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Vijaya Sumputh: «On m’a tendu un piège prémédité et calculé»
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Vijaya Sumputh: «On m’a tendu un piège prémédité et calculé»
Le storytelling officiel raconte qu’une question du député Bhagwan a eu le scalp de Vijaya Sumputh. Et pas qu’un peu, avec Fact-Finding Committee et enquête de l’ICAC en prime. Mais pour l’intéressée, l’affaire est plus compliquée que ça. Elle évoque entre les lignes un coup fourré du MSM dont le but serait de faire cavalier seul. Diversion ou bonne version?
Vous avez plutôt bonne mine pour quelqu’un qui a deux enquêtes sur le dos…
Je suis avocate, j’ai appris à gérer mon stress. Je n’ai aucune crainte au sujet des enquêtes, à tout problème existe une solution.
Commençons par le problème. Votre rémunération est passée de Rs 200 000 à Rs 323 000 en deux ans. Qu’est-ce qui justifie une telle augmentation?
Des responsabilités supplémentaires. Préparer l’ouverture d’un second centre cardiaque à Candos, y transférer les activités chirurgicales de Pamplemousses, superviser la rénovation des salles d’opérations. Assurer en parallèle le suivi du projet de Cancer Centre à MedPoint.
C’est ce qui justifie la fameuse allocation de Rs 100 000?
Je n’ai jamais réclamé cette somme.
D’où sort ce montant ?
C’est une décision du board du Trust Fund.
Comme ça, pour vos beaux yeux ?
Non, Monsieur. J’ai fait une demande auprès du Pay Research Bureau, en octobre, qui a été transmise au ministère de la Santé. Là, c’est passé du Permanent Secretary au Senior Chief Executive, jusqu’au board du Trust Fund. C’est la procédure normale. Après trois mois, le board a inscrit ma demande à l’agenda. Le 18 janvier, il s’est réuni, a accepté le principe d’une allocation et en a fixé le montant.
L’Honorable Gayan est un homme bon et généreux, n’est-ce pas ?
(Elle tique) Qu’a-t-il à voir avec ça ?
N’était-il pas ministre de la Santé le 18 janvier ?
Et alors ?
Et alors il contrôlait le board du Trust Fund. Ne me dites pas non, c’est la loi.
Vous insinuez que le ministre a mis les mains dans la caisse pour me faire plaisir ? Je vais vous coller un procès…
Je n’insinue rien, je vous pose des questions. Qui, au ministère, a validé cette allocation ?
Sur les affaires administratives, c’est le Senior Chief Executive qui décide.
Est-on censé gober ça ?
Que vous me croyiez ou pas, je m’en moque. Je garde mon énergie pour le Fact-Finding Committee.
M. Husnoo a fait savoir qu’il était contre cette allocation. Pourtant, vous l’avez perçue. Comment vous l’expliquez?
Il est bon de préciser que M. Husnoo n’était pas à la Santé au moment où l’allocation a été approuvée puisqu’il a prêté serment cinq jours plus tard. Cela dit, une fois en poste, rien ne l’empêchait de faire annuler cette décision. Ce qu’il n’a pas fait.
«I was not agreeable to the allowance» : ce sont ses mots au Parlement le 28 mars.
Pourquoi n’a-t-il pas signifié son désaccord plus tôt ? Pourquoi attendre une question parlementaire ? Entre sa prise de fonction et la question de M. Bhagwan, plus de deux mois se sont écoulés. Deux mois durant lesquels M. Husnoo semblait d’accord avec l’allocation.
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
Pendant tout ce temps, je n’ai reçu aucune directive de sa part. Le board non plus. C’est bizarre, vous ne trouvez pas?
M. Husnoo a dit aussi avoir donné «des instructions» pour renouveler votre contrat une année seulement. Or, vous en avez obtenu deux.
Mais quelles instructions? M. Husnoo et moi, on s’est rencontré juste avant le renouvellement de mon contrat. C’était lors d’un dîner le 24 janvier si ma mémoire est bonne. On a discuté brièvement, il m’a fait savoir qu’il n’avait pas d’objection à ce que mon contrat soit renouvelé selon les mêmes termes et conditions. Autrement dit, pour deux ans.
Et sur la fameuse allocation ?
Il ne m’a rien dit. Ni ce jour-là, ni à aucun moment.
Conclusion, quelqu’un ment.
Je vais vous dire ce qui s’est passé : on m’a tendu un piège. Toute cette affaire a été préméditée et minutieusement calculée.
La théorie du complot, c’est un peu facile. Vous n’avez pas mieux comme argument ?
Je ne parle pas d’un «complot» mais d’une stratégie politique. Si le gouvernement était contre cette allocation, contre le renouvellement de deux ans, pourquoi personne ne s’est manifesté ? Pourquoi personne n’a transmis les prétendues directives du Premier ministre et de son ministre de la Santé ? Il suffisait que M. Husnoo passe un coup de fil, un seul, et tout était réglé. Il n’y avait plus d’allocation, plus de contrat de deux ans. Au lieu de ça, il a préféré venir me poignarder au Parlement.
Un crime sans mobile est-il un crime ?
Cherchez, vous trouverez.
Il se murmure que M. Husnoo, bien qu’officiellement au Muvman Liberater (ML), est très proche du MSM. Qu’en est-il ?
(Silence)
Est-il l’homme du MSM ?
(Elle réfléchit) Je préfère ne pas répondre. Tout ce que je peux dire, c’est que le Dr Husnoo est un inconnu pour moi. À part à ce dîner, nous n’avons jamais discuté plus de cinq minutes.
Une chose n’est pas claire : quel serait l’intérêt, pour le MSM, de tirer dans les pattes du ML ?
Vous êtes bien naïf…
Êtes-vous en train de dire que le MSM cherche à déclencher l’étincelle pour se débarrasser du ML?
(Silence)
Vous en avez trop dit ou pas assez…
Restons sur le pas assez, je ne veux pas envenimer les choses. Ce serait tomber dans le piège tendu.
Piège ou pas, cela ne change pas le fond du problème : l’indécence des Rs 323 000.
De nombreux Mauriciens ont un salaire supérieur au mien et personne ne trouve cela indécent. Récemment, j’ai lu que M. Wong So (NdlR, l’ancien CEO de Landscope Mauritius) touchait plus de Rs 570 000. Et puis, ça se fait partout de demander une allocation pour des responsabilités en plus. C’était temporaire, jusqu’en juin, ou avant, si le ministre le décidait. C’est l’affaire du siècle, ça ? Si vous saviez… (elle s’interrompt).
Si je savais quoi ?
Le nombre de nominés politiques qui… (hésitante). Beaucoup de noms trottent dans ma tête, des montants dix fois supérieurs. Mais on les laisse tranquilles, ils n’ont pas de Fact-Finding Committee, je suis la seule. Ils ont les bonnes protections, eux.
Vous concernant, la protection de M. Gayan ne suffit plus ?
(Le ton monte) M. Gayan ne m’a jamais protégée, je ne suis pas une enfant. Ma vie privée ne regarde que moi, laissez-moi tranquille.
Non madame, je ne vous laisse pas tranquille. Je respecte votre vie privée mais ce n’est pas de cela dont il s’agit.
Laissez-moi tranquille, je vous dis!
Avez-vous conscience que demander une rallonge salariale via le ministère dirigé par M. Gayan ne peut être que suspect ?
Je l’ai dit et je le répète : je n’ai bénéficié d’aucune faveur. Tout a été fait dans les règles et je le prouverai devant le Fact-Finding Committee. Je ne vais pas me laisser détruire.
Qui veut vous détruire ?
Vous n’imaginez pas ce que je vis depuis deux semaines. Le tribunal de l’opinion a fini de me juger et moi je suis seule, toute seule (émue)… Je gère comme je peux, personne ne me tend la main.
Est-ce un appel à l’aide ?
Non. Je m’en sortirai avec ma famille.
Si vous aviez la possibilité de revenir en arrière, que feriez-vous différemment ?
(Directe) Je n’aurais pas accepté ce poste au Centre cardiaque. J’aurais poursuivi ma carrière d’avocate, j’aurais défendu des gens, reçu moins de coups. Surtout, j’aurais été libre.
Vous ne l’êtes pas ?
Si j’étais libre, j’aurais tout raconté.
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