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Vikash Gopal: la crème des marchands d’alouda

11 mars 2017, 14:08

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Vikash Gopal: la crème des marchands d’alouda

Derrière les gros bidons en aluminium, un petit homme. Il tient une énorme louche dans sa main gantée. Son oeil nous lorgne. «Vous prenez un verre ?» Goûtons pour voir si le lait est bon.

Il vide son verre. La marmite d’alouda, Vikash Gopal est tombé dedans quand il était jeune. «Sa fer 19 an ki mo dan sa bizness-la.» Et l’affaire marche ; les clients accourent. L’emplacement de Vikash est bien en vue au food-court, juste à côté du marché de Quatre-Bornes. Où il règne un joyeux bazar en ce mercredi après-midi.

Le marchand de 46 ans a toujours eu un faible pour cette potion laitière, magique pour le gosier. Même au temps où il était employé d’usine. Chaque soir après le boulot, il passait par Arab Town, histoire d’étancher sa soif. Le breuvage glacé lui a donné une idée toute fraîche : lancer son propre business.

«Avan, kan nou ti pé travay kot bazar, ti éna plis klian. La, sa fer enn an edmi ki monn vinn isi.» Depuis, la vie n’est pas tout à fait rose, contrairement à son alouda. Les ventes ont baissé de moitié, confie l’habitant de Palma.

Pas de quoi désespérer comme Perette non plus. Des verres d’alouda, il en vend entre 300 en jours de semaine et 400 pendant le weekend. Le prix : Rs 23. Si l’on en croit les dires de la calculette, cela équivaut à un chiffre d’affaires de plus de Rs 35 000 par mois.

Prendrait-il les clients pour des vaches à lait ? «Non ! Ena marsan vann Rs 25 dépi dilé inn ogmanté. Mwa non. Anplis, mo servi délo Vital.» Pour ceux qui veulent éviter la diarrhée, c’est chez Gopal qu’il faut passer, précise l’alouda-man, pas du tout soupe au lait.

La recette du succès, c’est celle de son alouda. «Nou met bien ingrédian, rap lamouss, toc maria tousala. Nou vann sirtou gou vaniy. Apré, si klian oulé, éna zaman ek frez.» Et pour mettre du beurre dans les épinards, Vikash a dû se diversifier, se réinventer. Désormais, pour accompagner ses verres d’alouda, il propose des sandwiches bien garnis, préparés par son épouse de bon matin. Ainsi que du jus frais, pour que le compte en banque garde la pêche. «Bizin trasé sinon pa pou sirviv.»

Et puis, quand il n’est pas en train de se concentrer sur son lait, Vikash «okip lakour». Il ajoute : «Mo travay mardi à dimans. Ziss lindi mo gagné pou relax inpé.» Il en profite pour passer du temps avec ses enfants, qui n’ont plus, depuis longtemps, leurs dents de lait. «Enn éna 21 an, lot-la 15 an.» Comptentils prendre un jour la relève de leur père ? «Non. Enn fek fini liniversité, lot-la lékol.»

Soudain, Vikash s’impatiente. La queue devant son stand ne cesse de s’allonger. Il va falloir qu’il remette son tablier. Mais avant, il nous propose un verre d’alouda, «pou gouté». Quelques gorgées plus tard, le palais l’a adopté.