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Metro Express: Arab Town rasée, dimounn arazé
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Metro Express: Arab Town rasée, dimounn arazé
Le chemin qu’empruntera le controversé Metro Express a été finalisé. Le projet balaiera sur son passage des hauts lieux de notre patrimoine urbain. Parmi ceux qui seront chose du passé, déplacés : le marché de Belle-Rose, la promenade de Vandermeersch et Arab Town. Et du côté des étals, la colère gronde.
Des bruits, des tissus, des strings, des blouses, des légumes, des bols en plastique, de la nourriture. Bienvenue à Arab Town, à Rose-Hill. En ce vendredi matin, comme tous les jours, la «ville» grouille de vie. Les toits en tôle et les étals surchargés devraient cependant être choses du passé. La municipalité ayant décidé de demander aux commerçants de lev paké, pour céder la place au Metro Express. Chamboulant, au passage, le train-train quotidian.
Dont celui de Rajesh, marchand de dal puri. «Pa koné kot sa bann krazer roti la pé rod avoy nou», ironise-t-il. Mais il est hors de question qu’il se laisse rouler dans la farine. «Déza travay inn bessé dépi pri dal puri inn monté.» Tout ce qu’il sait, c’est qu’à cause du Metro Express, il va devoir déménager contre son gré, après 15 années passées au même endroit. «Ban klian-la pa pou rod vinn dan nouvo landrwala. Zot fini abitié isi.»
Lui aussi est un habitué des lieux. Assis au milieu de ses culottes et de ses kaftans, Hossen Boodhoo, 50 ans. Depuis plus de 30 ans maintenant, ses journées, il les passe ici. Avec ses clients, ses copains, sa routine. S’il ne veut pas bouger de là, ce n’est pas seulement parce qu’il craint pour ses sous-vêtements et son chiffre d’affaires. Entre Hossen et Arab Town, c’est une vraie histoire d’amour qui s’est tissée au fil du temps.
«Ki Metro Express zot pé rod fer ? Pé rod fer koumma Lamérik isi. Nou nou enn ti lil, péna pou fer sa. Dir zot aranz sa bann simé défonsé-la avan.» Et puis, il n’y a pas que son avenir qui est en jeu. Mais également celui de ses enfants, qui ont déjà commencé à prendre la relève pour ce qui est du business. «J’ai été parmi les premiers commerçants à venir ici. C’était il y a 30 ans. Aujourd’hui, je paye Rs 13 800 tous les six mois pour un emplacement», explique-t-il, entre colère et nostalgie. Son affaire qui roule, il voulait la laisser en héritage à ses proches. Il croyait que la voie était toute tracée. C’était sans compter le «train» qui risque de faire dérailler ses rêves.
Plus loin, entre des pantalons cette fois. Mutazil, 22 ans, feuillette un journal avec avidité. Ce qui le branche, c’est le sport. Depuis trois ans, le fan de foot donne un coup de main à son papa. «Ti vot sa gouvernaman-la akoz zot ti dir prozé métro pa pou al dé lavan. Zot finn bien kouyonn nou.»
D’un seul coup d’un seul, les cris fusent à droite et à gauche. Des révoltés font entendre leur voix. À commencer par Nazim, qui vend des réveils et des montres. Remonté comme un coucou, il n’est pas d’accord avec le fait que ses heures passées à Arab Town soient désormais comptées. «Ti mama dir sési, ti mama dir séla, nou népli konpran.»
Selven Moothen, qui est visiblement la «grande gueule» du groupe, tient également à ajouter son grain de sel. «Simé Ter-RouzVerdun ankor pé kolé dépi dézan. Ou krwar metro express-la pou fini aranzé avan nou mor sa ?» Pour info, il fêtera ses 40 ans demain
Moins virulente mais tout aussi dépitée, Madame Jumeen, 53 ans. Elle range son pain maison qu’elle dévore avec appétit, s’essuie la bouche, prend un air sérieux. «C’est bien que le pays veuille progresser. Mais il ne faut pas qu’il y ait un développement à deux vitesses. Il faut aussi penser aux petites gens.»
Son chiffre d’affaires mensuel : Rs 20 000. Montant duquel il faut soustraire le loyer pour l’emplacement, l’électricité et autres frais inhérents au business. Parce que cela fait de «très nombreuses années» qu’elle y est, Madame Jumee ne compte pas se laisser faire si on ne lui propose pas une alternative acceptable. «Il n’est pas question qu’on nous reloge n’importe où.» Pour faire entendre sa voix, elle compte sur le soutien du syndicat des marchands. Qui se réunira le 30 mars, affirme-t-elle.
Ce qui est sûr, c’est que les commerçants d’Arab Town ne comptent pas se laisser débarquer sans livrer bataille. Avis à ceux qui tenteraient de les mener en bateau.
Un peu d’histoire
<p>C’est en octobre 1985, soit il y a 32 ans, qu’Arab Town, telle qu’on la connaît, a été officiellement inaugurée. Qualifiée, à l’époque, de «<em>réussite architecturale et commerciale</em>». Le lieu a du charme, affirme-t-on. La conception est signée Danjoux et Desai Associates et la construction confiée à Neetoo Industries. Coût des travaux: Rs 400 000.</p>
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