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Son nom évoqué au Parlement: Qui est Belinda Verloppe?

16 avril 2017, 13:00

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Son nom évoqué au Parlement: Qui est Belinda Verloppe?

Le cas de cette femme a été brièvement évoqué au Parlement lors de la «Private Notice Question» (PNQ) sur la pauvreté, mardi 11 avril. «Madame Verloppe a reçu une lettre de la National Empowerment Foundation (NEF) pour récupérer un chèque de Rs 25 000…» a déclaré Xavier Duval avant d’être interrompu par la Speaker. Nous sommes allés à la rencontre de Belinda Verloppe.

Elle habite à Dilo-Pourri, à l’extrémité du village du Morne. Belinda Verloppe, 36 ans, est séparée de son mari depuis deux ans. Sa fille et elle partagent une petite maison en tôle composée d’une chambre, d’un petit salon et d’une cuisine rudimentaire où s’entassent quelques denrées. Il y fait sombre, mais hors de question d’allumer les lumières en pleine journée. Qu’importe, les yeux s’y adaptent au bout d’un moment.

C’est dans un éclat de rire que Belinda Verloppe raconte comment son nom a «atterri» dans la PNQ du leader de l’opposition. «J’ai parlé de mon problème à une conseillère du conseil de district. C’est sans doute elle qui a fait remonter l’information.» Le mois dernier, Belinda Verloppe a reçu un courrier de la NEF lui annonçant que sa fille, qui vient d’obtenir son School Certificate, était éligible  à une aide de Rs 25000 sous le School Premium Scheme.

Ce nouveau subside visant à récompenser les étudiants défavorisés pour leurs résultats scolaires a été lancé, le 30 mars, par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et le ministre de l’Intégration sociale, Alain Wong. Belinda Verloppe et sa fille se sont mises sur leur trente et un pour se rendre à la Government House. Mère et fille étaient ravies et fières. La jeune fille en était à sa deuxième tentative après un premier essai peu concluant, car à l’époque, ses parents étaient en instance de divorce.

Toutefois, une fois à l’Hôtel du gouvernement, elles ont vite déchanté. Une préposée du ministère de l’Intégration sociale leur a appris que la lettre qu’elles ont reçue leur a été envoyée par erreur. «En plus, elle nous a dit ça devant tout le monde. C’était gênant ! Tous les autres invités se sont tournés vers nous», s’indigne Belinda, expliquant comment elles ont dû quitter les lieux sur le champ. «Mais avant, la préposée nous a dit que ce n’était pas grave car on a pu visiter le Parlement, ce qui n’est pas donné à tout le monde», ricane-t-elle.

Le 13 avril, Belinda Verloppe a reçu un autre courrier du ministère lui confirmant qu’elle n’est effectivement pas éligible aux Rs 25000. Une question, toutefois, continue de la tarauder. Pourquoi a-t-elle été convoquée ? Cette promesse, raconte-t-elle, a représenté un fol espoir pour elle. «Je peux comprendre que ma fille n’ait pas droit à cette récompense, mais le ministère n’aurait pas dû commettre une telle erreur.» Cet impair, fait-elle du reste remarquer, lui a valu une journée de travail de perdue, un long et inutile trajet en bus. Et une déception. «Ce n’est pas grave. Nous n’avons pas demandé cet argent. Cela allait certes nous soulager, mais nous allons faire sans.»

L’erreur du ministère n’a rien changé à la vie de Belinda Verloppe. Elle rit toujours à gorge déployée. Et affirme que sa fille poursuit sa scolarité sans problème. «Nous recevons tout de même une aide pour les dépenses scolaires», tient-elle à préciser. L’adolescente est actuellement en Grade 8 et a l’intention de finir sa scolarité. Avec ou sans coup de pouce...

Aide ciblée

Le School Premium Scheme a été mis en place par le ministère de l’Intégration sociale pour aider les collégiens qui ont obtenu le School Certificate et le Higher School Certificate. Cette aide vise à les encourager à poursuivre leurs études ou à lancer une entreprise. Pour en bénéficier, la famille doit être inscrite au Social Register of Mauritius et les collégiens doivent avoir réussi aux examens, même si le terme «réussite» n’est pas explicitement défini.

La vie à Dilo-Pourri

Le nom de l’endroit pourrait être une indication des conditions de vie de ses habitants. Dilo-Pourri est une agglomération d’habitations en tôle qui se trouve à l’extrémité du village du Morne. Par temps pluvieux, il n’est pas rare que les villageois se retrouvent sous les eaux. Leur quotidien est rythmé par les horaires de distribution du précieux liquide qui leur permet de subsister. Mais il règne aussi dans cette localité une incroyable joie de vivre. Belinda Verloppe, ainsi que toute sa famille, est l’une des résidentes. Jardinière, elle touche un salaire mensuel de Rs 5 000. Une somme avec laquelle elle fait bouillir la marmite. Ce qui n’est pas toujours du gâteau. «Déjà, le pain est à Rs 8. Je dois en acheter tous les jours pour ma fille.» Et pour elle? «Inn bizin pran labitid pa manzé dan gramatin», répond-elle sans se départir de son rire sonore. Outre le pain, Belinda doit aussi acheter les aliments de base. Elle y laisse en moyenne Rs 2 500 par mois. «Apré, pou lalimier, mo tras-trasé.»

Elle a aussi l’avantage d’avoir un frère pêcheur. De temps à autre, il lui ramène «enn ti kari», ce qui lui fait économiser quelques dizaines de roupies. Une aide bienvenue d’autant plus qu’une partie de son salaire sert aussi aux dépenses scolaires de sa fille. Et dans les cas d’extrême urgence, il y a toujours sa famille pour lui venir en aide…

 

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