Publicité

Chamarel : les restaurateurs rejettent la formule all inclusive

24 mars 2017, 10:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Chamarel : les restaurateurs rejettent la formule all inclusive

Le «all inclusive», pratiqué par des hôtels de l’île, impacterait négativement sur les petits restaurateurs de Chamarel. Leur clientèle aurait chuté de moitié. Ils réclament un retour à l’ancien système.

«La formule all inclusive est en train de nous tuer à petit feu», disent les restaurateurs de Chamarel, qui font grise mine. Leurs restaurants et tables d’hôtes restent vides car les touristes ne prennent plus la peine de descendre manger chez eux. Un phénomène causé, selon eux, par la formule all inclusive et qui fait que les affaires vont de mal en pis pour eux. «Ce changement représente une grosse baisse dans notre clientèle. Au moins 50 % de moins que les années précédentes», résume Oumesh Rampersad (photo), directeur et propriétaire du restaurant Chez M & M. Il brosse un tableau noir de sa situation et de celle de la quinzaine de restaurateurs qui opèrent à Chamarel. «Les hôtels donnent un lunch pack pour le déjeuner à leurs clients qui vont visiter l’île. Cette compétition est tellement forte que nous ne sommes pas sûrs de tenir bien longtemps», déclare cet homme sur un ton alarmiste.

Oumesh Rampersad a pris un pari sur l’avenir en changeant de métier. En effet, il a quitté le domaine de la comptabilité pour se lancer dans la restauration à Chamarel, il y a dix ans. Aujourd’hui, il voit cet investissement sur le point de s’écrouler car ce n’est que pendant la haute saison que les restaurants de la région sont remplis. Il vivote pendant la basse saison. «Avant l’application de la formule all inclusive, il y avait des bus entiers de touristes de réceptifs comme White Sand Tours, qui venaient tous les jours manger dans les restaurants de Chamarel. Aujourd’hui, c’est à peine si nous arrivons à avoir quelques touristes individuels, qui connaissent suffisamment le pays pour manger chez nous,» dit celui qui se spécialise en cuisine mauricienne.

«Il faut permettre aux touristes de découvrir l’authentique île Maurice.»

À un jet de pierre de là, nous faisons halte au restaurant Saveur Tropical que gère Vishal Seasahaye. Même refrain du côté de ce jeune homme, qui a aussi investi dans ce restaurant familial et qui souffre lui aussi du système all inclusive. «Je me suis retrouvé à offrir de bon cœur une table à un touriste, qui s’était mis en bordure de route pour manger son petit panier-repas offert par un grand hôtel. Je ne pouvais décemment pas le laisser manger debout à deux pas de mon restaurant, même s’il ne consomme pas chez moi», raconte-t-il.

Il s’étonne que les hôtels imposent leur repas aux touristes, les forçant ainsi à manger enfermés dans une voiture, dans un car ou même en plein air. Il s’interroge à propos de la fraîcheur des aliments de ces paniers repas préparés en début de matinée. «Pré- parés dès le petit-déjeuner, ces sandwichs sont-ils encore frais en début d’après-midi ? Pourquoi ne pas les laisser manger ce qu’ils veulent lorsqu’ils sont sur place», dit Vishal Seasahaye. À Oumesh Rampersad de renchérir : «Maurice, ce n’est pas seulement des hôtels de luxe et de belles plages, c’est aussi sa nourriture : le vinday ourite, le salmis de cerf, les lentilles avec rougaille de poulet. On dé- couvre également l’île à travers tout ce qui se fait comme nourriture typique.»

Ces restaurateurs de- mandent aux hôteliers d’agir de façon responsable et de ne pas mettre des œillères aux touristes. Ils estiment que les tours opérateurs et les chauffeurs de taxi doivent aussi en faire autant. «Il faut permettre aux touristes de découvrir l’authentique île Maurice. Il faut aussi laisser vivre les petits opérateurs. On les encourage à développer un business pour générer des emplois mais après, on leur coupe l’herbe sous les pieds. Je lance un appel au ministère du Tourisme mais aussi au gouvernement en général pour qu’ils examinent notre situation. Nous faisons vivre plusieurs familles à travers la centaine de personnes que nous employons», résume Oumesh Rampersad. Ces petits restaurateurs réclament une révision de la formule all inclusive et un retour au système antérieur, sous peine d’être obligés de mettre la clé sous le paillasson.