Une femme brillante et qui ne voit pas la nécessité d’étaler son savoir, c’est tout Lista Sarika Subdhan, directrice d’ADS Consulting, qui a démarré ses activités en janvier. Cette Vacoassienne a une riche et solide expérience dans le domaine de la finance et du conseil en investissement. Elle est la fille d’un instituteur qui a terminé sa carrière comme maître d’école et d’une fonctionnaire qui a passé de longues années à la Mauritius Family Planning Welfare Association. «Ce qui explique que je sois enfant unique», déclare-t-elle en riant.

C’est au couvent de Lorette de Quatre-Bornes qu’elle étudie autant les matières classiques que scientifiques et, en parallèle, elle passe tous les examens de l’Alliance française. «La chance que j’ai eue, c’est que mon père n’a jamais comparé mes résultats trimestriels avec ceux des autres enfants de mon âge. Il me répétait simplement – et j’en ai d’ailleurs fait ma philosophie de vie – de donner mon maximum afin qu’un jour je n’aie pas de regrets. Et c’est ce que je fais et, jusqu’à présent, cela m’a réussi.»

Lista Sarika Subdhan estime que c’est parce que son père a aidé les enfants dans le besoin gratuitement qu’elle remporte un concours de la Mauritius Commercial Bank qui finance alors tous ses frais d’examens de Form VI. Lorsque ses résultats de Higher School Certificate tombent, elle est première après deux lauréates qui sont ex aequo. Au même moment, elle obtient le prix de supériorité de l’Alliance française et peut aspirer à une bourse française à condition de réussir l’entretien oral.

Elle ne regrette pas de n’avoir pas eu la bourse d’Angleterre. «Une des deux lauréates était issue d’une famille très nombreuse et sans bourse, elle n’aurait pas pu aller étudier à l’étranger. Ensuite, j’ai eu la bourse française et j’ai pu obtenir cinq ans d’études payées.»

Elle fait ses deux premières années de Diplôme d’études universitaires générales (DEUG) en économie à La Réunion. Ce qui lui permet de revenir mensuellement à Maurice. Après le DEUG, cap sur l’université de Montpellier où elle entame et complète une licence, suivie d’une maîtrise en économie monétaire et financière. Elle sort major de sa promotion.

Une chose la tarabuste. Elle se demande pourquoi les étudiants boursiers qui échouent ont une extension de bourse pour refaire leur année alors qu’un boursier qui réussit ne peut avoir sa dernière année d’études payée.

Lista Sarika Subdhan, qui n’a pas froid aux yeux, appelle le ministère de l’Éducation nationale en France et fait entendre raison au cadre qui lui parle. À sa grande surprise, elle obtient une extension de bourse d’un an qui lui permet, après avoir passé le concours d’entrée de rigueur, d’étudier pour obtenir son diplôme d’études supérieures spécialisées au Centre d’économie et de techniques de financement à l’université d’Aix-Marseille III, qui à l’époque est la seconde meilleure institution de formation financière.

Elle rentre au pays en 1993. Le ministère des Ressources humaines la recrute car cette instance cherche des experts pour établir un Observatoire de l’emploi et guider les élèves dans leurs choix de carrière. L’avantage de cet emploi : il lui permet de se faire connaître et apprécier des personnalités du secteur financier.

Lorsque la Mauritius Offshore Business Activities Authority (MOBAA) est mise sur pied, elle postule et est recrutée comme Assistant Manager. Elle travaille sous la houlette d’Iqbal Rajahbalee et apprend beaucoup de lui. La MOBAA se scinde en deux dans les années 2000. Elle choisit de rester auprès de la Financial Services Commission car elle a appris à aimer la réglementation et la mise en conformité.

Elle postule pour le poste de Executive et passe les entretiens même si elle est déjà dans la boîte. Elle obtient le poste et devient peu après le Head of Surveillance Global Business. Elle cumule aussi la fonction de Coordinator for Global Business Sector et participe aux projets de développement du secteur. Une des particularités de Lista Sarika Subdhan est que lorsqu’elle a mis une structure en place, elle s’ennuie.

En 2009, elle est recrutée comme Managing Director par une société suisse qui fait du conseil en investissement. Elle met sur pied leurs bureaux, recrute le personnel, les traders. Ils conseillent pour une dizaine de fonds d’investissements et une cinquantaine de Global Business Companies.

Sur les encouragements de son mari, Sudhir, conseiller technique au ministère de la Santé, elle entame un Masters in Business Administration en Financial management auprès de l’université de Maurice. Les professeurs sont si impressionnés par sa dissertation qui porte sur le Corporate Governance qu’ils lui demandent d’enseigner un module sur le sujet et de partager ses connaissances sur l’éthique et sur la responsabilité sociale des entreprises. C’est ce qu’elle fait toujours pendant trois heures le samedi.

Au bout de six ans, Lista Sarika Subdhan sent qu’elle a tout fait au sein de la compagnie suisse et veut passer à autre chose. C’est ainsi qu’elle atterrit à ADS Consulting. «Je fais tout ce qui me passionne. Mon rôle est de conseiller en matière de mise en conformité, de réglementations financières, de ressources humaines, de contrats d’emploi. J’offre ce service à l’industrie, à des Management Companies, à ceux qui cherchent une licence spéciale, comme le Banking Licence. C’est passionnant et ce qui me plaît le plus, c’est le contact humain.»

L’idée de la conférence de janvier était justement de faire connaître ADS Consulting et toute la panoplie de services que cette société offre. Lista Sarika Subdhan estime que Maurice ne doit plus se fier aux traités qui lui donnent des avantages fiscaux, mais se développer en centre financier moderne. Elle est optimiste. «Les Mauriciens ont la capacité de se réinventer et de renaître de leurs cendres. Il en va de même pour moi.» Bon à savoir…