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Le Metro Express peut-il barrer la route aux embouteillages ?
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Le Metro Express peut-il barrer la route aux embouteillages ?
Cinquante-trois ans et 25 jours après la fermeture définitive de son système de transport en commun par voie ferroviaire, retour à la case départ pour Maurice. Le Premier ministre Pravind Jugnauth, pose le vendredi 10 mars 2017, la première pierre du Metro Express, nom donné à un nouveau système de transport collectif dont le pays se dotera et qui est financé avec l’aide du gouvernement indien. Un système censé contribuer à atténuer les effets pervers de la congestion routière qui coûterait quelque Rs 4 milliards par an à l’État, selon le Premier ministre.
La congestion routière, il faut en tenir compte, risque toutefois de ne pas se limiter à ses effets actuels. En effet, elle a le potentiel de faire plus de dégâts, étant donné que la croissance du nombre de véhicules sur les routes tourne autour de 5 % chaque année en moyenne. Au vu de cette situation, de nombreuses questions fusent.
Nombreuses questions
Comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les alternatives au transport par autobus ? Le Metro Express réussira-t-il à amener le Mauricien à préférer un système de transport collectif à sa voiture personnelle et influera-t-il sur les effets la congestion routière ? Autant de questions qui méritent d’être posées, alors même que le pays a fait son choix en termes de mode de transport alternatif.
«Les embouteillages à Maurice ne sont pas plus dramatiques qu’ailleurs. Mais on peut toujours atténuer le problème de deux manières», explique Éric Ng, économiste. Il propose deux solutions : enlever des ronds-points et introduire le péage, notamment à l’entrée de Port-Louis, en appliquant un système de tarif dégressif. «Il est certain que les embouteillages diminueront de manière drastique avec un système de péage.»
Restrictions sévères sur l’utilisation de véhicules privés
Pour Deva Armoogum, consultant indépendant, Fellow of the Chartered Institute of Logistics and Transport et entrepreneur explorant un mode d’agriculture alternatif, la permaculture, la réduction des effets de la congestion routière passe par le recours à un système de transport public assorti de restrictions sévères par rapport à l’utilisation de véhicules privés, comme c’est le cas à Singapour. Le Metro Express parviendra-t-il à réduire sensiblement les effets des embouteillages ?
Pas vraiment, argue Éric Ng. «Il y aura sans doute moins d’autobus sur les routes, mais sans plus. Les gens ne délaisseront pas pour autant le confort de leur voiture pour voyager par le métro. D’ailleurs, ils n’économiseront pas nécessairement du temps en choisissant cette formule.»
Multiples besoins des citoyens
Deva Armoogum partage ce point de vue : «Le métro est certes une option, mais il n’est pas certain qu’il puisse répondre aux multiples besoins des citoyens. Son attrait principal réside dans sa capacité à absorber une proportion importante de passagers sur les corridors urbains et de les véhiculer plus rapidement.»
À lui seul, le Metro Express ne pourra venir totalement à bout de l’ensemble des problèmes découlant de la congestion routière. Plusieurs mesures d’accompagnement sont nécessaires. Mais lesquelles ? Éric Ng identifie entre autres, la possibilité de rendre le coût de voyager en voiture plus élevé qu’en métro, l’augmentation des tarifs des aires de stationnement publiques, la hausse de la taxe sur l’achat de voitures neuves et d’occasion ou l’arrêt de la subvention sur les carburants aux compagnies d’autobus. Pour ce qui est de l’introduction du péage aux entrées de Port-Louis selon un système dégressif, indique-t-il, elle vise à décourager les gens «à prendre leur voiture sans raison valable» et d’encourager le co-voiturage.
Intégrer les différents modes de transport
Pour Deva Armoogum, la clé du succès du Metro Express «repose sur l’ingéniosité d’un réseau qui arrive à intégrer les différents modes de transport, y compris un système de navettes ayant un rayonnement plus large que les systèmes intra-urbains, avec en plus un coût abordable pour la majorité des usagers».
Le consultant préconise plusieurs autres mesures. Parmi celles-là figurent la mise en place d’un plan d’aménagement du territoire qui tient compte des développements passés et futurs, la décentralisation des services administratifs et la mise à contribution du sens d’innovation du pays avec de nouveaux pôles d’activités, «comme proposés avec les smart cities qui intègrent travail, loisirs et habitations».
Elimination du principe des voitures hors taxes destinées aux fonctionnaires
La liste de solutions proposées par Deva Armoogum comprend également la mise en place d’un mécanisme qui veillera à ce que la place libérée sur les routes ne soit pas prise par les autobus et autres véhicules. Il suggère aussi, l’élimination du principe des voitures hors taxes destinées aux fonctionnaires qui, selon lui, «est une aberration et va à contresens des objectifs visés», et l’introduction de diverses formes d’instruments pour tarifer la congestion.
Deva Armoogum estime toutefois que l’intégration demeure la condition primordiale. Faute de quoi, «personne n’aura intérêt à quitter sa voiture au garage et braver soleil ou mauvais temps pour grignoter quelques minutes sur son temps de trajet. Sans ce transfert vers de nouveaux modes de transport et l’apport de clientèle qui en résulte, l’incidence sur les embouteillages de même que la viabilité du métro seront peut-être compromises».
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