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Journée mondiale: Trisomique et alors ?
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Journée mondiale: Trisomique et alors ?
Il a 26 ans. Il travaille. Aime la musique et adore voyager. La seule chose qui différencie Irfan Jummer de ses amis, c’est qu’il est trisomique. Alors que l’on célèbre, mercredi, la Journée mondiale dédiée à cette «anomalie chromosomique», le jeune homme parle de ses passions et communique sa joie de vivre.
Il est un véritable boute-en-train. Parler de lui ? Sans problème. «Mo al lavant légim ek mo papa toulé gramatin», confie-t-il fièrement. Tout à coup, Irfan Jummer se met à imiter les encanteurs. La gestuelle, les cris et les expressions sont là. Sa mère est pliée en deux. «Il fait le pitre à chaque fois. Il aime imiter les gens dans toutes les situations, et il le fait tellement bien qu’on ne peut s’empêcher de rire», confie Ranam Jummer avec tendresse.
Elle a aujourd’hui 52 ans. À la naissance de son fils, elle ne savait pas qu’il était trisomique. Il a fallu qu’elle l’emmène à l’hôpital après un accident de moto pour qu’elle l’apprenne. Le petit Irfaan avait alors quatre mois. «Mais cela ne nous a rien fait. Il a grandi comme n’importe quel enfant», explique sa maman.
Irfaan Jummer a été scolarisé à l’école de l’APEIM, à Montagne-Longue. «Après, je suis devenu trop vieux», affirme le jeune homme, espiègle. Il a 22 ans lorsqu’il décide de ne plus y aller. Depuis, il aide son père, qui est marchand de légumes à Notre-Dame, Triolet et Montagne-Longue. «Je sais comment les peser, comment fonctionne une balance», poursuit Irfan, véritable moulin à paroles.
À en croire sa mère, il sait aussi manier un balai. Ranam Jummer commence à nous raconter l’obsession de son fils pour la propreté lorsque ce dernier la coupe. «C’est moi qui nettoie la cour. Mais moins en ce moment, car on a coupé tous les arbres», dit-il
Qu’on ne s’y méprenne pas. Sa vie ne se résume pas qu’au travail. Il aime «tchaker» comme il le dit lui-même. «J’ai l’habitude d’aller dans les centres commerciaux. Mais c’est la danse que je préfère.» Sa belle-sœur confirme. Dans les anniversaires et mariages, c’est lui qui ouvre le bal.
Pas très content qu’une autre nous raconte ses passions avant lui, il va chercher son portable pour nous faire découvrir ses goûts musicaux. Sur sa playlist : des morceaux de Lin, Gary Victor et autres artistes locaux.
Mais le portable ne sert pas uniquement à écouter de la musique. «Mo koz ek mo 35 ousi lor la» laisse-t-il échapper avec un sourire entendu. Il refuse catégoriquement de nous montrer sa photo mais finit quand même par laisser filtrer quelques détails. L’élue de son cœur habite Plaine-des-Papayes.
Ses autres passe-temps ? «Wrestling et fim fer per.» Il tient tout de même à préciser que les films d’horreur ne lui font nullement peur et qu’il dort sur ses deux oreilles.
Et puis, contrairement à beaucoup de jeunes de sa génération, Irfan s’intéresse à la politique. Même s’il ne lit pas trop les journaux, beaucoup trop chers à son goût. Ce qu’il préfère, c’est écouter les autres et se faire sa propre opinion. Le sujet le passionne tellement qu’il a même la photo du leader du parti qu’il soutient dans son portefeuille… Pourquoi lui? Le ton devient sérieux. Il ne rit plus. Hormis le fait que son oncle est proche dudit parti, Irfan est persuadé que ce n’est que lui qui a les capacités de «sauver» le pays.
Sinon, de quoi rêve un jeune de son âge ? Rencontrer Lin et Gary Victor. Et bien évidemment, construire sa maison et se marier. Comme son frère et ses cousins.
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