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Affaire Razaimamonjy : les autorités malgaches parlent «d’évasion»

14 avril 2017, 05:58

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Affaire Razaimamonjy : les autorités malgaches parlent «d’évasion»

Le ministère de la Justice malgache doit tout mettre en oeuvre en vue du retour de Claudine Razaimamonjy dans la Grande île. «Sinon, il ne s’agit plus d’évacuation sanitaire, mais d’évasion vers Maurice», dit un conseiller du Bureau indépendant anticorruption.

Comment une suspecte dans une affaire de détournement de fonds et de  blanchiment d’argent a-t-elle réussi à fausser compagnie aux autorités malgaches ? S’envolant de surcroît pour Maurice alors qu’une interdiction de quitter le territoire pesait sur elle… La conseillère spéciale du président de la République malgache, Claudine Razaimamonjy, qui a été placée en détention provisoire à Madagascar, est pourtant libre à Maurice. Or, si elle ne retourne pas à Madagascar, elle sera accusée d’évasion et une nouvelle enquête sera ouverte contre elle.

Cette affaire soulève des questions sur le système judiciaire et le gouvernement de la Grande île. D’autant plus qu’au ministère des Affaires étrangères mauricien, on déclare n’avoir toujours pas reçu de demande du gouvernement malgache pour son arrestation. «Ni l’ambassade malgache à Maurice ni l’ambassade mauricienne à Madagascar n’ont eu de demande en ce sens. Toutefois, nous suivons cette affaire et nous nous tenons prêts à agir dès que les autorités malgaches réagissent», indique une source au ministère des Affaires étrangères.

Complicité

Entre-temps, à Madagascar, l’affaire prend de l’ampleur. Tfiry Razafimandimpy, conseiller technique du Bureau indépendant anticorruption (BIANCO), l’équivalent malgache de l’Independent Commission against Corruption (ICAC), monte au créneau : «Nous n’avons aucun lien avec le ministère de la Justice. Nous sommes indépendants. Nous avons traité le dossier et nous l’avons envoyé aux tribunaux. Le tribunal anticorruption a décidé d’émettre un mandat d’arrêt.»

Or, à présent que Claudine Razaimamonjy est à Maurice, le BIANCO ne peut plus agir. «Nous nous sommes dessaisis de l’affaire. Une fois un dossier envoyé au tribunal, nous n’avons plus le pouvoir d’agir. La justice prend la relève et c’est aux tribunaux ou au ministère de la Justice de faire une demande aux autorités mauriciennes », précise le conseiller, qui s’étonne que Claudine Razaimamonjy ait pu quitter le territoire malgache.

Pour le conseiller, il ne fait pas de doute qu’il y a eu complicité des autorités pour lui laisser le champ libre. Le ministère de la Justice malgache ou le procureur de la République malgache, ditil, sont responsables de son retour à Madagascar afin qu’elle soit à nouveau placée en détention.

«Sinon, il ne s’agit plus d’évacuation sanitaire mais d’évasion vers Maurice. Si c’est le cas, il y aura eu corruption pour l’organisation de son évasion et nous ouvrirons un nouveau dossier sur Claudine Razaimamonjy. Mais nous n’en sommes pas encore là.»

Arrivée à Maurice dimanche, la conseillère du président a un visa médical de deux semaines. Les soupçons de complicité sont d’autant plus persistants que la suspecte était accompagnée d’un agent pénitentiaire lors de son déplacement à Maurice. «Le ministère de la Justice doit contacter les autorités mauriciennes afin qu’elle revienne ici», martèle Tfiry Razafimandimpy.

Nous avons essayé de contacté le ministre de la Justice malgache. En vain.

 

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