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Lucia Mélanie: Enn jack dan gajak
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Lucia Mélanie: Enn jack dan gajak
Le side hair, le bracelet surdimensionné. Des indices qui en disent long sur la femme, plutôt coquette. Lucia Mélanie, du haut de ses talons aiguilles et ses 39 ans, n’hésite pourtant pas à mettre les ongles manucurés à la pâte. La recette de ses gajaks à succès: quelques souvenirs d’antan et l’envie de promouvoir le «Made in Chez Nous».
Au menu, des nems, des crêpes au manioc, notamment. La spécialité : les gato arouy. La karay du business, elle est tombée dedans il y a quatre ans. Parce qu’elle avait la tête qui grouillait d’idées mais aussi parce qu’elle avait trop de casseroles sur le feu. Normal, quand on a trois enfants, âgés de trois, six et neuf ans. «Je voulais être en mesure de concilier travail et vie de famille.»
Avec son époux Kerslay, elle a monté sa PME. Qui emploie aujourd’hui trois personnes; deux à l’unité de production et un chauffeur pour la livraison. Sa philosophie: «Tout business doit être profitable, mais pas au détriment de la qualité.»
Pour récolter cette denrée tant recherchée, Lucia et son époux avaient commencé à cultiver eux-mêmes leur arouy. Mais faute de temps et histoire de ne pas se planter, ils ont préféré, par la suite, opter pour l’approvisionnement au niveau des ventes à l’encan. Avant d’être approchés par des planteurs.
Des séances de lavage, d’épluchage, de râpage plus tard, d’autres ingrédients sont mélangés au tubercule. Une pincée de sucre, un soupçon de gingembre, de l’amidon de maïs. Le grain de sel secret : «La façon dont c’est préparé.» Direction ensuite la chambre froide avant d’atterrir sur les rayons des supermarchés, dans la cuisine des particuliers ou dans les assiettes, au restaurant.
Le paquet roots de 170 g, contenant neuf gato arouy prêts à frire, coûte entre Rs 60 et Rs 63 en grande surface. Le chiffre d’affaires de Lucia emballe : Rs 200 000. Mais avant d’en arriver là, il a fallu siphonner le compte en banque, balayer les économies. Le risque a payé.
Les journées de Lucia démarrent à 6 heures. Elles ne s’arrêtent jamais vraiment. «Je vais déposer les enfants à l’école avant d’aller au travail. Je suis obligée de porter plusieurs casquettes.» Elle chapeaute la production, le marketing, etc. Pour faire rouler sa petite cuisine, elle met les bouchées doubles.
Une fois à la maison, elle enlève le tablier de businesswoman pour enfiler celui de maman gato arouy. Pour s’évader, elle jardine et fait de la couture. Des activités que certains risquent de trouver «démodées», selon elle. Qu’importe, de fil en aiguille, elle a su se tisser une place au soleil. Le but, désormais: agrandir le business, exporter ses gajaks vers des pays où il y a beaucoup d’expatriés, comme l’Australie. Dans sa poche kangourou, un leitmotiv: «Toucher à tout, mais faire les choses bien, comme il se doit.»
Inoxydable, la reine de l’arouille.
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