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Témoignage : Éborgné, il est incapable d’oublier son agression
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Témoignage : Éborgné, il est incapable d’oublier son agression
C’est en 2009 que sa vie a basculé. Après une dispute avec son ex-concubine, Endy Godin est passé à tabac par les proches de cette dernière. Éborgné, il est aujourd’hui révolté par le sort réservé à l’un de ses agresseurs.
Agressé il y a huit ans, il a été éborgné et a pratiquement perdu l’usage de son bras gauche. Cet habitant de Plaine-Magnien s’attendait que son agresseur, Noël Mareeo Para, écope d’une longue peine d'emprisonnement. Mais ce n’était qu’un vœu pieux : le verdict est tombé la semaine dernière. Le coupable a écopé de trois mois de prison. «Mo ti pansé li pou gagn enn penn anviron 8 ans. Pourtant linn aksepté li coupab.»
Endy Godin, 42 ans, est aujourd’hui animé d’un sentiment de révolte et d’injustice. Entouré de sa partenaire, Dolorès, et de son ami d’enfance, Vikesh, il arrive difficilement à raconter ce qui lui est arrivé sans laisser transparaître sa colère. Ce jour-là, il était allé chercher sa concubine au domicile de cette dernière, après une dispute.
Le frère et l’oncle de son ex, toutefois, avaient pris les choses en main et avaient décidé de lui régler son compte. «Je marchais dans la rue à Plaine-Magnien lorsqu’une voiture s’est arrêtée brusquement à ma hauteur. Parmi les cinq hommes présents, j’ai tout de suite reconnu le frère et l’oncle de mon ex. Les autres, je ne les connaissais pas. Tout s’est passé très vite. Ils se sont mis à me rouer de coups avec des tuyaux en métal et des bouteilles. Ils ne m’ont pas épargné, même si j’étais à bout et couvert de sang.»
Le coup de grâce lui a coûté son œil gauche. Il est par la même occasion délesté de son portefeuille contenant une somme de Rs 7 500, sa chaîne et son portable. Alertés par les cris, les habitants s’empressent de venir à son secours. Il est transporté à l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle. Il subira deux interventions de suite. D’abord à son bras, puis à son œil gauche, au Moka Eye Hospital. Endy n’a plus aucune nouvelle de sa concubine. C’est sa mère qui restera à son chevet.
La plaie infligée à l’œil est trop grave : il en perd l’usage. Cependant, il doit se remettre au travail, après le va-et-vient incessant à l’hôpital. Peintre carrossier, il réalise qu’il n’est plus en mesure d’exercer sa profession comme par le passé, mais tente petit à petit de reprendre sa vie en main afin de ne pas dépendre uniquement de l’aide sociale qui lui est accordée. S’il regrette de ne pouvoir faire aboutir ses projets «d’avant», il a fait la connaissance de Dolorès, celle qui l’épaule depuis. «Elle est tout le temps à mes côtés. Elle me soutient et m’aide à me reconstruire malgré tout.»
Agresseur sous l'influence de l'alcool
En 2014, il est surpris lorsqu’il apprend que le frère de son ex-concubine a écopé de trois mois de prison. «Je n’étais même pas au courant que l’affaire passait en cour. J’en ai entendu parler à travers des journalistes ce jour-là.» Noël Mareeo Para avait pour sa part été acquitté, tandis qu’un autre agresseur, Arnaud Baboolall, avait été condamné après avoir plaidé coupable. Il avait expliqué à la cour qu’il avait agi sous l’influence de l’alcool et de la colère après avoir vu Endy Godin frapper sa sœur. Il avait présenté ses excuses à la cour.
Indigné par la décision de la cour, la victime a fait appel. «Je me suis renseigné et débrouillé pour écrire une lettre au Directeur des poursuites publiques. Je n’ai reçu aucune réponse et puis, quelque temps après, un avocat est venu me voir. Je ne comprenais pas trop ce qu’il me disait. Il est passé quelquefois, mais il m’a à peine posé des questions sur mon agression,» poursuit-il. «Rien n’a changé. Noël Mareeo Para a admis son crime mais purgera une peine de trois mois. Moi, je suis borgne et je vais en souffrir à vie.»
Il ajoute que la douleur au bras gauche ne faiblit pas et qu’il est toujours suivi à l’hôpital. Des gouttes servant à lubrifier l’œil lui ont en outre été prescrites «pour éviter un véritable calvaire». Certes, l’accusé a dit regretter son geste et s’est excusé à la cour. Mais pour Endy, il est difficile de passer l’éponge. «Ziska mo lamor mo bizin asim sa. Li pa fasil kan ou get ou visaz dan laglas. Enn foto, ou kapav kasiet, mé mwa mo bizin viv ek sa.»
Trois mois de prison pour avoir tabassé sa victime
Il avait un casier judiciaire vierge, mais après avoir été reconnu coupable de coups et blessures entraînant la perte d’un œil, Noël Mareeo Para devra passer trois mois en prison. Il a comparu devant la magistrate Razia Jannoo-Jaunbocus, siégeant en cour intermédiaire, la semaine dernière. «La cour a pris en considération le fait que vous avez plaidé coupable mais ne peut ignorer que les coups et blessures infligés à la victime ont eu des conséquences», devait déclarer la magistrate à l’accusé.
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