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Maya Hanoomanjee: «Je réclame juste du respect»
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Maya Hanoomanjee: «Je réclame juste du respect»
Depuis mardi, les Mauriciens peuvent suivre en direct les travaux parlementaires à la télévision ou sur Internet. Et depuis mardi, ils savent que l’auguste Assemblée peut switcher à la «cour de récré», comme dit sa présidente, Maya Hanoomanjee, excédée par les «outrances» de l’Hémicirque. Order ! Order !
Avez-vous desserré les mâchoires depuis mardi ?
(Souriante) Regardez-moi : n’ai-je pas l’air sereine ?
Vous l’étiez moins face aux furibonds de l’opposition.
Absolument pas !
Parliament TV nous aurait déjà menti ?
Je suis sereine, toujours. Fermeté et sérénité sont deux valeurs qui me correspondent, ça tombe bien parce qu’il en faut dans mes fonctions. Présider l’Assemblée nationale est un art de plus en plus difficile. Il faut être intraitable, avoir une certaine force de caractère. Sans quoi, c’est vite la pagaille.
Va pour le caractère. Mais c’était quoi ces crises des nerfs ?
Quelles crises de nerfs ?! Mais pas du tout !
Par moments, on vous a senti excédée.
Je m’attendais à ce que la séance soit chaude… (on coupe)
Cela tient-il au fait qu’elle était diffusée à la télé ? Certains politiques ont un rapport maladif avec les lumières médiatiques.
Ce n’est pas à moi d’en juger. Chacun a pu constater que certains députés dépassent les bornes en prenant le Parlement pour un lieu de règlement de comptes. Cela ne m’amuse pas de jouer la surveillante de cour de récréation mais j’y suis forcée.
C’est aussi la preuve d’un Parlement vivant. La démocratie, c’est le débat, la confrontation.
C’est la confrontation respectueuse, pas les attitudes outrancières et indignes. On me doit le respect.
Vous ne vous sentez pas respectée ?
Le sujet n’est pas ma personne, c’est l’institution que je représente.
C’est si grave de ne pas se lever à votre entrée dans l’Hémicycle ?
(Irritée) Mais enfin ! C’est une règle élémentaire de respect (NdlR, «oubliée» mardi depuis les bancs de l’opposition, à l’exception du Mouvement militant mauricien). Le travail de Speaker est un poste constitutionnel, je réclame juste un peu de respect, de dignité; ce n’est quand même pas compliqué. Les invectives, les provocations, les députés qui papotent, qui ricanent au lieu d’écouter les réponses, tout cela donne une mauvaise image du travail parlementaire. J’ai été députée de l’opposition pendant huit ans, il y avait des accrochages, parfois même des dérapages, mais il y avait surtout du respect et c’était agréable.
Mais pour être respectée, il faut commencer par respecter les autres…
Qu’est-ce que vous insinuez ?
Moi, rien. L’opposition, par contre…
Quel est leur problème ?
Vous deviez être distraite à ce moment-là parce que Paul Bérenger vous a clairement accusée d’être partisane dans vos rappels à l’ordre et (elle coupe)…
Jamais de la vie !
Et de museler ainsi l’opposition.
C’est faux. J’ai prêté serment et promis d’exercer mes fonctions de présidente en toute loyauté, indépendance et impartialité et jamais je ne ferai quelque chose qui trahit mon serment. Je n’obéis qu’aux standings orders et rien d’autre, y compris quand il s’agit de décider qui s’assoit où. Cet engagement, je l’ai rappelé mardi, au début de la session. À la minute où je suis devenue Speaker, j’ai jeté mon manteau de politicienne.
Vous pourriez prendre froid sans manteau…
(Ferme) C’est gentil de vous préoccuper de ma santé mais si vous me permettez de vous donner à mon tour un conseil, tâchez de rester sur le sujet qui nous préoccupe : le respect dû à l’Assemblée nationale et à sa présidente.
Laisser au frigo, depuis maintenant six semaines, une motion de censure contre vous, est-ce respectable ?
Que les choses soient bien claires : ce n’est pas moi qui décide de l’ordre du jour, c’est le leader of the House. La motion dont vous parlez avait été inscrite au Draft Order Paper de la séance de mardi, par le Clerk et moi-même. Et le jour même où l’Honorable Shakeel Mohamed a envoyé sa motion (NdlR, le 20 février dernier), je me suis fait un devoir de la transmettre à tous les parlementaires. Donc, venir dire que je refuse cette motion, c’est de la démagogie. Je souhaite que le Parlement puisse en débattre au plus vite.
En votre présence ?
Non. Ce sera au Deputy Speaker, Sanjeev Teeluckdharry, de présider les débats.
Une motion de censure, ça fait quand même un peu moche sur un CV, non ?
Pas du tout. Il y a eu des motions contre sir Harilal Vaghjee, contre Alan Ganoo, Ajay Daby, Iswardeo Seetaram, il n’y a rien de nouveau.
Ce qu’il y a de nouveau, c’est l’empilement des critiques. «Elle n’est pas à la hauteur», «c’est une hystérique», vous le vivez comment ?
(Ferme) Écoutez, j’ai un travail à faire, je n’ai pas de temps à perdre avec des futilités. Laissez-moi vous dire une chose : si ces gens-là, qui ont la critique si facile, venaient s’asseoir cinq minutes dans mon fauteuil, ils réviseraient leur jugement.
Chiche ! Prêteriez-vous votre fauteuil à M. Bhagwan ?
Pourquoi M. Bhagwan ?
Pourquoi pas ?
(Elle désapprouve d’un hochement de tête)
Trop rock’n’roll ?
Je n’aimerais pas montrer du doigt qui que ce soit…
«Sumputh United», avec le recul, avouez que c’était drôle.
(La mine grave) Moi, ça ne me fait pas rire.
Vous arrive-t-il de prendre du plaisir en dirigeant une séance ?
Cela va vous surprendre mais je prends du plaisir à chaque séance, beaucoup de plaisir. Dans la vie, je ne fais rien par contrainte.
Il est bien caché, ce plaisir.
Pourquoi dites-vous cela ?
Jamais un sourire…
Vous pensez que l’agitation de mardi prêtait à sourire ?
Vous donnez l’impression que cette fonction est une corvée.
Vous avez trop d’impressions. Présider l’Assemblée nationale est un honneur, mais les choses se passeraient mieux si chacun se respectait. J’ai du respect pour les parlementaires, il est légitime que ce soit réciproque. J’ai un bilan, ne l’oubliez pas. J’ai relancé l’association des parlementaires de la Commission de l’océan Indien. Le Parliamentary Gender Caucus est sur les rails, nous allons travailler pour un meilleur partage des responsabilités politiques entre hommes et femmes. Peu de médias en parlent alors que c’est un chapitre majeur de notre histoire parlementaire, tout comme l’a été la première retransmission des débats.
Justement, parlons-en. Autant les acteurs étaient pétillants, autant la réalisation était amorphe. Pourquoi ?
Ça, c’est votre jugement. La diffusion en direct des travaux est une formidable avancée démocratique et j’en prends le crédit. Quand le gouvernement a donné son feu vert, qu’est-ce qu’on n’a pas dit sur moi, elle boycotte, elle va tout faire capoter… Aujourd’hui, les faits sont là. En une année à peine, ce projet très compliqué a été concrétisé, grâce à moi.
Mais pourquoi la réalisation est-elle si triste ?
Qu’est-ce que vous trouvez triste ?
Les plans, les champs, les angles de vue, tout est réduit au minimum, d’où un rendu assez monotone.
Ce n’est pas moi qui ai travaillé sur les rules of coverage.
Vous venez de dire que vous avez piloté le projet, il faudrait savoir !
J’ai piloté son exécution. Les rules of coverage ont été rédigées et recommandées par le Broadcasting Committee présidé par l’Honorable Bodha. Et deux des sept membres étaient issus de l’opposition.
À aucun moment vous n’avez eu votre mot à dire ?
Je n’ai fait que valider. On s’est largement inspiré de ce qui se fait en Inde et au Royaume-Uni, je ne vois pas en quoi la réalisation peut être jugée «monotone».
Avez-vous visionné la séance ?
Non.
Peut-être que vous devriez.
Peut-être… Les gens ne se rendent pas compte du travail qu’il y a derrière, c’est une mini-station de télévision qu’il a fallu mettre sur pied.
Puisqu’on parle télé, considérez-vous toujours la MBC comme «une machine à propagande » ?
(Elle souffle) On dirait que vous n’avez pas compris…
Quoi donc ?
Je suis a-po-li-tique maintenant. Je garde mes commentaires pour moi.
Une question à la maman : comment avezvous vécu «l’affaire des biscuits» ?
No comment.
Sûre ?
Certaine.
Même pas un «merci Álvaro» ?
Merci qui ?
Álvaro Sobrinho, l’homme qui a délogé votre fille de la Une des journaux.
Je ne souhaite pas parler de ma fille, n’insistez pas.
Et si j’insiste ?
(Agacée) Écoutez, je ne vais pas raviver une polémique absurde. Une enquête de l’ICAC est en cours, je les laisse faire leur travail.
Le vôtre reprend mardi. Face à des troupes assagies ?
Je les attends avec impatience…
Mission express au Bangladesh
<p>Maya Hanoomanjee a pris part, samedi, aux travaux d’ouverture de la 136e assemblée de l’Union interparlementaire, qui se tient au Bangladesh. Elle dirige une petite délégation mauricienne composée des députés Gowkaran Oree (MSM) et Osman Mahomed (PTr). Quelque 650 parlementaires de 132 pays sont réunis jusqu’à mercredi à Dacca pour «s’attaquer aux inégalités économiques, Politiques et sociales croissantes ». La Speaker sera de retour au pays demain.</p>
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