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Mœurs: les sadiques désertent les touffes
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Mœurs: les sadiques désertent les touffes
Ont-ils disparu comme le dodo? Les «sadiques» sont-ils on the verge of extinction ? Non. S’ils ne sont plus aussi nombreux à se balader dans les buissons, les ruelles, du côté des collèges pour filles ou dans le bus, notamment, c’est parce que les disciples d’Adam – version pervers – ont trouvé d’autres jungles et paradis à explorer.
Ils tissent désormais leur toile sur Internet, lâche l’inspecteur Shiva Coothen. Ceux qui sont arrêtés pour Gross indecent act, dont les exhibitionnistes, les obsédés et autres taureaux en rut sont de moins en moins nombreux, même si les chiffres font le va-et-vient depuis une dizaine d’années. «Ils font leurs petites affaires sur le web. Le champ d’action est plus vaste et les risques de se faire attraper sont moindres.»
Le web, justement, est une belle fenêtre ouverte et un gros trou de serrure pour les sadiques. C’est ce qu’indique le sergent Nasseeruddin Bulladin de la Cybercrime Unit. «Chaque semaine, nous recevons 10 à 15 requêtes concernant des sex cams. Les gens veulent que les vidéos soient enlevées. De concert avec le National Computer Board, nous faisons le nécessaire pour essuyer les traces.»
Qu’en est-il des exhibitionnistes réels qui utilisent le virtuel ? «En ce qui concerne les plaintes officielles, nous en recevons uniquement deux ou trois par mois, vu que c’est un sujet sensible.» Mais la Toile est effectivement un boulodrome que privilégient les amateurs d’exposition de parties intimes. En fait, la mode, de nos jours, surtout avec l’apparition des réseaux sociaux, a quelque peu changé. «Aster, sé bann madam pi piez bann garson. Fer zot fer striptiz apré fer santaz.»
Autre lieu, même constat. À la gare de Rose-Hill, on tombe sur Dieu. «Mo non gaté sa, bann dimounn kriyé mwa koumsa parski mo kontan pran nom lé ségner.» Cela fait 33 ans que Dieu, Coolen Arnachellum de son vrai nom, exerce le métier de receveur. Et, il en a vu des vertes et des pas mûres, voire des flétries.
«Lontan ti éna boukou sa bann sadik-la. Aster népli tro trouv zot.» Ont-ils peur des caméras installées dans les bus ou dans les gares ? Cette mesure dissuasive y est pour quelque chose, selon Dieu. «Mé zot per kontroler aster. Mwa, banla get mo moustass mem zot sové. Mo bat kalot tou kan bizin.» Combien en voit-il par jour ? Trois ou quatre par mois contre cinq ou six par jour, il y a une décennie.
Évolution des mœurs
Des propos corroborés par Mala, vendeuse de string. Cela fait une dizaine d’années que la femme de 42 ans travaille du côté d’Arab Town. Pour elle, c’est l’évolution des mœurs qui est responsable de la «disparition» des sadiques. «Bann madam pou ankoler ek mwa. Mé népli éna respektabilité aster. Sadik gagn lavi fasil, zot pa bizin lasass ou bien atann dan kwin lari pour gagn séki bizin.» Et de descendre en flèche les robes trop courtes et les shorts trop short.
Direction ensuite un collège pour filles, sis à Quatre-Bornes. Autour duquel les sadiques tournaient comme des abeilles surexcitées autour d’une fleur. Cela fait 33 ans que Jean-Pierre y travaille comme jardinier. «Népli trouvé koumma avan, mé touzour éna li. Avan, zot ti lor bisyklet ou bien lor moto. Aster, zot dan loto. Nek sorti enn kout brit, montré bann tifi-la.» Pour lui, c’est l’urbanisation qui est en partie responsable de la chute dans le nombre de sadiques visibles dans la nature. «Zot népli éna boukou landrwa pou kasiet.» Et d’ajouter : «Aster, sé voler ki ou trouv pli boukou ki perver.»
Daphné, elle, en voit «peu», mais encore trop souvent. «Il y en a deux qui viennent rôder ici, souligne l’étudiante, qui est en Lower VI. Les profs appellent les policiers, mais le temps qu’ils arrivent, ils ont pris la poudre d’escampette.»
Sinon, quel est le profil type d’un sadique ? Possède-t-il des signes distinctifs à part une braguette ouverte ? Pas spécialement, déclare Priscilla, qui a eu affaire plusieurs fois aux exhibitionnistes et aux mains baladeuses. «Il peut aussi bien être en chemise et cravate qu’en haillons. Certains ont une lueur bizarre dans les yeux et une expression particulière sur le visage, mais il ne faut pas se fier aux apparences.»
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