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Balade dans un champ de cannabis
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Balade dans un champ de cannabis
La culture de cannabis, c’est tout un art vous diront certains. Celui de ne pas se faire prendre dans les filets de la police, surtout. Pourtant, de nombreuses personnes n’hésitent à braver la loi – certains par conviction religieuse, comme la communauté rastafari, d’autres pour l’attrait de l’argent.
Quelque part, au milieu des bois. Dans une clairière, où le gandia est cultivé sur une superficie d’une dizaine de mètres carrés. Rico, planteur depuis quelques années, nous explique qu’il y a là, bien cachés, quelque 150 plants, mesurant jusqu’à 1m70 de haut.
Autour de nous, le parfum caractéristique. Des effluves qui peuvent s’accrocher aux vêtements même après que l’on ait quitté les lieux.
Rico explique le b.a.-ba de la cannabiculture. Levant le voile sur le temps de germination des graines, sur la taille que doivent atteindre les pousses avant d’être repiquées en pleine terre ou dans des pots plus spacieux, nous invitant à regarder de plus près les longues et larges feuilles aux extrémités dentelées.
Mais il a dû en franchir des étapes, avant d’en arriver là. D’abord, pour trouver un emplacement à l’abri des regards curieux. C’est en effet une des premières tâches des cultivateurs, dit-il, en soulignant que la répression policière n’est pas le seul obstacle. La riposte des réseaux mafieux s’intensifie, tandis que les petites cultures fleurissent de plus en plus à travers l’île et nourrissent de nouveaux trafics.
L’affaire nécessite, évidemment, de multiples précautions : «Il faut d’abord choisir un endroit hors des sentiers et, si possible, dans une petite clairière masquée par des buissons.» Sur place, Rico prend soin de dissimuler de jeunes pousses, qu’il laisse dans des pots. «Le problème, c’est l’arrosage, obligatoirement régulier et la lutte contre les insectes.»
Il va plus loin dans la confidence. Indique que certains cultivent un ou deux arpents de cannabis. Mais s’interroge sur les moyens de ne pas attirer l’attention. «Avant, nous pouvions les laisser pousser jusqu’à 3 mètres de haut, mais ce n’est pas possible dorénavant à cause des patrouilles en hélicoptère qui se font dans tous les coins et recoins de l’île.»
Le moment de récolter est celui qu’il attend avec impatience. Alors, il mesure, compare, palpe. Et fait attention aux couleurs…
Puis, il fera sécher les feuilles. La température, l’humidité de l’air ? Ce ne sont pas de vains mots. Puis, il se livrera à son petit commerce. Un poulia de gandia peut se vendre à Rs 200. «Présumons que 100 000 personnes fument du gandia. Nous pouvons récolter pour Rs 30 millions par jour, soit Rs 9 milliards par mois», lance-t-il.
Oui, mais la police veille… au grain.
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