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Environnement : la gestion des déchets, de plus en plus chère, reste à recycler
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Environnement : la gestion des déchets, de plus en plus chère, reste à recycler
Croule-t-on toujours autant sous les déchets ? Oui. Des progrès notables ont-ils été réalisés ces dernières années ? Pas vraiment. C’est le constat peu réjouissant qui est ressorti de l’atelier de travail pour l’élaboration d’une stratégie de gestion des déchets, mardi 21 mars. Le problème n’est pas seulement environnemental, il est aussi financier.
Des poubelles ramassées régulièrement, qui refuserait ce service ? Le problème, c’est qu’il a un coût de plus en plus lourd. La dépense induite l’an dernier par les seuls déchets ménagers a été évaluée à Rs 1,2 milliard, ce qui équivaut à Rs 982 par habitant…
«Nous achetons plus... nous jetons plus»
Cette facture, chaque année plus salée et financée en bout de chaîne par les contribuables, s’explique d’abord par notre comportement. «Nous achetons plus, de plus en plus souvent, et nous jetons plus, de plus en plus vite», résume un responsable de la Solid Waste Management Division, au ministère de l’Environnement. Cela se traduit dans les chiffres : chaque Mauricien produit en moyenne 389 kilos de déchets. En 15 ans, cette quantité a doublé.
À cela s’ajoute l’échec du système de tri et de recyclage. Les pelures d’oignons transformées en compost ou la canette de bière déposée dans le bac de tri ont le mérite d’échapper à l’enfouissement. Le hic : c’est que seulement 6 % de nos déchets sont recyclés ou compostés, alors que l’objectif était d’atteindre… les 70 %.
Initiatives pour valoriser les déchets organiques
Résultat, nos poubelles filent droit à la benne, direction Mare-Chicose, où elles sont enterrées. Le site, qui avale quotidiennement plus d’un millier de tonnes d’ordures, commence à sérieusement tirer la langue. En amont, nous jetons, jetons… Mais quoi donc ?
À 60 %, des déchets organiques, issus de la table ou du jardin. Pour les valoriser, des initiatives existent. Comme à Bambous, où la Solid Waste Recycling a produit l’an dernier quelque «8 000 tonnes de compost destiné aux planteurs». Problème : 50 % de la production n’a pas trouvé preneur et l’entreprise «perd de l’argent».
Autre initiative à Mare-Chicose, où le biogaz extrait de la fermentation des déchets organiques est transformé en électricité. Mais ce procédé (appelé méthanisation) n’assure «pas plus de 1 % de la consommation électrique du pays». Ce gisement vert reste largement sous-exploité. Ainsi est gâchée la seconde vie des déchets. Pourquoi ? «L’enfouissement est une manne financière, c’est pour ça que le recyclage ne se développe pas», souffle un acteur de la filière.
«Une stratégie nationale pour favoriser le tri et le recyclage»
Le ministre de l’Environnement a une autre explication. «L’absence de planification est un obstacle majeur», pose Étienne Sinatambou. Son plan : en avoir un, justement ! «Une vaste réflexion, qui n’avait peut- être jamais été menée, aboutira en novembre à une stratégie nationale et un plan d’action pour favoriser le tri et le recyclage», annonce le ministre, qui est allé chercher un financement auprès de l’Agence française de développement.
Reste que le meilleur déchet est celui qu’on ne crée pas. «La question des emballages devra être prise en compte», acquiesce le ministre. Mais encore ? «Il faudra voir leur composition pour une réutilisation éventuelle.» Dans de nombreux pays, c’est vite vu : la réglementation impose des emballages recyclables à 75 % de leur poids, voire plus.
Pas sûr qu’une telle décision, qui fera grimper les coûts, emballera les industriels mauriciens…
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