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Sedley Assonne: «Qu’on me prouve que j’ai le moindre lien avec des trafiquants de drogue!»

26 mars 2017, 16:15

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Sedley Assonne: «Qu’on me prouve que j’ai le moindre lien avec des trafiquants de drogue!»

Le présentateur de la MBC, Sedley Assonne, devrait se présenter devant la commission d’enquête sur la drogue. Le problème? Son numéro serait apparu sur le relevé téléphonique d’un dealer actuellement en détention. L’intéressé se dit «choqué» mais «pas inquiet». Voici ses explications.

Comment passe-t-on de vicomte des gueux à baron des prisons?

(Sourire) Je suis le vicomte des gueux et le resterai jusqu’à la mort. Le reste n’est que fabulation et mensonge.

Pourtant, vous auriez passé des appels en prison à un gros bonnet du trafic de drogue…

Gros bonnet ou petite casquette, je ne sais pas de qui on parle. Je suis surpris de voir mon nom associé à des affaires de drogue. Plus que surpris, je suis choqué. Mais pas inquiet. Parce que je ne suis d’aucune façon mêlé à ça.

Savez-vous précisément pourquoi la commission d’enquête souhaite vous entendre?

Aucune idée, personne ne m’a contacté. Quand j’ai lu dans la presse qu’un faux aristo sera bientôt convoqué, je n’ai pas fait le rapprochement avec moi. Parce que je n’ai jamais appelé personne en prison, ni de mon portable ni d’un autre téléphone.

Dans ce cas, comment expliquez-vous les soupçons?

Peut-être que des appels ont été passés avec une SIM Card enregistrée à mon nom, c’est la seule explication possible. Je suis impatient d’être devant la commission pour tirer cette affaire au clair. Qu’on me dise le jour et l’heure, je viens en courant.

Avez-vous beaucoup de cartes SIM à votre nom?

Quatre ou cinq. Il y a quelques années, par exemple, j’ai offert un téléphone à une jeune femme, la SIM est à mon nom. Cette demoiselle, je ne sais pas qui elle appelle… Les téléphones de mes deux fils sont aussi à mon nom puisque c’est moi qui les ai achetés.

Quel âge ont vos fils?

Quinze et 23 ans. Je ne les vois pas passer des appels à des trafiquants, je pense plutôt à la demoiselle.

C’est qui, cette demoiselle?

Une jeune femme que j’ai connue et que je ne vois plus.

Votre employeur, la MBC, vous a-t-il demandé des explications?

Non. L’autre jour, à la cantine, j’étais assis à la même table qu’Amoordalingum Pather (NdlR, le directeur général), il n’a pas évoqué le sujet.

Vous connaissez bien l’un des deux assesseurs de cette commission, n’est-ce pas?

Effectivement, j’ai été le serviteur de Sam Lauthan.

Son attaché de presse, plus précisément.

C’est ça, de 2002 à 2005, il était ministre de la Sécurité sociale. J’ai eu la chance de travailler avec le politicien le plus propre du pays. Sam est plus qu’un ami, c’est un frère.

Vous souvenez-vous de ce que vous lui avez écrit en 2015?

Non. J’avais déclamé un texte?

Une lettre ouverte, à l’installation de la commission d’enquête.

(Hésitant) Je ne m’en rappelle plus très bien...

Un texte-fleuve intitulé «Lettre ouverte à mon grand frère Sam Lauthan».

Désolé, ça ne me dit rien.

Votre compte Facebook, lui, s’en souvient.

Ça y est, ça me revient ! C’était juste après sa nomination comme assesseur. Qu’est-ce que je lui disais?

Ceci, par exemple : «Sam, tu t’opposes à la dépénalisation du cannabis et là, je ne suis pas d’accord avec toi.» Ça pourrait jouer contre vous?

Être favorable à la dépénalisation ne veut pas dire être en contact avec des trafiquants, j’ose espérer que la commission d’enquête ne mélange pas tout. À l’époque où je travaillais avec Sam, j’étais contre toutes les drogues. Depuis, j’ai évolué sur la question du gandia, ne serait-ce qu’en raison de ses vertus thérapeutiques qui, aujourd’hui, sont scientifiquement prouvées. Je suis favorable à la dépénalisation du cannabis et à la peine de mort pour les trafiquants de drogues dures.

Y compris pour les drogues dures licites, comme la nicotine ou l’alcool?

Oui. Ces produits tuent plus de gens que les drogues interdites.

Plus loin, dans cette même lettre, vous écrivez : «Le hic, Sam, c’est que tu t’es écarté de ton combat principal, à savoir sortir nos jeunes des griffes des trafiquants. À l’heure où les drogues synthétiques font des ravages, je ne pense pas qu’il faille encore pointer du doigt le cannabis.»

Je n’ai pas changé d’avis.

Êtes-vous un fumeur de cannabis?

(Direct) Je n’ai jamais fumé un joint de toute ma vie. Ni même une cigarette.

Jamais-jamais ou jamais de temps en temps?

Jamais! Je ne roule qu’à la bière. Ma maman était une grosse fumeuse, elle semait ses paquets de cigarettes partout dans la maison. C’était à portée de main mais ça ne m’a jamais tenté.

Ce qui vous tente davantage, c’est qu’on parle de vous…

Je n’ai rien demandé, moi ! C’est vous qui m’avez contacté.

Je pensais à votre phrase-étendard: «N’attendez pas ma mort pour parler de moi en bien ou en mal, faites-le de mon vivant.» Que serait-on surpris d’apprendre sur vous, en bien ou en mal?

Où que j’aille on ne me fait que des compliments, les gens savent que Sedley Assonne est quelqu’un de bien. Cela peut paraître prétentieux mais c’est la vérité.

Quel est le plus beau reproche que l’on puisse vous faire?

Il est mélancolique. Ça me rapproche de Baudelaire.

Votre dernier essai remonte à une dizaine d’années. Vous n’écrivez plus?

J’ai cinq manuscrits en attente, dont un qui traite du sexe à l’île Maurice. Le texte est prêt, il me manque les sous. J’ai approché un sponsor, j’attends une réponse. Je tiens à sortir ce bouquin parce que le sexe est encore un sujet tabou dont on a honte de parler.

Avez-vous une ques question pour la commission?

Une seule : dites-moi ce que je fais là-dedans. Prouvez-moi que des appels ont été émis de mon téléphone, que c’était ma voix, que j’ai le moindre lien avec des trafiquants. On a parlé du tabou du sexe mais il y a pire : il y a les non-dits. Nous vivons dans l’île des non-dits, ça pourrit la vie des gens. C’est cultivé par les politiques, il faut prier pour qu’ils meurent et que Maurice respire enfin. Moi, j’ai du sang blanc, métis, de toutes les couleurs, j’ai les yeux bridés, on m’appelle le Chinois noir… (on coupe)

On termine là-dessus avant de partir trop loin?

Comme vous voulez. J’espère que vous avez mieux cerné le personnage Sedley Assonne. Sinon, elle siège où la commission?