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Soodhun: «Un billet de vente équivaut à un reçu»
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Soodhun: «Un billet de vente équivaut à un reçu»
Pour Showkutally Soodhun l’affaire de sa Mercedes E250 s’arrête là. Il y a un billet de vente signé par Iframac, le vendeur, et lui-même l’acheteur (ci-contre). Ce billet de vente signé le 28 décembre 2010 (ndlr Soodhun était alors ministre du gouvernement de Ramgoolam) et enregistré à la National Transport Authority deux jours plus tard stipule en effet qu’Iframac lui a vendu le véhicule pour Rs 1 739 557. Le ministre nous remet volontiers une copie du document. «Mais cela veut-il dire que vous avez payé ?»
«Bien sûr !» répond-il en nous montrant une copie d’un chèque. On tend la main pour qu’il nous la remette. Mais Showkutally Soodhun nous fait signe de regarder de loin. «Mon banquier m’a dit de ne pas vous le donner». Il faut donc regarder de loin. Iframac Ltd est le bénéficiaire et le montant Rs 1,5 million (sujet à un défaut de lecture de notre part). Tenant bien en main la copie du chèque, Showkutally Soodhun se met à dicter le numéro du chèque. «Notez et allez vérifier : 5 6 5 2… ! Vous voulez le numéro de compte, le voici. 0 0 2 8 3…»
Les documents qui, selon Showkutally Soodhun, prouvent que GBrent et lui ont bien payé pour leurs voitures.
«Donc vous voyez, j’ai bel et bien payé. GBrent (NdlR, la compagnie de son fils qui a acheté une Mitsubishi ASX en juin 2011 de la même Iframac) a aussi payé. Voici son billet de vente. (Il nous remet une copie du document).» Autre feuille qu’il nous montre : un Gage Certificate qui démontre que Gbrent Ltd a vendu la voiture en juillet 2016 au directeur de la compagnie, en l’occurrence, le fils de Showkutally Soodhun lui-même et que le véhicule ne souffre d’aucun «gage sans déplacement».
«S’il y a les billets de vente et qu’il n’y a pas de gage sur les véhicules, cela prouve que j’ai payé.» Pas le temps de lui poser d’autres questions. Le nº 4 du gouvernement a un emploi du temps chargé. Il doit se rendre à la réunion du comité parlementaire (NdlR, qui se tient tous les lundis après-midi).
Faveurs d’Iframac ?
L’explication de Showkutally Soodhun tient-elle la route ? Nous avons exposé la situation à plusieurs professionnels engagés dans le business de la vente de voitures. Tous sont unanimes. «Cela dépend de la formulation. Si le document stipule clairement ‘and received with thanks the sum of..’, alors oui c’est un reçu. Sinon, c’est difficile de faire passer cela pour un reçu.»
Mais pourquoi Iframac signerait-elle un billet de vente sans avoir été payé ? «Cela se fait avec des clients privilégiés», expliquent nos interlocuteurs. «Ou cela peut dépendre d’un accord commercial. Par exemple, si un acheteur a recours à une compagnie de Leasing, celle-ci qui a, de nombreuses fois, fait affaire avec le concessionnaire obtient la signature d’un billet de vente pour la livraison rapide du véhicule en attendant que le contrat entre la compagnie de Leasing et le client ne soit signé. Ce qui, administrativement, va déclencher le paiement.»
Entre-temps, Yacoob Ramtoola nous a adressé un courriel, samedi. L’administrateur explique qu’il n’y aucun «pending invoice relating to MSM». Au-delà de notre réponse concernant cette voiture du MSM (voir plus loin), nous lui avons aussi demandé de préciser si c’est aussi le cas concernant GBrent et de Showkutally Soodhun. Nous attendons toujours sa réponse.
Enfin, ces documents que Showkutally Soodhun nous a remis démontre que le véhicule initialement «invoiced» à Rs 2,1 millions ne lui a été vendu qu’à Rs 1,7 million (s’il a effectivement payé).
Rappelons que le fond de toute cette affaire repose sur des recoupements de l’express. Il n’y a, chez Iframac, aucune trace de paiement pour ces voitures.
Soodhun se dédouane pour l’Outlander qui véhicule le couple Jugnauth
<p>Bien qu’il ait juré <em>«sur la tête de [sa] mère avoir aussi vu le billet de vente pour la Mitsubishi Outlander»</em> qui véhiculait Pravind et Kobita Jugnauth, le 25 mai dernier, Showkutally Soodhun a refusé d’aller <em>«on record»</em> sur ce sujet. Je ne me prononcerai pas, nous a-t-il tout simplement dit, lundi. </p>
<p>Par contre, BDO nous a adressé un e-mail pour préciser que dans ses archives, il n’y a aucun <em>«outstanding invoice» c</em>oncernant le MSM. Ce qui est tout à fait logique puisque le MSM n’étant pas une entité légale (n’étant pas une compagnie) ne peut avoir une voiture à son nom. Bien que le invoice initial de Rs 3,2 millions, publié dans <em>l’express-samedi </em>était au nom du MSM, la Mitsubishi Outlander a donc dû avoir été enregistrée à un autre nom. Qui donc ? L’enquête de l’express est loin d’être terminée.</p>
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