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Elles ont… du métier: Dadi, son veau, sa vache et son courage

25 mars 2017, 15:13

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Elles ont… du métier: Dadi, son veau, sa vache et son courage

Elle fait partie de ces gens qui prennent le taureau par les cornes. Des périodes de vaches maigres, Dewjanee Beeputh en a connu pas mal, du haut de ses 62 ans. Elle n’a pas perdu le sourire pour autant. Ni la joie de vivre d’ailleurs.

«Vini ma, vinn get mo Jashodha.» Jashodha, c’est sa vache. Qui, en ce jeudi, lorgne les visiteurs nocturnes d’un air suspect tout en broutant son herbe fraîche. À ses côtés, son fiston, un veau a l’air espiègle. Sa queue s’est transformée en ventilateur pour chasser les mouches, dans la chaleur moite de l’étable étroite. «Mo pa ankor donn li enn non. An Out, li pou gagn 1 an. Jashodha éna 6 an li, so prémié tipti sa.»

«Dadi» les regarde avec amour. Avant de nous inviter à entrer dans sa maison, qui juxtapose l’étable. Des draps, des vêtements sont entassés en vrac. La faute à la dalle qui suinte quand il pleut. Des plateaux avec des verres posés dessus, il y en a partout. «Mo ti koné zot pou vini, monn asté bwason gazez. Bwar.» Pas question de refuser. Des verres de «gazeuse», son sens de l’accueil hors pair nous obligera à en boire trois et demi. Place ensuite à la visite guidée. «Tib fek brilé la. Mo ankor pé aranz mo lakaz. Mo pa anvi gagn onté kan fami vini tousala.»

Dadi vit toute seule. Sa maman et son papa, elle les a à peine connus, les deux étant décédés quand elle était très jeune. Elle a vécu avec «bann fami». Les enfants des oncles et des tantes se sont mariés. Dadi, elle, est restée «koumsa mem», dit-elle avec une pointe de regret dans la voix.

Mais si elle n’a pas connu l’amour, elle a toujours pu compter sur l’affection de ses «bébés». Qui lui permettent de «roul la kwizinn» depuis 20 ans. Soudain, elle s’agite, va jusqu’à la table. «Monn gard sa pou zot.» Du lait de vache, dans une bouteille en plastique, communément appelé un «0.5». Que Dadi revend en général à Rs 6. Le litre de lait, lui, coûte quelques dizaines de roupies de plus. À la fin du mois, elle se retrouve avec Rs 3 000 pour «tras ti lavi-la».

Ses journées démarrent à 7 heures. Après avoir pris soin de Jashodha et du petit, elle va leur chercher à manger : de l’herbe fraîche disponible à quelques pas de là, à Goodlands. Leur bien-être passe avant le sien. Et puis, une fois le soir venu, quand ses protégés se reposent, elle va chez des parents pour regarder la télé, dîner et dormir. Histoire d’atténuer la solitude.

Son rêve, désormais : «Monn dir twa béti, mo anvi aranz mo lakaz bien. Monn inpé négliz li la.» Faire un petit voyage aussi, peut-être à Rodrigues. Grâce à l’argent qu’elle gagne et à sa pension de vieillesse.

Mais elle se ravise. «Kouma to oulé mo kit mo bann zanfan ?»