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Le «Chairman» de la State Bank of Mauritius : «Lutchmeenaraidoo sent his son to me…»

8 avril 2017, 11:05

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Le «Chairman» de la State Bank of Mauritius : «Lutchmeenaraidoo sent his son to me…»

Est-ce que ce sera le scandale de trop pour Vishnu Lutchmeenaraidoo ? Agacé et publiquement sur la défensive face aux révélations de l’express sur son emprunt en euros, le ministre des Affaires étrangères devra faire face à un nouvel orage. C’est le point d’orgue de notre enquête sur les ramifications de l’ex-ministre des Finances à la State Bank of Mauritius (SBM) : une note signée, où le Chairman d’alors avoue que le ministre lui a parlé et lui a envoyé son fils pour un contrat entre son entreprise et la banque.

Nous sommes en mars 2015. La compagnie Infozen Consulting Ltd, qui développe des logiciels informatiques, existe depuis une année seulement. Son seul directeur à l’époque est Ashwin Lutchmeenaraidoo, le fils de celui qui est alors ministre des Finances au sein du gouvernement de sir Anerood Jugnauth. Elle propose ses services à la SBM (NdlR, la banque est sous la tutelle du ministère des Finances) pour développer une application.

D’après laTechnical Analysis que nous avons en notre possession, c’est une application qui fonctionne sur Android et IOS. Elle devrait, en fusionnant au système informatique de la banque, calculer le montant maximal d’un prêt auquel un client a droit. La banque évalue l’offre, pèse le pour et le contre et note que l’application est idéale pour les tablettes qu’elle compte bientôt acheter.

La note de Muni Krishna Reddy en bas de la Technical Analysis : «Hon. Lutchmeenaraidoo spoke to me and sent his son to me (…)».

Mais c’est une note manuscrite en bas de la page qui interpelle. Elle est signée Muni Krishna Reddy, le Chairman d’alors et elle stipule : «Hon. Lutchmeenaraidoo spoke to me and sent his son to me.» Il y a ensuite quelques mots techniques comme «no interfaces, stand-alone, additional tool for sales people, as well as customers (…)». La dernière phrase est, elle, nettement lisible : «We mostly agree for the proposal of Rs 4 million.» Muni Krishna Reddy déclare donc sur le papier, avec sa signature, que Vishnu Lutchmeenaraidoo lui a parlé et lui a envoyé son fils, le directeur d’Infozen.

Depuis, la direction de la banque a changé. Nayen Koomar Ballah a succédé à Muni Krishna Reddy qui a, lui, pris de l’emploi chez le géant mondial ArcelorMittal.

Durant les dernières 72 heures, les membres actuels de la direction sont restés injoignables. Mais un cadre, qui ne veut pas être cité, prétend que le contrat a bien été alloué. L’attaché de presse du ministre Lutchmeenaraidoo a été sollicité via un SMS le vendredi 7 avril. Il n’a pas répondu.

Quant à Ashwin Lutchmeenaraidoo, le fils du ministre et directeur d’Infozen, il a été l’auteur d’un post Facebook pour défendre son père face aux révélations de l’express dans l’affaire Euroloan. Nous l’avons contacté via Facebook, juste après, pour l’informer de la parution de cet article et pour solliciter son commentaire. Il a promis de le faire.

Ashwin Lutchmeenaraidoo (en médaillon), le fils du ministre, n’a jusqu’ici pas répondu au message privé qui lui a été envoyé.

 

Ce que dit la PoCA

<p>Si ce que prétend Muni Krishna Reddy par&nbsp;écrit s&rsquo;avère, Vishnu Lutchmeenaraidoo pourrait s&rsquo;exposer à des poursuites sous la&nbsp;<em>Prevention of Corruption Act</em> (PoCA), avec potentiellement deux articles concernés. D&rsquo;abord, l&rsquo;article 13 sur le conflit d&rsquo;intérêts :</p>

<p>(1) Where</p>

<p>(a) a public body in which a public official is a member, director or employee proposes to deal with a company, partnership or other undertaking in which that public official or a relative or associate of his has a direct or indirect interest (&hellip;)</p>

<p>(3) Any public official who contravenes subsection (1) or (2) shall commit an offence and shall, on conviction, be liable to penal servitude for a term not exceeding 10 years.</p>

<p>Et l&rsquo;article 10, sur le trafic d&rsquo;influence</p>

<p>(5) Any public official who solicits, accepts or obtains a gratification from any other person for himself or for any other person in order to make use of his influence, real or fictitious, to obtain any work, employment, contract or other benefit from a public body, shall commit an offence and shall, on conviction, be liable to penal servitude for a term not exceeding 10 years.</p>