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Ajay Gunness: «Le policier chargé de mon enquête a reconnu qu’il avait reçu des ordres…»

23 avril 2017, 21:15

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Ajay Gunness: «Le policier chargé de mon enquête a reconnu qu’il avait reçu des ordres…»

Poursuivi pour entrave au travail de la police, le secrétaire général du MMM dénonce une affaire «montée de toutes pièces». Ou comment une simple fête de famille peut virer au cauchemar après l’alcootest compromettant d’un beau-frère imprudent.

Ajay «Guinness», c’est votre nouveau surnom sur les réseaux sociaux. Saoulant ?

(Rire sonore) Naaan, ça ne me dérange pas mais j’aurais préféré (son sourire s’élargit du bon mot à venir) Gunness Book of Records. J’ai quand même réussi à exfiltrer mon beau-frère d’une cellule, il faut le faire. J’ai même semé la police en étant à pied, fodé mo Superman !

Sérieusement, que s’est-il passé cette nuit-là (NdlR, le 15 avril) ?

J’étais à une fête de famille à Flic-en-Flac, chez ma fille. Vers 23 h 45, ma sœur, son époux et ma maman s’en vont. Cinq minutes après leur départ, ma sœur me téléphone pour me dire que mon beau-frère a été contrôlé positif à l’alcootest. Ils sont au poste de police, je pars les rejoindre…

Aussi saoul que le beau-frère ?

Eoula ! Je me suis fait déposer par mon gendre. Quand j’arrive au poste, ma mère et ma sœur sont là mais je ne vois pas mon beau-frère. Il est à l’arrière, en dégrisement. Les policiers vont chercher ses clés et laissent partir ma mère et ma sœur. Pour mon beau-frère, ils me disent de patienter un peu le temps de régler la paperasserie. Effectivement, 15 minutes plus tard il est libre. «C’est bon, vous pouvez y allez», nous dit l’officier et on retourne chez ma fille. À pied, donc.

C’est tout ?

Bah oui ! Vous vous attendiez à quoi ? La charge provisoire (NdlR, «obstructing police officer») qu’ils m’ont collée est une mascarade de justice. Je serais passé derrière le comptoir, j’aurais emmené de force mon beau-frère, franchement… Même si c’était vrai, vous croyez que la police n’aurait pas bougé ? Sachant qu’on a marché un bon quart d’heure jusque chez ma fille, ce n’était pas très compliqué de nous «ramasser».

Reste qu’une entrée a été faite dans le registre de la police…

À 3 heures du matin, soit trois heures après les faits. Je me demande ce qui a bien pu se passer dans l’intervalle…

D’après vous ?

Cette affaire est montée de toutes pièces dans le but de me nuire. Le lendemain, j’ai passé la journée à Flic-en-Flac mais aucun policier n’est passé. Lundi, pas de nouvelles non plus. C’est moi qui suis allé les voir mardi, après avoir entendu Pravind Jugnauth déblatérer sur mon compte au Parlement : «Ajay Gunness pé protez soular.» Là, j’ai compris que le piège était en train de se refermer et j’ai pris les devants.

C’est-à-dire ?

J’ai voulu faire un statement mais il fallait attendre. La raison qu’on m’a donnée, c’est que l’enquête a été confiée à un surintendant envoyé dépi lao. À la fin du statement, ce pauvre surintendant prend mon avocat à part et lui dit : «Sorry mé nou pou bizin met sarz, nou gagn direktiv.» Cette police est à l’image du Premier ministre : manipulable et déficiente.

Passons à autre chose. Après deux années blanches, le MMM renoue avec son meeting du 1er-Mai. Ça vous manquait d’aller brailler ?

Ce n’est pas ça. En 2015 et en 2016, nous avons mené un travail de réflexion. Ce travail est terminé, nous avons une nouvelle constitution validée par les instances du parti. La seconde raison est d’utilité publique : ce gouvernement fait tellement de tort au pays qu’il est de notre devoir de mobiliser les militants. Puisqu’ils n’ont pas pu manifester à Port-Louis contre le deal papa-piti, ils auront l’occasion de le faire à Rose-Hill.

Trois mois après le deal, vous n’avez pas l’impression d’avoir loupé un train ?

Il n’est jamais trop tard pour dénoncer un faux démocrate passé par l’imposte. Al aprann ar Theresa May, do ! (NdlR, Celle que Pravind Jugnauth citait en exemple pour justifier son accession au pouvoir sans passer par les urnes vient d’annoncer des élections anticipées). Biscuits, drogue, Sobrinho, Sumputh, Sanspeur ; en moins de 100 jours, Pravind Jugnauth a montré toute l’étendue de son laxisme. Son équipe, c’est «Ramassis United». Enn soutirer de première. Enn (on coupe)…

Quand vous aurez terminé votre meeting, faites-le moi savoir, on reprendra l’interview.

(L’air penaud) Allez-y…

Si ce deal était si scandaleux, pourquoi n’étiez-vous pas dans la rue pour le dénoncer ?

Manifester aux côtés de Ramgoolam et Duval? Impossible.

Un pays dont l’opposition est à ce point divisée peut-il réussir ?

Je ne suis pas d’accord (on coupe)…

Qu’est-ce que le MMM a en commun avec le PMSD ?

Absolument rien. Xavier-Luc Duval finn part of the crime de ce gouvernement et du précédent.

Avec le Parti travailliste, vous avez des points communs ?

Avec celui de Navin Ramgoolam, aucun. Avec celui de 1936, plein.

Avec le Reform Party ?

Ce n’est pas un parti, c’est le joujou d’un fou furieux.

Avec le Mouvement patriotique ?

Là, c’est différent. Avec le MP, c’est sentimental, Ganoo a des réflexes militants.

Suffisant pour fédérer une opposition digne de ce nom ?

L’opposition n’a pas besoin d’être unie, il suffit de s’entendre sur des sujets précis. Exemple, la pétition contre la présidente de la République. Nous sommes tombés d’accord sur le fait que Madame Gurib-Fakim a déshonoré l’institution qui lui a été confiée.

C’est ce que vous pensez aussi ?

Complétement. Cette dame a commis une faute grave en devenant la secrétaire personnel d’un banquier angolais sur lequel pèsent de lourds soupçons. Ce n’est pas son rôle et cela la disqualifie. S’il lui reste un minimum de dignité, si elle ne veut pas finir dans le déshonneur, elle ferait mieux de partir.

En parlant d’honneur à défendre, qu’avez-vous de la prestation de madame Soornack ?

J’ai suivi ça de loin. Ce qui m’a marqué, c’est le nombre de Mauriciens que cette dame a capté : 250 000 rien que sur le Net, un bon quart de de la population adulte. Les gens n’ont rien de mieux à faire que de se planter deux heures devant le «Soornack show» ; ça interpelle. En même temps, les médias en ont fait une telle star. On a les stars que l’on mérite, n’est-ce pas?