Publicité

pARTage : saisons des migrations

18 avril 2017, 02:16

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

pARTage :  saisons des migrations

Pendant deux semaines, 30 artistes en résidence artistique, organisée par l’association pARTage, se sont plongés dans le thème, «Migrations, identités et appartenances».

Un passeport : sésame tant convoité par tant de citoyens. C’est munie du sien qu’Alix Le Juge nous invite au voyage. C’est son existence qu’elle fait défiler – qu’elle résume aussi – au fil de ses passeports aujourd’hui expirés.

Une course de migrants, qui finit dans un bain  de sang, au milieu des barbelés. Œuvre de Robert Allen Nigel des Seychelles.

Une manière de nous rappeler que notre séjour sur terre a une date de péremption. Au sérieux des feuilles du document officiel, Alix Le Juge superpose l’éphémère des feuilles des arbres. Des feuilles vitales au voyage de l’arbre sur terre, et qui, à chaque saison, se renouvelle.

Cette allégorie fait partie des œuvres créées durant les deux semaines de résidence organisées par l’association pARTage. L’exposition est visible à l’Institut Français à RoseHill jusqu’au 29 avril prochain. Cette année, cette résidence internationale a pour thème, «Migrations, identités et appartenances».

Une course de migrants, qui finit dans un bain  de sang, au milieu des barbelés. Œuvre de Robert Allen Nigel des Seychelles.

C’est au centre de jeunesse de Flic-en-Flac que les plasticiens d’horizons divers (15 de Maurice, 15 de l’étranger, dont de la Corée du Sud, de la Zambie entre autres) se sont confrontés à leur propre univers et à celui de leurs confrères. En plus de débattre de l’épineuse question de l’immigration, les plasticiens ont aussi eu droit à une immersion dans l’histoire mauricienne. Avec visite de l’Aapravasi Ghat et ascension du Morne à la clé. «Le Canadien Yann Pocreau, par exemple est allé voir Tristan Bréville au musée de la photographie.»

Son œuvre - une série de photos – établit un dialogue entre un cliché d’un travailleur engagé (une femme), dont on ne voit que les yeux, une reproduction d’un daguerréotype, une photo en partie brûlée.  

Les créations ne sont pas uniquement dans la galerie de l’IFM. Elles habillent tout le rez-de-chaussée. La pirogue de Krishna Luchoomun, responsable de l’association pARTage, est calée entre les fauteuils de l’amphithéâtre. «Elle va s’échouer, tout autour il y a des spectateurs qui assistent au drame», explique-t-il. «Dans le monde, il y a des tas de problèmes liés à l’immigration, pourtant, il y a encore beaucoup de personnes qui ne se sentent pas concernées par cela. Le monde s’est construit avec des immigrés.» Sa pirogue, Krishna Luchoomun l’a conçue avec un sac de voyage appelé le «sac de l’immigré», un symbole de ces voyages dans  la précarité.

Des racines de sang sortent d’une valise défoncée.

La prochaine résidence artistique de pARTage aura-t-elle bien lieu l’an prochain ? «Je me suis vraiment battu pour obtenir des soutiens. Nous en avons eu assez peu. Trois artistes n’ont pu faire le déplacement. C’est décourageant. Souvent, les grandes entreprises n’accusent même pas réception de notre demande», affirme Krishna Luchoomun.

Selon lui, le ministère des Arts et de la culture n’a pas de plan d’aide pour ce type d’initiative. «Nous verrons bien si d’ici l’année prochaine, le Status of Arts Bill sera voté avec une structure pour soutenir des actions comme celles de pARTage. Comment se fait-il que les associations socioculturelles obtiennent des subventions et pas les associations d’artistes ? Tous les ans, j’envoie des propositions budgétaires au ministère des Arts et de la culture. Je ne l’ai pas fait cette fois. Je suis fatigué».