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Euroloan: Le grand cover-up ?

6 avril 2017, 14:08

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Euroloan: Le grand cover-up ?

Dans une lettre au DPP, le 7 novembre 2016, l’ICAC explique qu’elle n’a pas assez de preuves pour inquiéter Vishnu Lutchmeenaraidoo dans l’affaire du prêt en euros. Mais «l’express» est en présence de tout le dossier tel qu’il a été traité par la SBM. Enquête en deux volets…

C’est un dossier de 32 pages que l’express a en sa possession. De la demande d’emprunt de Vishnu Lutchmeenaraidoo, le 1er juillet 2015, jusqu’au Loan Agreement signé le 27 novembre, en passant par toutes les observations du Credit Committee. Sur ces documents, il y a des dizaines de notes manuscrites et paraphées des employés de la State Bank of Mauritius (SBM), alors sous la tutelle du ministère qu’occupait ce même Vishnu Lutchmeenaraidoo, qui ont bien voulu mettre leur inquiétude sur papier, mais aussi des cadres qui ont donné leur «OK» et «approved»

À la lumière des preuves qui sont présentées dans les documents, les zones d’ombre sont légion. Malgré le communiqué du Directeur des poursuites publiques (DPP), les soupçons de favoritisme sont difficilement effaçables. Dans le premier volet de cette enquête, nous dévoilons les noms de ceux qui ont – dans l’urgence – approuvé l’emprunt et nous vous révélons que Vishnu Lutchmeenaraidoo, malgré ses 71 ans, n’a pas eu à recourir à une couverture d’assurance. Le second volet sera consacré à la fameuse garantie fournie.

Le premier document que nous produisons émane du Credit Committee de la banque. Il explique la requête du client Seetanah Lutchmeenaraidoo pour un emprunt de 1,0 million d’euros. Le comité étale quatre réserves, entre autres: (i) Vishnu Lutchmeenaraidoo est âgé de 71 ans et une autorisation pour ne pas payer une assurance a été demandée ; (ii) le but de l’emprunt c’est juste «investissement» et aucun autre détail n’est fourni. Les deux autres inquiétudes seront décortiquées dans notre prochain article.

Ce document révèle que l’emprunt est d’abord approuvé le 27 juillet 2015 par Nayen Koomar Ballah, le chairperson, et Vivekanand Lochun, membre du Credit Committee. Ce dernier est également à cette époque conseiller au ministère des Finances. Il est aujourd’hui conseiller au ministère des Affaires étrangères (lire son commentaire en hors-texte).

Selon ce document, le taux d’intérêt est de 1,9 %. Or, le 4 août, Nayen Koomar Ballah ajoute une note manuscrite où il révise le taux d’intérêt à 1,5 %. Ce taux d’intérêt va prévaloir, même quand Vishnu Lutchmeenaraidoo va modifier sa demande par la suite pour 1,1 million d’euros, soit 100 000 euros de plus. La nouvelle demande obtiendra l’accord de la banque un mois plus tard, soit le 11 septembre. Mais les conditions initiales vont survivre. 1,5 % comme taux d’intérêt et surtout pas de couverture d’assurance.

Dans notre prochain article, nous vous révélerons à combien la maison de Vishnu Lutchmeenaraidoo, mise en garantie – et là encore la garantie n’a été enregistrée qu’après l’ouverture de l’enquête de l’Independent Commission against Corruption (ICAC) – pour cet emprunt, a été évaluée. Nous vous expliquerons les risques que la banque a pris.

L’ICAC a été informée de la parution de cet article tard hier soir.

«Vivekanand Lochun : «Oui j’ai signé, mais…»

<p>Ne s&rsquo;agit-il pas d&rsquo;un conflit d&rsquo;intérêts flagrant ? Vivekanand Lochun, conseiller de Vishnu Lutchmeenaraidoo (aux Finances à l&rsquo;époque et aujourd&rsquo;hui aux Affaires étrangères) a écrit et signé &laquo;<em>approved&raquo;</em> sur la demande d&rsquo;emprunt de son ministre. Nous avons posé la question à Vivekanand Lochun. Voici ce qu&rsquo;il nous a déclaré : &laquo;Oui, en tant que membre du Credit Committee j&rsquo;ai signé cette demande d&rsquo;emprunt. Je suis un membre indépendant. Ce n&rsquo;est pas le ministre qui m&rsquo;a nommé à la SBM (NdlR: c&rsquo;est le Conseil des ministres qui l&rsquo;y a nommé, mais son nom a tout de même été proposé par Vishnu Lutchmeenaraidoo). Il n&rsquo;y a pas de conflit d&rsquo;intérêts. Mais après avoir signé, je me suis demandé s&rsquo;il n&rsquo;y avait pas de perception de conflit d&rsquo;intérêts. J&rsquo;ai alors appelé Kee Chong Li Kwong Win (le &laquo;<em>chairman</em>&raquo; de SBM Holdings) et je lui ai expliqué mon embarras. Il m&rsquo;a dit d&rsquo;en parler au président de SBM Bank (Nayen Koomar Ballah). C&rsquo;est ce que j&rsquo;ai fait et je lui ai expliqué que j&rsquo;aimerais annuler ma signature. Nayen Koomar Ballah m&rsquo;a dit: &laquo;<em>Pa gagn traka, i&rsquo;ll take care of everything.&raquo;</em> J&rsquo;ai compris que ma signature ne compterait pas et, par la suite, je n&rsquo;ai nullement été concerné par cet emprunt. Effectivement, quand l&rsquo;ICAC m&rsquo;a montré les documents, certes ma signature y était toujours, mais il y en avait deux autres (NdlR: les signatures de Chellapermal et Ballah). Officiellement, ce sont ces deux signatures qui ont validé l&rsquo;emprunt.&raquo;</p>

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