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Démographie: moins d’enfants, les étrangers à la rescousse
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Démographie: moins d’enfants, les étrangers à la rescousse
Le vieillissement de la population est devenu un dossier chaud dont les effets, qui se feront sentir dans le temps, devraient être gérés dès maintenant, estime la Chambre de commerce et d’industrie (MCCI). Elle en a fait, depuis 2017, un cheval de bataille dans ses relations avec le gouvernement.
Si la question devient pressante, c’est que les échéances approchent laissant Maurice exposé à une «bombe à retardement», dit la MCCI. Avec un taux de natalité en baisse, la taille de la population mauricienne devrait connaître un recul dès 2030. Selon les estimations des Nations unies, la population active devrait ainsi passer de 600 000 personnes à ce jour à 450 000 personnes en 2050 et à 300 000 en 2100. Ce qui laisse présager d’un ralentissement de la croissance économique si aucune mesure n’est prise pour amortir les effets du vieillissement de la population.
Dès lors, la MCCI estime que la solution réside dans l’ouverture du pays aux étrangers dits «professionnels». «N’ayons pas peur de nous ouvrir aux talents et aux compétences étrangères pour attirer des connaissances», clame Azim Currimjee, le président de la MCCI.
Le directeur du Board of Investment, Ken Poonoosamy, y est favorable. Il est persuadé que le salut économique du pays passe par son ouverture aux professionnels étrangers, les seuls susceptibles de suppléer au manque des compétences dans des créneaux pointus comme la biotechnologie, la technologie financière ou encore l’économie bleue. Il prône toutefois une ouverture prudente pour «garantir un équilibre entre les étrangers qui apportent de la valeur ajoutée à des services spécialisés dans des secteurs économiques émergents et les jeunes diplômés mauriciens qui devraient être en mesure d’intégrer rapidement le circuit professionnel», dit-il. L’écueil serait, selon Ken Poonossamy, que se construise la perception que les étrangers «vont atterrir à Maurice pour arracher les meilleurs postes».
La mise en oeuvre de cette politique d’ouverture peut-elle faire naître des comportements xénophobes de la part des Mauriciens ?
Pour Gérald Lincoln, Managing Partner d’EY (Ernst & Young), ce risqué n’existerait qu’au-delà de certains seuils d’immigration qui sont, à ce jour, très loin de la réalité mauricienne. Il y aurait actuellement à Maurice 6 500 étrangers détenteurs de permis de travail. Maurice pourrait, à son avis, en accueillir dix fois plus sans craindre un déséquilibre social. «La présence de 65 000 expatriés par rapport à une population de 1,3 million d’habitants est loin de créer des bouleversements sociétaux. D’autres pays, tels que Singapour ou Dubaï, ont adopté ce modèle économique avec le succès que l’on sait. Pourquoi pas Maurice ?», demande-t-il. D’autant plus qu’il existe désormais à Maurice un cadre de vie agréable avec des infrastructures commerciales qui correspondent aux attentes de ces professionnels.
Qui sont ces étrangers professionnels qui viendraient travailler à Maurice ? D’où viendraient- ils ? Afsar Ebrahim, Deputy Group Managing Partner de BDO, est en faveur d’accueillir les cadres sud-africains en raison de la proximité de leur pays, mais aussi au vu de l’instabilité politique qui y règne, facteur susceptible de les convaincre de s’installer à Maurice. Ils apporteraient des compétences notamment dans le secteur financier. Gérald Lincoln voit, pour sa part, du potentiel en Europe, notamment au niveau des professionnels français attirés par la langue et la culture.
Et si ces professionnels, à eux seuls, ne suffisent pas à doper la croissance, il reste encore la possibilité d’attirer des retraités étrangers qui, s’ils ne travaillent pas tous, n’en demeurent pas moins des consommateurs. Rengananden Padayachy, économiste à la MCCI, a fait le calcul : 200 000 étrangers, tous profils confondus, apporteraient Rs 65 milliards dans le circuit économique, augmentant ainsi le produit intérieur brut de 14 %.
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