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Rafael Marques de Morais: «Ceux qui protègent Sobrinho vont vite déchanter !»

27 mars 2017, 21:18

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Rafael Marques de Morais: «Ceux qui protègent Sobrinho vont vite déchanter !»

L’auteur de «Blood Diamonds» n’en revient pas que des politiciens mauriciens défendent Álvaro Sobrinho sans même le connaître… Rafael Marques nous en dit plus sur la réputation de Sobrinho et lève le voile sur les affaires qui le concernent et sur sa tentative de se muer en philanthrope.

Merci Rafael d’avoir mené l’enquête pour nous. Álvaro Sobrinho accuse «l’express» d’avoir terni sa réputation. Parlons-en de sa réputation en Angola.
Sa réputation en Angola, où la corruption est légion, est telle qu’il a été poussé hors du secteur bancaire ! Après la débâcle de la Banco Espirito Santo Angola (BESA), il a mis sur pied la Banco Valor, une banque d’investissement et en était le directeur général. Les autorités l’ont par la suite mis dehors.

Jouit-il d’une meilleure image à Lisbonne ?
Au Portugal, la réputation d’Álvaro Sobrinho se mesure par le nombre d’enquêtes initiées contre lui pour blanchiment d’argent, fraude, abus de pouvoir et abus de confiance. Il est toujours au centre des actualités, mais pour de mauvaises raisons. What kind of a reputation is it?

Y a-t-il toujours des enquêtes contre lui ?
Il y a actuellement trois enquêtes majeures contre Álvaro Sobrinho. Il est le suspect principal pour blanchiment d’argent : le numéro du dossier est NUIPC 77/10.0TELSB. Il y a aussi une enquête pour fraude : le numéro du dossier est le 244/10.0TELSB, et c’est lié au transfert de fonds massifs de la Banque centrale d’Angola. Et puis, il y a une autre enquête le concernant, par rapport aux USD 6 milliards accordés comme emprunts aux PEP (Politically Exposed Persons) en Angola, et accordés aussi à ses proches et à lui-même, quand il était le numéro un de la BESA.

Rafael Marques de Morais, la presse internationale vous convie souvent pour parler de la corruption en Angola. N’avez-vous pas peur de dénoncer?
C’est mon métier d’exposer la vérité. Personne ne pourra me faire reculer, peu importe les risques. J’expose des cas de corruption et d’abus de la part des politiciens et des militaires. Les autorités ne sont forcément pas contentes, mais je ne vais pas arrêter mon combat pour mon pays et pour les autres pays comme le vôtre. (NdlR : le site web de Rafael Marques de Morais peut être consulté à l’adresse suivante : https://www.makaangola.org/en)

Avez-vous déjà écrit sur Sobrinho ?
J’ai écrit sur ses toxic loans accordés à l’élite politique et à lui-même. J’ai écrit sur comment il essaie de se muer en un homme d’affaires et en un philanthrope.

Quel est le «background» familial de Sobrinho ?
I do not care about his family background! Ce qui est pertinent, c’est qu’il n’a hérité d’aucune fortune. Son père avait un modeste supermarché tout au plus. Tout son argent provient de la Banco Espirito Santo Angola.

Est-ce que le public en Angola et/ou au Portugal est au courant de ce qui se passe à Maurice ? Et comment il essaie de nous faire taire en nous envoyant du papier timbré ?
Les gens sont au courant. Ne vous en faites pas, vous n’êtes pas seuls. On ne comprend pas comment votre présidente de la République et des membres du gouvernement peuvent se retrouver aux côtés de ce monsieur-là. Tôt ou tard, ils vont réaliser le mal que cela va leur faire. Surtout par rapport à leur carrière politique. Mais il sera trop tard… Quant à moi, je me range résolument de votre côté, et tenez-moi au courant. Je viendrai témoigner en cour si Sobrinho maintient sa plainte contre vous.

 


Profil : Fondateur et directeur de Maka Angola

<p>Mondialement connu, Rafael Marques de Morais est considéré comme une référence en Afrique australe pour son combat contre la corruption et pour la défense des droits de la presse et des droits humains en Angola. Il s&rsquo;est spécialisé dans les enquêtes contre la corruption du régime Dos Santos et les abus dans l&rsquo;exploitation des diamants. Il a été emprisonné en 1999 pour avoir traité le président Dos Santos de dictateur dans un article intitulé <em>&laquo;The Lipstick of Dictatorship&raquo;. </em>À la suite d&rsquo;une levée de boucliers de la part des associations de droits humains de par le monde, Rafael Marques devait être libéré. L&rsquo;<em>United Nations Human Rights Committee</em> avait décrété que les autorités angolaises ont violé ses droits fondamentaux comme journaliste.</p>

<p>En 2000, Rafael Marques a obtenu le prestigieux <em>&laquo;Qoboza Award for Outstanding Courage&raquo; </em>des États-Unis. En 2006, il a reçu le &laquo;Civil Courage Prize&raquo;, de la <em>Train Foundation</em> (USA). En 2011, Human Rights Watch l&rsquo;a récompensé pour ses travaux d&rsquo;investigation en Angola. Son œuvre la plus récompensée : <em>&laquo;Blood Diamonds: Corruption and Torture in Angola&raquo; </em>(2011). Elle lui a également valu une condamnation à six mois de prison avec sursis en mai 2015 et la demande de retrait du livre de la vente. Il était poursuivi par sept généraux.<em> &laquo;Le Monde&raquo;</em>, dans un article rendant compte de son procès, avait titré sur <em>&laquo;l&rsquo;humour presque noir de Rafael Marques, l&rsquo;ennemi des généraux et du président&raquo;.</em> Il était rentré à Luanda, pour être jugé, avec un prix décerné à Londres par l&rsquo;organisation <em>&laquo;Index on Censorship&raquo;</em>, en mars 2015. Serein, il disait au <em>&laquo;Guardian&raquo;</em> qu&rsquo;être arrêté lui permettrait de <em>&laquo;travailler sur les droits de l&rsquo;homme en prison&raquo;.</em></p>