que nous faisions partie du même gouvernement. Quand il a pris la décision de démissionner du gouvernement pour ne pas voter le Prosecution Commission Bill, j’étais la première personne à le saluer. Comme beaucoup de Mauriciens, je suis farouchement opposé à ce projet de loi, qui vise à mettre sous l’éteignoir le rôle du Directeur des poursuites publiques. À partir de là, j’ai vu, dans le PMSD, un parti qui est contre la dictature. 

Vous avez donc décidé de conclure un arrangement électoral avec lui… 

Laissez-moi poursuivre mes explications avant de répondre à cette question. Après la passation de pouvoir, le leader de l’opposition a réuni tous les parlementaires de l’opposition en vue d’organiser une marche pacifique. Encore une fois, je l’ai salué pour cette initiative. Xavier Luc Duval m’a demandé de participer à cette marche, ce que j’ai fait… 

On se souvient encore que vous avez même participé à une fête d’anniversaire en son honneur ? 

À deux reprises… Une fois à Mahébourg et l’autre à Quatre-Bornes, lorsque son anniversaire avait été organisé par ses mandants. 

Depuis, c’est le grand amour entre le MTM et le PMSD ? 

Vous savez, le PMSD m’a rendu la politesse. Nous avons pris l’habitude, ces deux dernières années, soit depuis la création de notre parti, de déposer une gerbe au pied d’un kiosque chaque 23 février au Champ-de-Mars. Lieu où Maurice Curé, grand tribun du Parti travailliste (PTr), avait réuni une grosse foule pour l’émancipation des travailleurs. Cette année, nous avons organisé cette activité le 27 février, le 23 étant la veille de la fête Maha Shivaratree. Malheureusement, Xavier Duval n’était pas au pays, mais il s’est fait représenter par le secrétaire général du parti, Mamade Khodabaccus. Depuis cette date, je rencontre Xavier-Luc Duval chaque semaine. C’est ainsi que j’ai été invité à assister à son congrès des femmes le 5 mars à Ébène, en compagnie de dizaines de mes sympathisantes. 

Vous confirmez donc que vous avez conclu un arrangement électoral avec le PMSD… 

Il n’y a pas encore d’arrangement, mais je peux vous dire que c’est une certitude que nous irons ensemble aux prochaines élections. Élections qui, je précise, pourraient se tenir n’importe quand. 

«J’avais conseillé à SAJ de ne pas démissionner de son poste.»

On sait que vous ne pouvez pas travailler avec Navin Ramgoolam . Q u e se passera-t-il si le PMSD décide de faire alliance avec le PTr pour les prochaines législatives ?

Non, cela ne se passera pas comme vous le dites. J’en ai déjà discuté avec Xavier-Luc Duval, mais je ne vous révélerai rien pour l’instant. 

Êtes-vous en train de dire que le PMSD ne s’alliera pas au PTr ? 

Pas le PTr de Ramgoolam. De toute façon, le MTM incarne le travaillisme. Je connais la force de mon parti aux n°s 12, 7 et 18 à Quatre-Bornes. Et, dans quelques mois, nous aurons une belle assise aux nos 5, 6, 8, 10, 11 et 13. 

Le MTM est-il le challenger du PTr ? 

Je ne veux pas utiliser le mot challenger, mais je sais qu’il y a beaucoup de partisans du PTr qui veulent se joindre à nous, surtout que leur parti stagne. Et tant que Navin Ramgoolam en sera le leader, ce parti ne progressera pas. 

Pourquoi n’avez-vous pas été candidat au n°12, puisque vous semblez penser que vous êtes très fort dans cette circonscription? 

Vous savez, je venais de quitter le PTr. J’avais et j’ai encore beaucoup de sympathisants du PTr dans cette circonscription. Ma campagne aurait été axée sur Navin Ramgoolam. Je n’ai pas voulu le déshabiller politiquement. C’est pourquoi j’ai laissé le champ libre à mes partisans dans leur choix. 

Vous êtes très critique envers Navin Ramgoolam. Pourquoi ? 

Il a fait beaucoup de tort au PTr. Quand j’étais le secrétaire général, entre 2000 et 2005, j’ai pu insuffler du sang neuf au parti. J’ai mis en place des Constituency Labour Parties; le bureau politique se réunissait régulièrement et nous avions créé le policy forum dont Rama Sithanen faisait partie. Mais aujourd’hui, tel n’est plus le cas. Navin Ramgoolam a trois grands défauts qui sont étalés au grand jour. Je n’en dirai pas plus. Vous savez, il y a quelques mois, quand j’étais dans ma circonscription, j’ai vu des agents du PTr placer des bouteilles de rhum dans un autobus qui emmenait des sympathisants à une réunion politique. Ne dit-on pas que l’exemple doit venir d’en haut ? 

Est-ce parce que vous n’avez pas obtenu un ticket aux dernières élections générales que vous êtes amer ? 

Je crois qu’il serait mieux que vous demandiez à Navin Ramgoolam pourquoi je n’ai pas obtenu de ticket. Mais je peux tout de même vous révéler une chose. Deux jours avant qu’il n’officialise l’alliance avec le Mouvement militant mauricien (MMM), je lui ai dit qu’il menait le PTr à sa perte. Je lui ai demandé s’il était d’accord que Paul Bérenger devienne Premier ministre (PM), que Jayen Cuttaree soit le vice-président de la République et que le Speaker soit issu du MMM. «Mé ki pé ariv PTr ?» lui ai-je demandé. Peut- être qu’après cela, il a décidé de ne pas m’accorder de ticket. 

Le pont est-il coupé entre vous et Navin Ramgoolam? 

Je suis disposé à le rencontrer. Non pas pour lui parler de ses défauts, car il les connaît bien, mais pour trouver une voie de réhabilitation pour lui. Il en a bien besoin. Et je constate aussi que d’autres dirigeants du parti doivent changer. 

Que prévoyez-vous pour les prochaines élections générales ?

Une chose est sûre. L’alliance Mouvement socialiste militant Muvman Liberater sera bottée hors du pouvoir. Elle devient chaque jour plus impopulaire. Vous savez, j’avais envoyé un message à sir Anerood Jugnauth et à Pravind Jugnauth. J’avais conseillé à l’ex-PM de ne pas démissionner de son poste. Mais qu’il s’allège de son fardeau. Qu’il reste PM et préside le Cabinet. Après cela, j’ai fait comprendre à Pravind Jugnauth qu’il est un PM illégitime. Qu’il aurait mieux fait d’organiser des élections dans un délai de six mois et de se porter candidat au poste de PM. Mais ils ont choisi la voie qu’ils ont choisie et ils en paieront les conséquences. 

Parlons de l’éducation avant de terminer cet entretien. Quelles ont été vos plus grandes satisfactions?

L’introduction de la langue kreol à l’école. D’ailleurs, j’ai choisi cette langue pour mon parti. Il y a aussi eu la possibilité que des enfants n’ayant pas réussi aux examens du Certificate of Primary Education passent à nouveau l’épreuve en cas d’échec dans une matière. 

Et quelle est votre appréciation de la performance de votre successeur au ministère de l’Éducation?

Je ne veux citer que le Nine-Year Schooling. Elle a tout gâché. J’avais déjà préparé le Nine-Year Schooling. Mais l’actuelle ministre n’a pas éliminé l’aspect de la compétition. Au contraire, la concurrence sera plus rude. Les enfants commenceront à prendre des leçons particulières dès le Grade 3, et ce jusqu’au Grade 9, afin d’obtenir une place dans une académie. Après cela, il y aura encore des leçons privées pour le School Certificate et le Higher School Certificate. Alors que moi, j’avais fait abolir les leçons en Standard IV.